Activités

 

Les activités sont fortement liées à la génétique cyclique des arbres et arbustes et à l’influence des conditions météorologiques. De ce fait toutes les activités sont très saisonnières et très irrégulières au niveau des années.

Le Comptoir essaye chaque année de profiter au maximum de ce que la nature donne et de la capacité des graines au stockage.

Cependant depuis 2016, les conditions climatiques avec des sécheresses importantes, des périodes très pluvieuses, des gelées sévères hors hiver impactent très fortement les floraisons, les fructifications et les dates de récoltes. Il en résulte aussi un bouleversement aléatoire des agendas et de la disponibilité en main d’œuvre au bon moment. Cela se traduit aussi par une diminution de la qualité des graines au niveau germinatif et quantitatif avec des stocks qui sont au plus bas alors que la demande en graines pour la diversification forestière et arbustive augmente. Les pénuries en graines de qualité sont importantes depuis lors et elles devraient perdurer encore quelques années au niveau européen en attente de fructifications massives. Malheureusement pour la Wallonie, de nombreux vergers à graines résineux installés dans les années 80 sur des sols de Famenne ont aussi été décimés par ces conditions climatiques. Ils ne sont plus productifs et cela va engendrer de nouvelles incertitudes sur l’approvisionnement.

Il y a 3 types de graines : les graines orthodoxes, les récalcitrantes et les intermédiaires.

Les premières, orthodoxes, peuvent êtres séchées et conservées au froid, voire à la congélation durant plusieurs années parfois pour plus de 20 ans. Il peut donc y avoir une politique de stock pour ces espèces.

Les deuxièmes, récalcitrantes, ne peuvent pas être congelées et leur teneur en eau doit rester élevée. Il ne peut pas y avoir de politique de stock et elles doivent être commercialisées endéans les quelques mois de la récolte.

Dans les orthodoxes on trouve généralement des petites graines : les résineux sauf les Abies, les bouleaux, l’aulne e.a.

Pour les récalcitrantes, ce sont de grosses graines comme pour les chênes indigènes, le châtaignier, …

Il y a aussi des graines au comportement intermédiaire telles celles du hêtre, de l’érable sycomore e.a. avec une conservation très variable.

La récolte

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Contrairement à la régénération naturelle, où le forestier dépend totalement de ce que la nature lui donne, il régénère aussi la forêt artificiellement. C'est-à-dire la plupart du temps en réalisant directement des plantations de jeunes arbres appelés plants forestiers qui sont élevés dans des pépinières. Mais pour obtenir des jeunes plants, il faut beaucoup de graines.

Le plus important, c'est la nécessité que ces graines soient récoltées suivant des critères de qualités génétiques élevés. Elles donnent ce que l'on appelle une provenance recommandable.

Depuis le début du siècle, au travers de nombreuses expériences comparatives, les chercheurs en foresterie ont montré que les peuplements wallons pour beaucoup d'espèces sont bien adaptés à nos conditions écologiques. Ils montrent également que l'utilisation de graines provenant de ce patrimoine forestier permet de réaliser des gains importants en production de bois, en qualité et en adaptation par rapport à des matériels importés.

Le comptoir forestier de Marche-en-Famenne a donc pour mission principale de récolter un maximum de graines au sein du patrimoine forestier wallon. Ceci doit permettre de garantir, d'améliorer la productivité et la qualité de notre forêt future ; donc de transmettre aux générations suivantes un patrimoine forestier de qualité, diversifié et en bonne santé, apte à remplir des usages variés.

Maintenir voire accroître la diversité génétique est essentielle pour atténuer les effets du changement climatique. C’est pour cette raison que le règlement de contrôle précise qu’il faut récolter sur un nombre minimal de 20 arbres sauf dérogations. Le comptoir essaie toujours de récolter sur un maximum d’arbres en fonction de ce que la nature donne et des moyens budgétaires et humains disponibles.

Avant de passer à la récolte et à la bonne époque, un repérage des beaux arbres porteurs de fruits est nécessaire et il n’est pas toujours aisé vu la hauteur des arbres.

Un agent du Comptoir forestier, muni de puissantes jumelles, observe dans les meilleurs peuplements la cime des plus beaux arbres. Par exemple, comme illustré ci-contre, l'agent a repéré un résineux (Douglas) répondant aux critères de qualités requises et qui porte beaucoup de cônes. Afin d'être certain de le retrouver lors de la récolte, il l'entoure d'un ruban facilement identifiable qui sera repris lors de celle-ci.

Cette opération est répétée par les agents du Comptoir forestier dans différents peuplements sélectionnés. La récolte n'est autorisée que parmi les plus beaux peuplements de la Région wallonne qui sont inscrits dans un registre appelé "Catalogue des matériels de base". Les principales informations concernant ces peuplements sont reprises au sein de la Liste nationale que l’on peut retrouver sur le site de la Commissions Européenne : Forematis.

La récolte se réalise à la saison de maturité des semences qui varie d’une espèce à l’autre. La première à être récoltée est souvent le merisier en juin-juillet, suivie du bouleau. Les dernières sont les pins qui se récoltent en décembre voire janvier-février.

