Les C.E.T. en Wallonie

 

Problématique de la gestion des déchets (bref historique)

Jusqu’à la seconde guerre mondiale, les préoccupations en matière de déchets en Belgique se limitaient aux déchets industriels et à la salubrité publique dans les agglomérations. La problématique du devenir des déchets ménagers s’est imposée suite à l’évolution des modes de production et de consommation, notamment avec l’arrivée sur le marché des plastiques et emballages jetables et de matériaux peu biodégradables.

De 1950 à 1980, on assiste à la mise en place de systèmes de collecte et de lieux de dépôt des déchets (les dépotoirs, souvent communaux). Les nuisances inhérentes à ces dépotoirs et les quantités croissantes de déchets incitent les pouvoirs publics à organiser une filière de collecte et de stockage encadrée par la loi. L’implantation de décharges contrôlées, soumises à un système d'autorisation (permis) et de contrôle technique des matières entrantes, a pour but de maîtriser les impacts sur l’environnement, en ce compris la qualité de l’air, les nuisances olfactives et sonores, ainsi que les impacts sur l’eau souterraine et de surface.

Par la suite, la mise en place de la collecte sélective et de filières de réutilisation et recyclage ont permis de diminuer drastiquement la quantité de matières à éliminer. Des changements législatifs ont également conduit à l’interdiction progressive de l’enfouissement de nombreux déchets, dont notamment les matières biodégradables (en 2010).

Pour la majorité des déchets non recyclables encore produits actuellement, le mode de traitement privilégié est l’incinération. L’enfouissement n’est plus utilisé que pour les déchets dits ultimes (refioms d’incinération, asbeste,…). Les capacités d’enfouissement restantes sont d’ailleurs de plus en plus limitées.

Bien que la période d’enfouissement des déchets ménagers s’étende principalement de 1960 à 2010, la gestion des impacts de l’enfouissement doit se poursuivre sur le long terme (on parle de 30 à 50 ans minimum), impliquant une vigilance durable des instances publiques et privées concernées.

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Les centres d’enfouissement techniques (C.E.T.)

Un C.E.T. est un lieu aménagé spécifiquement pour le stockage définitif des déchets dans des conditions légales et environnementales strictes.

Les C.E.T. sont généralement implantés en dehors des agglomérations, en comblement d’anciennes excavations (carrières ou sablières). En Wallonie, la superficie d’un C.E.T. varie de 0,5 à 26 hectares. La hauteur du massif de déchets peut atteindre jusque 80 mètres, soit la hauteur d’un immeuble de 20 étages, dont la majeure partie est située sous la ligne d’horizon.

En Wallonie, on distingue cinq catégories de C.E.T. en fonction de l’origine et de la nature des déchets qu’ils peuvent accueillir :

  • Classe 1 : C.E.T. destinés à accueillir les déchets industriels dangereux non toxiques ; Il n’existe pas de C.E.T. de classe 1 en Wallonie. Les déchets répondant à ces caractéristiques sont transférés en Flandre ou à l’étranger
  • Classe 2 : C.E.T. destinés à accueillir les déchets ménagers et assimilés ou les déchets industriels non dangereux ;
  • Classe 3 : C.E.T. destinés à accueillir les déchets inertes (débris de constructions, terres non polluées) ;
  • Classe 4 : C.E.T. destiné aux déchets issus des travaux de curage et de dragage (boues, sédiments) ;
  • Classe 5 : C.E.T. destinés à accueillir des déchets non toxiques et réservés à l’usage exclusif d’un producteur de déchets (soit des déchets industriels).

Les phases d'exploitation

Certains C.E.T. sont divisés en plusieurs compartiments (casiers) qui diffèrent par leur année d’implantation, de début d’exploitation et de fin d’exploitation.

Durant la phase d’exploitation, terminée pour la plupart des sites wallons, le remplissage du casier consistait à y déverser des déchets acheminés par camions. Les déchets étaient étalés, broyés et tassés.

En fin de phase d’exploitation d’un casier, l’exploitant procède à la phase de réhabilitation impliquant le placement d’une couverture (capping) et la mise en service des réseaux de pompage des biogaz et des lixiviats. On distingue la réhabilitation provisoire (réalisée dès la fin de l’enfouissement) et la réhabilitation définitive (réalisée au minimum 3 ans plus tard, à l’issue des tassements majeurs des déchets).

