Tiques

En Belgique et en Europe, le nombre de signalements de morsure de tiques est en augmentation. Cette tendance pourrait être liée à divers facteurs, tels que l’augmentation des promeneurs dans les bois ou l’expansion des populations de tiques.

Nous les trouvons dans les bois, dans les hautes herbes, dans les buissons, dans les fougères, sur les souches d’arbres, dans les dunes et même dans nos jardins… Elles peuvent se terrer dans tous les milieux naturels et y rester plusieurs mois sans éprouver le besoin de se nourrir.  

Ce sont elles qui nous trouvent lors de nos escapades et lorsqu’elles se mettent en action, elles peuvent être diablement efficaces en s’attachant à un hôte (animal ou humain). Si la morsure de tique en tant que telle n’est pas à craindre, dans 3 cas sur 10, la tique peut être porteuse de plusieurs bactéries dont des spirochètes du genre Borrelia, responsables des différentes formes de la Maladie de Lyme.  Cette maladie, mal diagnostiquée ou traitée de manière inadéquate, peut entraîner des conséquences lourdes pour la santé : complications au niveau cardio-vasculaire, du système nerveux, articulaires, neurologique, etc. 

D’autres infections sont également redoutables : l’anaplasmose, la turalémie, la rickettsiose, la babesiose, etc. 

Le plus simple face à ces parasites est d’éviter leurs morsures et, avant tout, de savoir à qui on a affaire. 

De quoi s’agit-il ?

La tique est un acarien et fait donc partie de la classe des arachnides. Comme les araignées, son stade adulte se déplace sur 8 pattes. Il existe plus de 900 espèces de tiques à travers le monde. L’espèce la plus commune dans nos régions s’appelle Ixodes ricinus. Quel joli nom ! 

Sa taille évolue et passe par 4 stades de développement : œuf, larve, nymphe et tique adulte : femelle ou mâle. Sa taille varie entre moins de 1 millimètre pour les œufs et les larves et entre 1 millimètre et 1 cm pour la femelle adulte lorsqu’elle est gorgée du sang de sa proie.

Cycle de vie

Les stades de développement de la tique

Quand elle sort de l’œuf (phase 1), la tique est appelée larve (phase 2). Elle n’a alors encore que 6 pattes. Elle se nourrit du sang de petits mammifères pour passer à la phase suivante : devenir une nymphe (phase 3).  A partir de là, elle utilise ses 8 pattes pour se déplacer et chercher sa nourriture.  Elle cherche un nouvel hôte pour lui pomper du sang et muer vers la phase 4 : la tique adulte soit mâle ou soit femelle.  La tique femelle est toujours plus grande que la tique mâle. 

La femelle adulte s’accroche sur un seul hôte pour se remplir de sang. Le mâle va faire plusieurs repas et cherche plusieurs femelles pour se reproduire. Une fois fécondée sur l’hôte, la femelle se laisse tomber sur le sol pour pondre des milliers d’œufs. Elle meurt après la ponte. Au cours de son cycle de vie, elle aura ainsi infecté plusieurs proies, la dernière étant souvent l’être humain. Il est essentiel qu’elle se nourrisse pour passer d’une phase à l’autre.  

A la recherche d’un hôte (animal ou être humain)

Nous retrouvons ces parasites sur toutes sortes de vertébrés : oiseaux, souris, lézards, lapins, chats, chiens, renards, chevaux, et même des tortues et bien entendu, sur les êtres humains. 

La tique ne vole pas et ne saute pas. Dès son premier stade, elle grimpe en haut d’une tige ou d’un brin d’herbe et attend le passage d’un hôte sur lequel elle s’agrippe avec ses pattes de devant munies de crochets. Ensuite, elle trouve l’endroit le plus favorable pour y planter son rostre dentelé et commencé à pomper le sang de sa victime en transperçant toutes les couches de l’épiderme. Elle injecte une substance pour endormir l’endroit de la morsure et commence son travail. Ce qui explique que dans la majorité des cas, nous ne sentons pas la morsure, à la différence d’une piqure de guêpe ou d’abeille.  

La succion peut prendre plusieurs heures voire plusieurs jours. C’est lorsqu’elle se nourrit du sang des hôtes qu’elle peut être contaminée par des agents pathogènes. Et c’est lors de la succion suivante qu’elle risque de transmettre ces agents pathogènes à son autre proie. C’est pourquoi il est important de la retirer correctement à l’aide d’outils spécifiques dans les 12h maximum après la morsure.  

Vu la diversité de ses hôtes, la tique peut parcourir de grandes distances en s’agrippant à différents animaux ou humains, même si elle ne passe que quelques semaines sur chacun. 

Selon l’espèce, une tique peut vivre jusqu’à 6 ans et rester en hibernation des semaines, voire des mois sans bouger.  

La période d’activité de la tique 

Les tiques sont présentes tout au long de l’année. Cependant, elles sont principalement actives de mars à octobre. En dessous de 7°C, elles entrent en diapause ; elles sont inactives et attendent les conditions favorables pour « chasser ». 

