Ondes électromagnétiques
A moins de vivre comme des ermites, nous sommes en permanence exposés à des champs électromagnétiques. Ceux-ci nous facilitent la vie dans une quantité d’activités dont nous n’avons même plus conscience.
Mais depuis le développement de la téléphonie mobile (4G puis 5G) et le nombre toujours grandissant d’appareils permettant de surfer sur le Net (partout et très facilement !), des craintes relatives à cette nouvelle forme de « pollution » encore bien mal connue ont émergé.
Tentons d’y voir clair. Et, globalement, constatons qu’il n’y a pas péril en la demeure, mais à une condition : là où la science n’apporte encore que des réponses incomplètes (notamment sur l’éventualité d’effets à long terme et cumulatifs de certaines ondes), il est préférable d’adopter quelques gestes faciles de prudence.
De quoi parle-t-on ?
Les ondes électromagnétiques associent un champ électrique et un champ magnétique.
Le premier peut notamment résulter de la présence de charges électriques. Il en apparait, par exemple, autour d’une prise électrique.
Le second se crée lorsque le courant « passe » dans les fils, lors de la consommation d’électricité. Ainsi, lorsqu’une lampe est allumée ou lorsqu’un aspirateur fonctionne, des charges électriques se déplacent le long de son fil d’alimentation et génèrent un champ magnétique.
La gamme des ondes électromagnétiques est très vaste. Par facilité, on la subdivise en ondes radio, rayons infrarouges, lumière visible, rayons ultraviolets, rayons X et rayons gamma.
Ces subdivisions se différencient entre autres par leur fréquence, exprimée en Hertz. Cette unité représente le nombre d’oscillations par seconde. Plus les ondes se reproduisent rapidement, plus la fréquence est élevée.
Dans le cas des lignes à haute tension, les fréquences utilisées sont très basses (50 ou 60 Hz selon le pays). Par définition, la gamme des radiofréquences s’étend de 100 kilohertz (KHz ; en millier d’oscillations par seconde) à 300 gigahertz (GHz ; en milliard d’oscillations par seconde). Au-dessus de cette limite se situent les rayonnements infrarouges.
Les téléphones mobiles et les antennes nécessaires à leur fonctionnement émettent des rayonnements dans la gamme des radiofréquences, plus particulièrement autour de 900, 1.800 et 2.100 mégahertz (MHz ; en million d’oscillations par seconde). Les technologies dites 4G utilisent ces trois bandes de fréquence ainsi que deux autres, situées autour de 800 et 2.600 MHz. On appelle « micro-ondes » (ou également « hyperfréquences ») les rayonnements dont la fréquence est comprise entre 300 MHz et 300 GHz.
Les rayonnements électromagnétiques ont la capacité de transporter une certaine quantité d’énergie. De ce fait, ils peuvent interagir avec la matière ou le milieu dans lequel ils se propagent.
Lorsque l’énergie transportée est importante, certains rayonnements peuvent briser les liaisons chimiques et ioniser (= charger électriquement) les molécules constitutives des tissus vivants.
Si les molécules organiques qui sont ainsi cassées par un rayonnement électromagnétique sont des molécules d’ADN, ce rayonnement peut favoriser le déclenchement de cancer. C’est le cas des rayons gamma, des rayons X et de certains rayonnements ultraviolets. Ils sont appelés « rayonnements ionisants ».
A l’inverse, on parle de « rayonnements non ionisants » lorsque leur énergie est trop faible pour ioniser les tissus vivants. C’est le cas des champs électriques et magnétiques de fréquence basse ou intermédiaire, les rayonnements radiofréquences, infrarouges, mais aussi pour la lumière visible et certains rayons ultraviolets.
Pour en savoir plus
Les lignes à haute tension et effets sur la santé
Vivre à proximité d’une ligne à haute tension : quel risque pour la santé ? Il n’existe pas de preuve formelle d’un risque accru de cancer pour la population. Une certaine prudence s’impose néanmoins.
Les lignes à haute tension génèrent des champs électriques et magnétiques à très basse fréquence, qui à leur tour peuvent être à l’origine de courants électriques dans le corps des organismes qui y sont exposés.
Les champs électriques que l’on rencontre dans la vie de tous les jours ne développent qu’un courant électrique très faible.
