Biologie
Phytophthora ramorum est un agent pathogène appartenant au groupe des Oomycètes. Il est capable d'infecter un grand nombre d'espèces ligneuses, aussi bien forestières qu'ornementales.
Une humidité importante est un facteur nécessaire à tous les stades du développement de la maladie. Le pathogène se développe de 2°C à 30°C avec un optimum de croissance situé à 20°C. Il peut en outre survivre à des températures plus basses sous forme latente. Le climat que nous connaissons aujourd'hui en Belgique, bien que non optimal pour le développement du pathogène, pourrait, dans certaines zones du pays, s'avérer adéquat pour causer des dégâts aux plantes sensibles à l'infection.
Le pathogène requiert deux types hôtes : des hôtes dits « sporulants » et des hôtes dits « finaux ».
Chez les hôtes sporulants, P. ramorum infecte le feuillage et produit des milliers de spores qui seront disséminées par la pluie, le brouillard et le vent. Les infections foliaires ne conduisent pas forcément à la mort des plantes infectées. Les feuilles infectées tombées au sol constituent également une source d'inoculum. Les hôtes finaux se trouvant à proximité d'hôtes sporulants peuvent être infectés à leur tour. L'infection concerne alors les branches et les troncs où le pathogène cause des chancres suintants.
Les hôtes finaux ne participent pas à la transmission de la maladie (pas de production de spores). Par contre, chez ces espèces ligneuses, l'issue d'une infection est le plus souvent létale. Sur la côte ouest des Etats-Unis, P. ramorum réalise son cycle épidémiologique avec le laurier californien (Umbellularia californica) comme hôte sporulant et avec des chênes indigènes américains comme hôtes finaux.
En Europe, les hôtes sporulants sont principalement le rhododendron (notamment le rhododendron sauvage Rhododendron ponticum) et, dans une moindre mesure, d'autres plantes arbustives comme la bruyère commune (Calluna vulgaris) et le myrtillier commun (Vaccinium myrtillus). Des essences comme le chêne rouge (Quercus rubra) et le hêtre (Fagus sylvatica) sont susceptibles d'être infectées par la maladie en tant qu'hôtes finaux. Nos chênes locaux (Quercus petraea et Q. robur) semblent en revanche peu sensibles à des infections.
Certaines essences forestières sont à la fois des hôtes sporulants et des hôtes finaux. Les mélèzes (Larix decidua, L. kaempferi et L.x eurolepis) et, dans une moindre mesure les châtaigniers (Castanea sativa), font partie de cette catégorie. Ils sont donc sensibles à l'infection mais aussi responsables de la production de spores favorisant l'épidémie en milieu forestier. La figure ci-dessous illustre le rôle joué par le mélèze dans le cycle épidémiologique de la maladie.
Les activités humaines, et notamment le commerce de plants de pépinière infectés, le transport de terre contaminée (chaussures, roues de véhicules...) contribuent à la propagation de la maladie sur de longues distances.
Cycle épidémiologique de P. ramorum en milieu forestier avec rhododendron et mélèze comme hôtes sporulants (CRA-W).
NB : Cette page a été rédigée en collaboration avec Anne Chandelier (Centre wallon de Recherches agronomiques – Laboratoire Mycologie)