Elles n’aiment pas le temps sec et chaud. Lors des fortes chaleurs, elles se tapissent au sol, sous les feuilles mortes et patientent. 

Où vivent les tiques ?

Appréciant les parties basses de la végétation et les feuilles mortes, les tiques se trouvent principalement dans les forêts, les prairies, les parcs, les jardins et même les dunes. C’est d’ailleurs dans le jardin que près de la moitié des morsures ont lieu, contrairement aux idées reçues.  

Quand elles cherchent un hôte pour un repas, elles grimpent sur des hautes herbes, des fougères et des arbustes situés à maximum 70 centimètres et attendent le passage d’un animal ou d’un être humain.  

Elles continueront de grimper sur son corps jusqu’à trouver l’endroit idéal pour mordre. Là où la peau est tendre, où les veines sont faciles à atteindre et souvent dans les recoins chauds et humides du corps humain. C’est pourquoi nous en retrouvons même dans les cheveux. 

Au niveau géographique, la tique se trouve partout dans le pays avec une plus grande fréquence dans le sud du pays et le Limbourg.

Les gestes à adopter

Être dehors, c’est avant tout profiter d’un moment hors du temps. Un temps pour se déconnecter, bouger, respirer, jouer, se rouler dans l’herbe. Cela a un effet bénéfique et fait diminuer le stress. Ne vous en privez surtout pas ! MAIS, gardez à l’esprit que dans ces endroits de détente, un danger existe, c’est celui de se faire mordre par une tique infectée.

Il vaut donc mieux être prudent et adopter des comportements faciles à mettre en place, qui deviendront vite des réflexes pour chaque sortie en nature. De plus, une tique peut être retirée précautionneusement avec des outils appropriés. 

Avant

• Portez des chaussures fermées et des chaussettes 
• Portez des habits qui couvrent les jambes et les bras. Plus ils sont clairs et plus ce sera facile de repérer une tique qui essaie de grimper sur vos vêtements 
• Rentrez vos pantalons dans vos chaussures et si possible dans vos chaussettes 
• Pensez à mettre du répulsif (concentration de principe actif de 20% minimum et 30% maximum) 
• Portez une casquette ou un bandana 

Pendant

• Restez sur les chemins : évitez les herbes hautes, fougères, buissons 
• Prévoyez une couverture pour le pique-nique ou la sieste dans l’herbe ou en forêt 
• Inspectez-vous la peau régulièrement 

Après

• Prenez une douche 
• Mettez vos vêtements dans le séchoir ou lavez-les à 60°C 
• Inspectez-vous et munissez-vous d’un miroir pour vérifier les parties hors de vue ou demandez à une autre personne de le faire :  
  • Cheveux 
  • Derrière et dans les oreilles  
  • Nuque
  • Aisselles 
  • Nombril 
  • Entre les fesses 
  • Parties intimes 
  • Creux des genoux 
  • Entre les orteils
• Inspectez-vous à nouveau le lendemain
• Inspectez votre animal de compagnie quotidiennement s’il va dans le jardin, au parc ou dans la nature et empêchez-le de s’installer sur vos couettes, divans, canapés

Retirer l'intrus

Suite à une inspection minutieuse, vous constatez une bosse, cela peut ressembler à un minuscule point de beauté Mais à y regarder de plus près, c’est un parasite qui est accroché à votre peau et c’est une tique !

Le corps de la tique est généralement rond-ovale et plat et peut mesurer entre 1 millimètre et 1 cm. Par contre, la tique adulte femelle gorgée de sang peut avoir la forme d’un grain de maïs de couleur beige, gris clair ou brun foncé.

L’important est de ne pas appuyer sur l’abdomen de la tique. Elle risque de régurgiter le contenu de ses intestins dans votre sang. Ceci augmenterait le risque de transmission des agents pathogènes qu’elle pourrait contenir.

Ayez toujours sur vous un instrument adapté : un tire-tique ou une carte à tique (voir ci-dessous) 

• Ne pincez pas la tique
• N’utilisez rien pour l’endormir : ni essence, ni vaseline, ni beurre, ni huile culinaire
• Ne brûlez pas la tique
• Ne la retirez pas avec vos doigts
• Ne l’enlevez pas avec la pointe d’un couteau

Restez calme et agissez rapidement afin de diminuer les risques. 

Une fois la tique retirée correctement, désinfectez soigneusement. Si par malchance, vous avez laissé un morceau de tique, consultez un médecin qui interviendra avec précision. 

Surveillez l’endroit de la morsure pendant plusieurs jours. Si vous constatez, dans les jours voire les semaines qui suivent, une tache rouge qui s’étend (appelée « érythème migrant »), une poussée de fièvre anormale, des douleurs articulaires, une fatigue soudaine et constante, une paralysie faciale, consultez toujours votre médecin et signalez-lui la morsure et les symptômes auxquels vous avez été confrontés. 