Les champs électriques de très forte intensité (limités à certains environnements industriels très spécifiques) peuvent créer des courants électriques plus importants, pouvant provoquer des impressions de scintillements lumineux dans les yeux (en excitant directement la rétine) ou des contractions musculaires involontaires. En principe, même les personnes chargées de la maintenance des réseaux électriques ne sont pas exposées à des champs assez élevés pour produire de tels effets.
Depuis le milieu des années quatre-vingt, de nombreux chercheurs ont tenté de savoir si ces champs de faible intensité étaient susceptibles d’entraîner des effets sur la santé des personnes exposées pendant de longues périodes. Les riverains des lignes électriques à haute tension ont ainsi fait l’objet de nombreuses études épidémiologiques. Selon l’Organisation mondiale de la Santé (OMS), l’exposition à long terme aux champs magnétiques à très basse fréquence n’entraîne pas d’augmentation du risque de cancer chez l’homme, excepté un léger risque de leucémie chez l’enfant.
En 2001, le Centre international de recherche sur le cancer (CIRC, une agence de l’OMS) a estimé que ce type de champs (c’est à dire à très basses fréquences) était peut-être cancérogène pour l’homme. Précision importante : à l’heure actuelle, le lien de cause à effet entre la vie à proximité d’une telle source et l’augmentation de leucémie ne s’explique pas ; il a simplement été constaté statistiquement.
Par ailleurs, même si le lien de causalité était confirmé, le risque de développer cette pathologie serait vraiment très faible : de l’ordre d’un cas de leucémie infantile supplémentaire par an dans une population de 35 millions de personnes.
D’autres effets sur la santé sont-ils possibles ? Depuis quelques années, des publications scientifiques font état d’une augmentation possible de maladies neuro-dégénératives (comme la maladie d’Alzheimer) chez les personnes habitant à proximité des lignes à haute tension ou exposées dans le cadre de leur profession. On parle aussi de dépressions, de troubles cardiovasculaires, d’autres cancers infantiles, de modifications immunologiques, etc.
L’OMS a conclu, en 2007, que de tels effets, s’ils existent, seraient vraiment très réduits. Dans un souci d’extrême prudence, le Conseil Supérieur de la Santé (2008), en Belgique, a néanmoins conseillé de limiter l’exposition de longue durée aux champs magnétiques des enfants de moins de quinze ans.
Pour en savoir plus
- Lire les recommandations du CSS concernant l'exposition de la population aux champs magnétiques émanant des installations électriques
- Lire le communiqué de presse du Centre International de Recherche sur le Cancer « le CIRC classe les champs électromagnétiques de radiofréquence comme peut-être cancérogènes pour l’homme »
Les rayonnements radiofréquences : effets thermiques et non thermiques
GSM, téléphones sans fil, Wi-Fi… Pourquoi parle-t-on des effets thermiques et non thermiques des rayonnements radiofréquences sur les organismes vivants ?
Lorsque nous sommes exposés aux rayonnements radiofréquences, notre corps absorbe une certaine quantité d’énergie. Celle-ci dépend de divers facteurs, dont l’intensité du rayonnement à l’endroit où nous nous trouvons, sa fréquence, la taille et l’orientation du corps par rapport à la direction de propagation du rayonnement, etc.
Bien que cette énergie absorbée ne soit pas suffisante pour briser des liaisons chimiques de la matière organique, elle peut produire une élévation de température. Celle-ci résulte du « frottement » entre les molécules qui constituent les tissus de l’organisme. Cet effet dit « thermique » est connu de longue date. Il est d’ailleurs utilisé dans les fours à micro-ondes pour chauffer les aliments ainsi que dans certaines thérapies médicales (certaines physiothérapies).
Pour les tissus les plus sensibles (présents par exemple dans l’œil), un échauffement de l’ordre de 1 à 2°C peut avoir des conséquences irréversibles. Une telle augmentation n’est toutefois possible que lors d’une exposition à un rayonnement relativement intense, car le corps a la capacité de réguler sa température (du moins jusqu’à une certaine limite !).
Certaines études suggèrent une corrélation entre l’usage intensif du téléphone mobile et un risque accru de cancer, principalement le gliome cérébral.
En 2011, le groupe de travail de l’Organisation mondiale de la Santé (OMS) a déclaré que l’utilisation des téléphones portables devait être considérée comme « potentiellement cancérigène » sur la base de preuves « limitées, mais suffisantes ». Les rayonnements radiofréquences ont ainsi été classés dans la catégorie 2B de la classification du Centre international de recherche sur le cancer (CIRC, une agence de l’OMS). Chaque nouvelle génération de technologie employée pour la téléphonie portable continue donc d’être scrutée.