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A chaque espèce, sa propre période de récolte en fonction du lieu et du climat ainsi que sa méthode.

Il y a classiquement trois méthodes de récolte différentes en fonction des espèces et de la nature des fruits :

  • soit au ou proche du sol par une récolte manuelle ou sur des filets (chênes, hêtre,…) ou sur des arbres abattus,
  • soit dans la cime des arbres en grimpant par cordes (conifères en forêt, feuillus à samares, bouleaux,…) ou par le placement d’échelles pour arriver dans la cime,
  • soit par une nacelle élévatrice notamment dans les vergers à graines créés spéciale-ment pour diminuer les coûts de récoltes  (aulne glutineux, érables, mélèzes, épicéa,…).

Quelques photos de récolte

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Les traitements de tri et de nettoyage

Après la récolte, les graines passent sur différentes machines pour les séparer des impuretés, les trier, les dépulper, séparer les vides des pleines selon différentes techniques. A chaque type de graine sa ou ses propres techniques.

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La thermothérapie

L’objectif est de nettoyer et de traiter toutes les graines sans faire usage de pesticides. Pour ce faire, la désinfection des semences récalcitrantes est primordiale même pour la conservation de quelques semaines à quelques mois. Pour les glands et les châtaignes e.a. il y a le recours à la thermothérapie.

Les graines sont plongées durant 2 heures et demi dans des cuves avec de l’eau à une température de 41°C. Ce traitement permet de tuer les pathogènes tels le Ciboria sans détruire la vitalité de celles-ci.

deux hommes qui travaillent

deux hommes avec des caisses de graines

Le séchage

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Il est réalisé régulièrement dans des claies aérées et empilables. Pour la conservation des graines orthodoxes, un séchage à une teneur en eau inférieure à 10% doit souvent être réalisée dans un gros séchoir électrique. En effet, le séchage naturel ne permet pas de descendre les graines sous les 12%.

Le séchage artificiel est aussi une étape nécessaire pour permettre d’ouvrir plus rapidement les cônes qui contiennent les graines. 

La conservation

Après avoir amené les graines à la teneur en eau adéquate, les graines sont entreposées dans l’une des 5 grandes chambres froides. Certaines graines sont conservées soit à +3°C ou congelées à -7°C voire à -25°C pour les Abies. La durée de conservation est fonction de l’espèce.

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Les tests de qualité

La réglementation sur les semences oblige les fournisseurs de réaliser des tests de qualité pour garantir la viabilité et la germination des graines au client. L’identité génétique de la provenance et les caractéristiques physique et germinatives des graines doivent être fournies au client à travers un Document du Fournisseur (DF) qui doit accompagner toute fourniture de graines.

gros plan de graines

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enceinte pour test de germination

La levée de dormance

Par ailleurs pour beaucoup d’espèces, la germination ne peut se faire qu’après un traitement appelé levée de dormance. En effet, ce traitement va simuler ce qu’il se passe dans la nature (hiver-été) par un traitement spécial avec des phases froides et/ou chaudes pour lever cette dormance avant le semis. A chaque espèce son propre traitement qui va durer plus ou moins longtemps. La plupart des graines d’arbustes nécessite un traitement long et difficile qui peut parfois durer plus qu’un an (aubépines, …). 

Le mélange pour améliorer la diversité génétique

des graines dans des bacs

Après les différents tris et traitements, les graines sont mélangées entre elles afin que le lot soit bien représentatif de la récolte. L’importance de faire ce mélange est aussi nécessaire pour les espèces à grosses graines comme les glands et les châtaignes. Un autre mélange est souvent réalisé. Comme le permet la législation, les différentes provenances génétiques d’une espèce au sein de la même région de provenances sont mélangées entre elles pour fournir un nouveau lot à plus forte diversité génétique (qui contient donc plus d’individus récoltés que les lots simples).

La commercialisation et la traçabilité

Selon la réglementation des graines forestières, elles doivent être commercialisées en emballages scellés et accompagnées d’un document du fournisseur (DF). Sur ce document est repris un numéro de Certificat-Maître donné par le Service de contrôle officiel externe au Comptoir. Le Certificat-Maître est établi directement après la récolte des graines et le numéro de celui-ci vise à assurer la traçabilité de ce lot. Il doit être repris lors de tous les échanges commerciaux concernant ce lot et il ne peut pas être modifié même en dehors de la Belgique. Ce numéro est donc unique pour le lot récolté et il devra toujours suivre les graines mais aussi les plants issus de ce lot en pépinière. C’est grâce à ce numéro que le propriétaire forestier peut identifier la provenance génétique de ce qu’il plante en forêt.

Afin de limiter les erreurs lors des manipulations et des traitements, le comptoir forestier utilise dans la traçabilité interne l’usage d’étiquettes de couleurs différentes pour tous les lots. 

Les graines sont ensuite commercialisées sur base d’un catalogue annuel (fixation des prix). Le comptoir établit la facturation et toutes les recettes des ventes sont directement versées à la comptabilité générale de la Wallonie.