Maladie d'Aujeszky

 

Fiche d'identité

Le virus

La maladie d'Aujeszky est provoquée par l'herpèsvirus porcin de type 1 (Suid herpesvirus 1 ou SHV-1), très contagieux. Elle affecte principalement les suidés (porcs domestiques et sangliers). Une fois infectés, les porcs et sangliers deviennent porteurs, excrétant et propageant le virus à vie (réservoir).

Le virus est assez résistant et peut survivre longtemps dans la viande en maturation, dans l'urine, le fumier, le sol... Il subit une inactivation immédiate à partir de 80°C (traitement thermique de la viande et des produits à base de viande).

D'autres espèces peuvent être accidentellement contaminées par le virus : chiens, chats, bovins, moutons, chèvres, lapins, loups, renards, visons. Ces espèces sont des “hôtes cul-de-sac”, elles ne peuvent pas transmettre la maladie, mais celle-ci leur est fatale dans la majorité des cas.

Cette maladie n'est pas transmissible à l'homme, sauf cas tout à fait exceptionnels.

Les signes cliniques

Chez les suidés (sangliers et porcs)

Il s'agit d'une maladie aiguë et fébrile. Le temps d'incubation est de 1 à 8 jours, parfois jusqu'à 3 semaines.

Les symptômes sont très variables en fonction du système atteint (respiratoire, nerveux ou reproducteur) et de l'âge de l'animal (100% de mortalité chez les porcelets de moins de 2 semaines à moins de 2% de mortalité chez les adultes).

Chez les hôtes accidentels (ruminants, carnivores et autres hôtes finaux)

Aujeszky 1.jpgLe temps d'incubation est de quelques jours.

Le virus provoque une infection du système nerveux central (encéphalite), avec développement d'une maladie qualifiée de pseudo-rage tant les symptômes sont intenses, et notamment de fortes démangeaisons (le plus souvent localisées près du site d'entrée du virus - chez le chien : museau, babines, gueule) qui provoquent de graves plaies, allant parfois jusqu'à l'automutilation.

La maladie évolue vers une paralysie du larynx, une hypersalivation et des problèmes respiratoires, et se termine par la mort rapide de l'animal, en 48 à 72 heures. Ces hôtes accidentels ne peuvent pas transmettre le virus.

Contrairement à la rage classique, on n'observe pas de symptômes d'agressivité chez les carnivores, ni la peur de l'eau chez les ruminants. Des rongeurs et des carnivores trouvés morts dans une exploitation de porcs sont souvent le signe avant-coureur d'une infection par l'Aujeszky.  

Chaque année, des cas mortels sont recensés chez des chiens de chasse, notamment en Belgique. Il s'agit de chiens ayant participé à une chasse aux sangliers les jours précédents (contacts, morsures) ou ayant reçu une alimentation à base de sangliers (viande ou abats crus).

Transmission

S'agissant d'un Herpès virus, les suidés infectés (hôtes réservoir) restent porteurs du virus toute leur vie (virus à l'état latent au niveau des voies nerveuses). En conséquence, ils sont infectieux à l'occasion de stress importants qui « réactivent » le virus, comme en périodes de reproduction et de mises-bas.

Le virus se retrouve dans les excrétions des suidés (salive, sécrétions nasales et génitales), mais aussi le lait, les cadavres, les abats et la viande.

Chez les suidés, la contamination se produit :

  • Par voie oronasale, par contact direct (contacts rapprochés entre porcs ou sangliers infectés) ou indirect au travers de nourriture ou d'objets contaminés,
  • Par la semence/sécrétion vaginale infectée
  • Également par voie aérogène.
  • Une transmission transplacentaire et verticale par le lait est également possible.

Chez les autres espèces (ruminants et carnivores), la contamination peut se faire :

  • Lors du contact rapproché avec un sanglier (ou porc infecté), notamment par le biais d'une plaie cutanée lors de bagarre entre chien et sanglier,
  • Par voie alimentaire (carnivores), via la consommation de viande ou d'abats de sanglier contaminé (éventuellement de rats contaminés)
  • Par voie aérogène
  • Par voie indirecte (matériel contaminé).

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© Thierry Petit

Situation

En Belgique

Chez les porcs

La vaccination préventive contre l'Aujeszky a été longtemps obligatoire chez les porcs en Belgique. Depuis début 2009, la vaccination préventive a cessé et elle est interdite depuis le 1er janvier 2011. Aucun cas d'Aujeszky n'est apparu depuis chez les porcs domestiques, et la Belgique a reçu le statut indemne le 05/10/2011.