Ce constat reste encore à confirmer, car la relation de cause à effet n’a pas été établie à ce stade. L’augmentation du risque de cancer pourrait s’expliquer par l’échauffement localisé qui se produit après un long temps de conversation.
La grandeur utilisée pour quantifier l’absorption d’énergie est le « Débit d’Absorption Spécifique » (DAS en abrégé) exprimé en watt par kilogramme (W/kg). Celui-ci est mentionné dans les notices des téléphones sans fil et des téléphones portables. La norme européenne a été fixée à 2W/kg. La majorité des GSM présentent un indice DAS inférieur à 1W/kg. Mieux vaut donc choisir d’utiliser un appareil avec un « DAS » minimum.
Les effets non thermiques font débat dans la communauté scientifique. Ce terme inclut plusieurs types de phénomènes : effets sur la production d’hormones, sur les gènes, sur l’immunité, sur la production des protéines, etc. Si la plupart des scientifiques reconnaissent leur existence, ils ne sont pas pour autant convaincus de leur nocivité. La difficulté provient du fait que les méthodes utilisées traditionnellement pour évaluer la toxicité des produits chimiques ne sont pas transposables aux ondes électromagnétiques, en raison de mécanismes d’action sensiblement différent.
Les études scientifiques doivent se poursuivre, notamment pour tenir compte du déploiement de la technologie 5G.
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GSM, Wi-Fi : où est le vrai risque ?
Vivre ou travailler à proximité d’une borne Wi-Fi et utiliser régulièrement un GSM sont, en termes de risques pour la santé, des comportements totalement différents.
Il faut savoir que tous les appareils électriques sans exception génèrent un champ électrique et magnétique lors de leur utilisation : fours à micro-ondes, TV et radios, électroménagers, rasoirs, sèche-cheveux, etc. Pour la plupart de ceux-ci, le champ est très faible et diminue très fortement dès qu’on s’éloigne de la source. En outre, l’exposition à ce champ se limite à la durée de fonctionnement de l’appareil, généralement brève.
Certains scientifiques, parfois relayés par des associations inquiètes, estiment qu’un danger peut apparaitre lorsqu’on ajoute à ces expositions très faibles et momentanées notre exposition à ces autres champs liés à nos nouvelles habitudes de vie, et particulièrement le recours au Wi-Fi. Si, en plus de cela, nous tenons compte de l’usage de plus en plus intensif du GSM voire de certains téléphones fixes sans fil (= les DECT), nous baignerions littéralement dans une sorte de pollution électromagnétique constante, que certains ont appelé « électrosmog ».
Il faut pourtant savoir qu’une borne Wi-Fi est un appareil qui n’émet qu’une très faible puissance : à peine quelques dizaines de milliwatts. De plus, cette émission n’est présente que pendant quelques instants très brefs, même lors du téléchargement des fichiers de taille considérable. Ainsi, si on la compare à celle subie lors de l’usage du GSM, l’exposition au rayonnement d’une borne Wi-Fi ou d’un ordinateur utilisant cette liaison est négligeable.
Si l’on veut se protéger d’un excès d’exposition aux champs électromagnétiques, c’est donc prioritairement l’usage du GSM qui doit retenir notre attention. Comme expliqué plus haut, il vaut mieux choisir d’utiliser un GSM avec un indice « DAS » minimum.
Petit rappel : les experts du Conseil Supérieur de la Santé recommandent :
- Que les enfants utilisent le GSM aussi peu que possible !
- Quelle que soit leur tranche d’âge, les utilisateurs sont invités à réduire leur temps d’appel.
- D’utiliser une oreillette filaire ou, si celle-ci fait défaut, à utiliser la fonction haut-parleur de leur appareil.
- D’envoyer des messages au lieu d’appeler oralement.
- D’appeler de préférence d’un endroit où la réception est bonne (éviter les parkings souterrains, les ascenseurs et tous les lieux où n’apparaît qu’un nombre limité de barrettes sur l’écran de l’appareil).
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Les antennes GSM
L’installation d’une antenne relais de téléphonie mobile crée parfois l’émoi dans les quartiers d’habitation. Ce type de dispositif entraîne néanmoins, pour les occupants des lieux, une exposition aux ondes nettement moindre que lorsqu’ils utilisent leur GSM. Pour en avoir le cœur net, les riverains des sites d'antennes et les communes peuvent avoir recours aux services de l’Institut scientifique de service public (ISSeP).