La phase de post-gestion du site intervient suite à sa réhabilitation définitive. Elle implique une continuité des obligations de surveillance et de maîtrise des effluents. La post-gestion perdure jusqu’à ce que soit établie la preuve de l’absence de risque environnemental à long terme. Les modalités de fin de la post-gestion font l’objet d’études scientifiques en cours.

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Le biogaz

Le biogaz est le produit de la dégradation des matières organiques par des bactéries. Sa qualité varie en fonction des conditions du milieu (présence ou absence d’oxygène et d’eau, température, acidité du milieu). Le biogaz est composé de méthane, de monoxyde et dioxide de carbone (CO et CO2), et de composés organiques volatils (COV).

Le réseau de collecte est constitué par des puits de pompage implantés dans le massif de déchets, et des tuyaux mis en dépression via le fonctionnement de pompes. S’il contient suffisamment de méthane (au moins 40%) il est valorisé dans un moteur qui produit de l’électricité. Sinon, afin de ne pas émettre ce gaz dans l’atmosphère, il est éliminé par combustion dans une torchère. Les moteurs et les torchères sont soumis à des normes de fonctionnement. Leurs rejets sont surveillés par des mesures et analyses régulières.

Le biogaz qui n’est pas collecté par pompage peut atteindre l’atmosphère en franchissant la couverture du CET (émissions surfaciques) ou, dans des cas plus rares, en se déplaçant vers les bordures de la couverture (migration latérale). Ces émissions sont surveillées, et le cas échéant des mesures corrective sont mises en œuvre afin de les atténuer.

Le lixiviat

Le lixiviat (ou percolat) est composé de l'eau qui percole dans les déchets et de produits de la biodégradation. Il est généralement enrichi en matières dissoutes et en suspension, en polluants organiques et minéraux, ainsi qu'en métaux lourds. Si le fond du casier du CET n'est pas suffisamment étanche, il est source de pollution de l'aquifère.

Ce liquide est capté en fond de décharge et envoyé par pompage vers un système de stockage, souvent un ou des bassins, puis est amené vers une station d’épuration (STEP).
Dans plusieurs CET, le lixiviat collecté est envoyé par camion ou par une conduite vers une STEP externe, urbaine ou industrielle. Les autres CET sont équipés d’une STEP implantée sur le site.
L’épuration des lixiviat vise à diminuer la charge polluante jusqu’à l’obtention d’une eau ne présentant pas de risque pour la santé ou l’environnement, qui peut être rejetée en eau de surface ou à l’égoût. Le traitement en STEP implique diverses techniques d’épuration dont le passage dans un bioréacteur puis à travers un filtre à charbons actifs. Le rejet de chaque site est soumis à des normes spécifiques, tenant compte notamment des meilleures techniques disponibles et de la sensibilité du milieu récepteur.

Les impacts sur l'environnement

Les risques potentiels induits par un C.E.T. sont inhérents aux types de déchets qui y sont enfouis.

Les nuisances spécifiques aux déchets récents (par exemple les odeurs nauséabondes) et à leur transport (nuisances sonores et émissions de poussières dues au charroi) concernent principalement la phase d’exploitation.

Une fois qu’un massif de déchets est constitué, ses impacts sur l’environnement résident principalement dans ses émissions. À l’intérieur du massif, l’apport d’eau et d’oxygène alimentent des phénomènes biochimiques et biologiques (biodégradation bactérienne) qui provoquent l’émission de sous-produits dans l’atmosphère du sol (biogaz) et dans l’eau qui percole (percolat ou lixiviat).

Les C.E.T. sont conçus pour limiter l’émission du biogaz dans l’atmosphère et l’écoulement du lixiviat vers les eaux souterraines ou les eaux de surface, afin de protéger l'environnement de toute pollution. Des mesures sont mises en œuvre afin de parer à chaque impact nocif potentiel, à savoir :

Impact potentiel Mesures de protection
Émanation de biogaz

Implantation d’un réseau de collecte du biogaz, combustion dans un moteur (produisant de l’énergie) ou dans une torchère (sans production d’énergie).

Percolation du lixiviat vers les eaux souterraines

Implantation d’un fond de forme drainant, pompage du lixiviat, épuration et rejet contrôlé.

Impact paysager Aménagement prenant en considération l'intégration paysagère du site
Impact sur la faune et la flore Lors de la réhabilitation, plantations d'espèces locales favorables à la biodiversité