Pour tous renseignements au sujet du monitoring et des mesures de préventions en exploitations porcines, Vous êtes invités à consulter le site de l'AFSCA . Un renforcement des mesures de biosécurité dans chaque exploitation porcine est également mis en place depuis 2021, dans le cadre d'un plan de lutte général contre la peste porcine africaine (PPA : ). Parmi les mesures prises, des aménagements afin d'éviter tout contact entre les porcs domestiques et les sangliers doivent être mises en place, mais également des mesures afin d'éviter les transmissions via les personnes, le matériel et les rongeurs.

Chez les sangliers

Une convention de recherches établie entre le SPW (DEMNA) et le Service Santé et pathologies de la faune sauvage (Département des Maladies infectieuses et parasitaires de la Faculté de Médecine Vétérinaire de l'Université de Liège) permet, entre autres, de surveiller la situation sanitaire de la faune sauvage en Wallonie. Des prises de sang sont réalisées sur plusieurs centaines de sangliers pendant la saison de chasse.

Les résultats montrent une circulation endémique (présence permanente) du virus dans la population de sangliers en Wallonie : environ 30% des sangliers sont porteurs du virus.

Des différences importantes sont visibles en fonction des tranches d'âge : environ 56% de prévalence chez les adultes, 18% chez les subadultes, et 8% chez les juvéniles.

Dans le monde

La répartition géographique du virus est mondiale, dans tous les pays disposant d'exploitations porcines, avec une prévalence parfois élevée.

Beaucoup de pays européens sont reconnus officiellement indemnes d'Aujeszky au niveau de leurs exploitations porcines, mais le virus circule toujours dans les populations de sangliers.

Actions

Les mesures de prévention sont à prendre principalement au niveau des animaux domestiques.

  • D'une part les mesures de biosécurité doivent être appliquées strictement dans toutes les exploitations porcines.

  • D'autre part la vigilance doit être de mise pour tous les chiens afin de les empêcher d'entrer en contact avec des sangliers ; de plus ils ne doivent pas recevoir de viande ou d'abats crus de sanglier, et pour les chiens de chasse, la vaccination peut être conseillée malgré une protection qui n'atteint pas 100% et des risques d'effets secondaires. Pour plus d'informations ou en cas de doute, consultez votre vétérinaire.

En ce qui concerne les sangliers, la circulation silencieuse du virus est une réalité que l'on ne peut que difficilement contrer.

  • Il est fort probable que la densité de population favorise la circulation du virus et la gestion des populations de sangliers est donc une mesure importante. En Wallonie il y a un plan de gestion sanglier, mais qui est appliqué sur base volontaire uniquement.

  • Idéalement les déchets de venaison ne devraient pas être laissés dans la nature, mais déposés dans des bacs d'équarrissage.

Recommandations

Les mesures de précaution suivantes doivent être prises vis-à-vis des chiens.

  • Toujours tenir son chien en laisse lors de promenades en forêt
  • Limiter au maximum les contacts avec les sangliers et leur carcasse
  • Ne pas leur distribuer de viande ou d'abats crus de sangliers.

Pour les chiens de chasse

Il n'existe pas de vaccin pour les chiens mais il existe un vaccin ciblant les porcs (Autorisation de Mise sur le Marché pour les porcs uniquement). Il est possible en Europe d'utiliser, via le système de la cascade, ce vaccin (AUSKIPRA BK®). Il s'agit d'un vaccin inactivé adjuvé, car les vaccins vivants atténués, de par l'induction possible de la maladie, sont mortels chez le chien. Cependant, son administration n'est pas sans risques d'effets secondaires, et la protection induite n'est pas de 100%. La vaccination est donc essentiellement une décision du vétérinaire et uniquement pour des chiens à risque (chiens de chasse). 

Des mesures de précaution doivent également être respectées par les chasseurs afin qu'ils ne contaminent pas les sites de détention de porcs :

  • aucun contact avec un élevage de porcs pendant 48 à 72 heures après une chasse aux sangliers ;
  • pas d'introduction sur un site de détention de porcs, des vêtements / bottes / matériel / voiture...ayant été utilisés lors de la chasse.

Vis à vis de l'homme

La maladie n'est pas transmissible à l'homme, sauf cas tout à fait exceptionnels.

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