Il est possible assez aisément de connaître l’emplacement exact des antennes relais disposées près de chez soi. Pour cela, il suffit de consulter le site Géoportail de la Wallonie.
D’une manière générale, les antennes de téléphonie mobile exposent la population à des intensités trop faibles pour entraîner des effets thermiques. Quant aux effets non thermiques et aux symptômes de l’hypersensibilité électromagnétique (voir plus bas), ils ne font pas encore l’objet d’un consensus au sein de la communauté scientifique.
En Wallonie, les riverains d'antennes peuvent demander à l’ISSeP d’effectuer des mesures d’intensité du rayonnement électromagnétique. Ces mesures de l’ISSeP ne sont réalisées qu’à certaines conditions, relatives notamment au type d’appareil visé, et ne concernent pas les réseaux de transport et de distribution d’électricité. La demande peut être introduite en composant le Numéro Vert de la Wallonie, le 1718. Dans le menu, vous devez suivre la possibilité relative aux « Atteintes à l’environnement ou à la nature en lien avec le call Center SOS Environnement-Nature ».
En outre, les communes ont la possibilité de faire réaliser1, par un organisme agréé par la Région et au frais de l’exploitant, des mesures in situ afin de contrôler qu’une installation située sur leur territoire respecte la législation en matière d’émission de rayonnements électromagnétiques. Contrairement à ce que l’on pense souvent, les antennes-relais de téléphonie mobile entraînent une exposition aux champs électromagnétiques peu significative. Elle est, en effet, 1000 à 100.000 fois plus faible que celle liée à l’usage d’un téléphone portable.
Les antennes relais émettent un faisceau de radiofréquence assez étroit, situé dans un plan presque parallèle au sol. De ce fait, le champ électromagnétique observé dans l’environnement direct de l’antenne est très faible au niveau du sol. Il en résulte que tout bâtiment situé sous l’antenne ou à proximité immédiate du pied d’un pylône n’est normalement pas affecté – ou d’une façon très marginale – par le rayonnement de cette antenne. A l’inverse, un bâtiment situé à plusieurs centaines de mètres peut être davantage exposé aux rayonnements radiofréquences.
Toutefois, la distance par rapport au pylône ou au bâtiment porteur n’est pas le seul indicateur de l’exposition. Celle-ci est fortement influencée par l’orientation des antennes et leur hauteur par rapport aux bâtiments alentour ; et, dans une moindre mesure, par la multiplication des antennes sur un même support. Elle peut aussi être influencée par la présence d’émetteurs radio et TV sensiblement éloignés.
C’est la raison pour laquelle, en Wallonie notamment, les normes en vigueur ont prévu un facteur de sécurité supplémentaire par rapport aux prescriptions internationales. Malgré cette précaution, certaines associations jugent l’exposition globale aux ondes encore trop importante.
Jusqu’à la technologie 4G, les fréquences utilisées par la téléphonie mobile en Belgique étaient inférieures à 6 GHz. La téléphonie mobile 5G a la particularité de pouvoir utiliser plusieurs bandes de fréquences différentes, une partie se situant dans la gamme des fréquences inférieures à 6 GHz et une autre dans celles des fréquences supérieures à 6 GHz.
Le déploiement en Wallonie d’une première technologie 5G dites « Light » correspondait à l’utilisation d’une bande de fréquence déjà utilisée en téléphonie mobile, celle de 2.100 MHz. Ceci explique d’ailleurs que cette 5G « Light » reste compatible avec les GSM actuels et a pu être déployée en utilisant les antennes déjà existantes.
Le déploiement d’une 5G « complète », utilisant de nouvelles bandes de fréquence supérieures à 6 GHz, implique la mise en place de nouvelles antennes. Ces nouvelles antennes seraient conçues pour rayonner de façon ciblée en direction de l’utilisateur à la différence des antennes actuelles qui rayonnent dans toutes les directions (donc sans cibler l’utilisateur actif).
La prudence recommande d’éviter l’utilisation du GSM dans les zones où la réception est mauvaise (parkings souterrains non équipés de répéteurs par exemple…). Il faut donc aussi signaler que l’implantation d’antennes-relais « loin de toute zone habitée » donne un faux sentiment de sécurité car cela crée, de manière artificielle, ce type de conditions défavorables.
De telles règles peuvent être contre-productives, la réduction de l’exposition due à l’éloignement de l’antenne-relais étant très largement compensée par celle subie lors de l’utilisation du GSM dans de mauvaises conditions.