Indiquez la date, le lieu et l’endroit où vous avez été mordu sur le corps. Il est suggéré de noter la morsure dans le carnet de santé de votre enfant si c’est lui qui a été mordu. 

Enfin, il est utile de signaler la morsure de tique et les différentes informations relatives sur le site https://tiquesnet.sciensano.be/. Cela donne des indications précieuses utilisées par la suite dans les études de santé publique.

Maladie de Lyme

Sans une prise en charge correcte et précoce, cette maladie peut évoluer de manière insidieuse et engendrer de multiples dégâts dont les différents symptômes suivants : maux de tête, perte d’audition, paralysie du visage, complications cardiaques, douleurs musculaires, érythème migrant (tache circulaire d’un diamètre qui s’étend), nausées et vomissements, fièvre, frissons, fatigue, lassitude, problèmes neuropsychologiques…

C’est parce que les symptômes sont divers et mal connus que le risque de se tromper de diagnostic est bien réel. Ajoutons à cela que les tests de dépistage actuellement proposés (ELISA) ne décèlent que 3 souches de borrélie alors qu’il en existe des dizaines. 

Une tique infectée ne transmet pas nécessairement la bactérie.

Une personne infectée ne développe pas nécessairement la maladie (une minorité).

La maladie de Lyme peut être soignée rapidement si elle est diagnostiquée correctement et à temps.

Les 3 stades de la maladie

Stade primaire

La bactérie ne s’est pas disséminée. Nous observons l’érythème migrant qui apparaît entre 2 à 30 jours après la morsure. Il s’agit d’une tache rouge qui s’élargit au fil des jours, devient plus pâle à certains endroits et ressemble à une cible. Il peut être associé aux symptômes suivants qui ressemblent à ceux de la grippe : fièvre, douleurs articulatoires. Dans ce cas, consultez votre médecin. Il existe des traitements antibiotiques efficaces. 

Deuxième stade

La maladie n’a pas été détectée soit parce que l’érythème migrant n’est pas apparu (dans 50% des cas) soit parce qu’il est passé inaperçu (dans les cheveux par exemple). La bactérie a alors eu tout le loisir de se disséminer dans d’autres parties du corps. Les symptômes observés peuvent être selon la personne :

• Au niveau des articulations : l’arthrite (inflammation des articulations souvent des genoux et des coudes)
• Au niveau neurologique : douleurs (maux de tête, douleurs aux yeux) et paralysie (souvent faciale mais aussi des pieds)
• Au niveau cardio-vasculaire : l’arythmie (troubles des battements cardiaques)
• Au niveau dermatologique : plusieurs érythèmes migrants peuvent apparaitre et dans 1% des cas, des taches mauves peuvent survenir sur les lobes des oreilles, sur les mamelons et sur le scrotum

Troisième stade

La maladie devient chronique et peut développer les symptômes suivants :

• atteintes cutanées chroniques,
• atteintes neurologiques chroniques,
• atteintes articulaires chroniques,
• atteintes psychiatriques. 

Autres co-infections véhiculées

Les personnes mordues par une tique sans avoir développé la maladie de Lyme peuvent être infectées par de nombreuses autres maladies :

• la “babesiose” : parasite qui pénètre dans les globules rouges
• la “borrelia à fièvre récurrente”: différente de celle de Lyme
• “l’anaplasmose” : attaque le foie et donne de fortes fièvres
• les “rickettsies”
• la “bartonellose” : qui peut causer des troubles psychiatriques
• la tularémie
• l’encéphalite à tique

L'encéphalite à tique

Le virus de l’encéphalite à tiques est contenu dans les glandes salivaires de la tique. L’infection a lieu quelques minutes après la morsure de tique. Elle peut causer des méningites. En Belgique, très peu de tiques sont porteuses de ce virus à la différence des pays de l’est de l’Europe (Pologne, Allemagne, etc.). 

Au cours des premiers mois suivant l’infection par le virus, des maux de tête associés à des douleurs musculaires et articulaires peuvent apparaitre. 

Après environ quatre semaines, les symptômes disparaissent. 

Toutefois, il arrive que certaines personnes rechutent après quelques semaines. Lors de cette deuxième phase, elles montrent des signes de forte fièvre, de graves maux de tête pouvant aller jusqu’à une inflammation des méninges. 

Il n’y a pas de traitement pour l’encéphalite à tiques. Il s’agit d’un virus. Un médicament antidouleur ou anti-fièvre est prescrit si besoin. 

Toutefois, il existe un vaccin qui peut empêcher de contracter cette maladie. Etant donné que l’infection par le virus est extrêmement rare en Belgique, il n’est pas nécessaire de vous faire vacciner. Mais si vous prévoyez pour vos activités professionnelles et/ou touristiques de vous rendre dans les pays ciblés par ce virus, prenez vos précautions et parlez-en à votre médecin.