Légionellose
La légionellose est une maladie pulmonaire rare mais potentiellement mortelle, liée aux circuits d'eau chaude dans les bâtiments. Les personnes âgées ou fragilisées par d'autres maladies doivent être particulièrement vigilantes. La prévention est essentielle.
Origine et propagation
Contrairement à une croyance répandue, la légionellose n’est pas une maladie qui affecte particulièrement les légionnaires ou les militaires. Si elle s’appelle ainsi, c’est parce qu’elle a été identifiée pour la première fois en 1976 chez des vétérans américains réunis à Philadelphie. Frappés par une mystérieuse infection pulmonaire, 36 d’entre eux y ont perdu la vie. Il a fallu plusieurs mois pour comprendre que l’origine de la maladie n’était autre que la propagation d’une bactérie (Legionella pneumophila) dans des microgouttes, favorisée par le mauvais entretien du système de climatisation de l’hôtel.
La bactérie Legionella pneumophila est présente dans tout le cycle de l'eau et prolifère particulièrement dans les systèmes de chauffage central et de climatisation. On peut également en retrouver dans les piscines, jacuzzis, saunas, etc.
Conditions de développement
La légionellose se développe dans les eaux stagnantes à des températures entre 25 et 45 °C. La bactérie se multiplie dans un biofilm (mélange de bactéries, virus, microalgues et autres unicellulaires), favorisé par les dépôts de tartre et de corrosion sur la paroi des circuits d’eau. Pour être dangereuse, la bactérie doit être inhalée sous forme d'aérosols (de minuscules gouttelettes d’eau).
Symptômes et traitement
Bien que rare, la légionellose peut être grave. Les symptômes incluent une fatigue importante, une perte d'appétit, des malaises, des maux de tête, de la fièvre élevée et surtout une respiration de plus en plus difficile et douloureuse, de la toux, etc. Malheureusement, dans 10 à 15% des cas, la maladie a une issue fatale.
Les personnes à risque sont les personnes âgées, les fumeurs, les personnes diabétiques, les personnes souffrant de maladies pulmonaires ou cardiaques, et celles avec une immunité diminuée. La maladie peut être traitée efficacement avec des antibiotiques, mais une hospitalisation est souvent nécessaire.
L'infection par la légionelle peut également provoquer une maladie bénigne appelée fièvre de Pontiac. Elle se manifeste par des symptômes similaires à ceux de la grippe, tels que fièvre, maux de tête et douleurs musculaires. La fièvre de Pontiac est généralement sans gravité et se résorbe en quelques jours sans traitement spécifique.
Important à souligner : quelle que soit la pathologie contractée, la légionellose n’est pas contagieuse d’homme à homme !
Prévention
La prévention passe par une bonne conception et un entretien régulier des circuits d'eau. Les installations doivent éviter les eaux stagnantes et maintenir une température minimale de 50 °C.
En cas de détection de légionelles, des techniques comme les chocs thermiques ou chimiques peuvent être utilisées. Ces techniques ne sont pas parfaites : elles présentent divers inconvénients en termes de coûts ou de risques d’utilisation et ne résolvent le problème que temporairement.
Idéalement, il faut réaliser une analyse de risque et rédiger un plan de gestion pour tous les circuits d’eau. Par exemple, il est vivement conseillé d’éviter les « bras morts » dans les conduites d’eau qui favorisent une eau stagnante et chaude, et donc la présence de biofilms.
De plus, toutes les installations d’eau qui sont mises à l’arrêt pendant un temps relativement long méritent une attention particulière.
Surveillance et réglementation
En Wallonie, les circuits d'eau à risque dans les infrastructures collectives sont surveillés par des inspections régulières. Tout particulièrement, les piscines publiques font l’objet d’une surveillance selon les conditions sectorielles spécifiques (conditions sectorielles « petits » bassins de natation ; conditions sectorielles « grands » bassins de natation). Ainsi, la police de l’environnement y organise les contrôles et l’ISSeP procède aux analyses.
Par ailleurs, la légionellose est une maladie à déclaration obligatoire, c'est-à-dire que les médecins doivent signaler les cas de légionellose aux autorités sanitaires.
Les Services d’Analyse des Milieux Intérieurs (SAMI) offrent des conseils et des analyses pour les particuliers, notamment à la suite d’une déclaration d’un cas de légionellose par un médecin.
De plus, la directive européenne 2020/2184 du 16 décembre 2020 relative à la qualité des eaux destinées à la consommation humaine impose des exigences strictes pour la surveillance des légionelles. Les États membres doivent garantir que les installations de production, de stockage et de distribution d'eau chaude sanitaire respectent des normes de qualité rigoureuses pour prévenir la prolifération de bactéries du genre Legionella.
Cette directive a été transposée dans la législation wallonne, notamment aux articles D.180 à D.193bis et R.251bis à R.270 du Code de l’Eau wallon. Ces articles définissent les objectifs de qualité de l'eau, les obligations des distributeurs, les procédures de gestion des risques et les mesures spécifiques à prendre en cas de détection de légionelles.
En résumé
La légionellose est une maladie rare mais sérieuse, nécessitant une vigilance particulière et une prévention rigoureuse pour éviter sa propagation. Les conseils pratiques à retenir sont :
- Entretenir régulièrement les installations pour lutter contre l'entartrage et la corrosion.
- Assurer une température minimale de 50 °C dans les circuits d'eau.