1 Article 6 du décret du 3 avril 2009 relatif à la protection contre les éventuels effets nocifs et nuisances provoqués par les rayonnements non ionisants générés par des antennes émettrices stationnaires.
L’hypersensibilité électromagnétique
Certaines personnes seraient nettement plus sensibles que d’autres aux champs électromagnétiques, y compris à très faible intensité. En réponse, elles peuvent développer une série de symptômes qui rendent leur vie quotidienne proche de l’insupportable.
Qu’en est-il du point de vue de la science ?
Pour beaucoup de chercheurs, cela reste l’un des grands mystères engendrés par les ondes électromagnétiques. Certains parlent d’un phénomène d’hypersensibilité électromagnétique ou à l’électricité (En anglais : « Electrical hypersensivity » ou EHS).
Les personnes concernées se plaignent de symptômes pénibles mais très généraux : maux de tête, vertiges, « tensions » dans la tête, épuisement ou fatigue chronique, problèmes de concentration… Dans certains cas, il peut s’agir de nausées, de palpitations cardiaques, de troubles digestifs, voire de rougeurs ou de picotements au visage.
Tous ces symptômes se manifestent lorsque la personne est en présence d’une source de champ ou rayonnement électromagnétique ; par exemple, un appareil électroménager, un écran d’ordinateur, un téléphone portable, une antenne, etc.
Il n’est pas exagéré de parler d’hypersensibilité car ces symptômes surviennent à des niveaux d’exposition très faibles, niveaux auxquels la grande majorité des gens sont soumis sans que le moindre effet soit observé.
Pourrait-on dès lors parler de simples manifestations psychosomatiques ou de tensions purement psychologiques ? Ce n’est pas aussi simple. En effet, les scientifiques constatent que ces symptômes existent bel et bien. Les personnes qui en souffrent sont amenées à mettre au point des stratégies (dont l’éloignement par rapport aux sources d’émission) qui les soulagent de leurs maux. Parfois, la décision est radicale : déménager ou changer de travail !
Des dizaines d’études ont tenté de mettre à jour une relation de cause à effet entre toutes ces plaintes et l’exposition aux champs électromagnétiques. Jusqu’ici ce fut malheureusement en vain, même au niveau de l’OMS. Cela n’a pas empêché certains pays comme la Suède d’accorder aux personnes qui se plaignent de ces symptômes une prise en charge médicale.
Dans de nombreux cas, ces symptômes - associés à tort ou à raison à l’EHS - ont trouvé une explication : une maladie chronique sous-jacente encore restée non identifiée jusque-là, du stress professionnel, ou encore de mauvaises conditions de vie.
D’autres personnes ont commencé à développer ces signes lorsqu’elles ont appris qu’elles étaient exposées à des champs électromagnétiques dans leur quartier ou leur lieu de travail. Cela peut correspondre alors à un effet « nocebo » : une personne persuadée - dans l’absolu - des dangers d’un agent physique, chimique ou autre, présenterait les symptômes dès lors qu’elle y est personnellement exposée.
Toutefois, cet effet « nocebo » ne peut expliquer à lui seul tout le cas d’EHS.
Dans l’état actuel des connaissances, il faut continuer à prêter une attention réelle aux plaintes des gens concernés et poursuivre les recherches pour pouvoir les soulager. Les Services d’analyse des milieux intérieurs (SAMI) peuvent être d’un précieux recours pour les personnes concernées.
La plus grande prudence s’impose, en tout cas, sur les prétendus dispositifs « anti-ondes » de certaines peintures, couvertures spéciales, tôles « spéciales anti-ondes » et autres gadgets vendus dans le commerce. Y compris les « pastilles » dites protectrices à apposer sur les GSM. La plupart de ces dispositifs sont peu ou pas du tout efficaces.
Une des pistes à creuser est la possibilité de disposer de dispositifs de type « cage de Faraday » permettant de détourner tout ou partie des ondes électromagnétiques, créant ainsi des « zones blanches » libres de rayonnement.
Enfin, les chercheurs ont pu constater qu’une écoute et qu’une prise en charge par des moyens psychothérapeutiques permettait aux personnes électrosensibles de mieux gérer leurs symptômes au quotidien. Les meilleurs résultats suivant cette approche sont obtenus quand la prise en charge est assurée de manière précoce, soit avant que les symptômes ne deviennent fortement incapacitants.