Polluants atmosphériques
Bien que les pics d’ozone, smogs et particules fines soient souvent médiatisés, la qualité de l’air en Wallonie et en Belgique s’améliore globalement depuis une dizaine d’années. Cette amélioration est due à plusieurs facteurs : la suppression du plomb dans l’essence, la réduction drastique du soufre dans les combustibles destinés aux chaudières et aux voitures, et l’installation de filtres sur les incinérateurs et les industries les plus polluantes, comme la métallurgie et la sidérurgie. De plus, les normes sur les émissions des moteurs automobiles sont devenues de plus en plus contraignantes, ce qui a conduit à l’apparition de moteurs plus sobres et moins polluants sur le marché.
Cependant, il ne faut pas se reposer sur ces acquis. Malgré les efforts locaux, certaines zones, notamment les zones industrielles situées en fond de vallée, restent soumises à des taux de pollution élevés. De plus, si les pics de pollution ont tendance à stagner voire à diminuer, notre exposition chronique aux polluants se maintient. Cela signifie qu’en dehors des situations extrêmes favorables aux fortes pollutions, comme le duo chaleur/ensoleillement en été et le duo inversion thermique/absence de vent en hiver, nous restons exposés tout au long de l’année à des taux de pollution préoccupants, surtout en ville.
Qui sont-ils ?
Ennemi public numéro 1 : les particules fines
Les spécialistes les appellent les PM (Particulate Matters). Ces particules fines, en suspension dans l’air, sont invisibles à l'œil nu. Les « PM10 », par exemple, ont un diamètre inférieur à 10 microns, soit 5 à 10 fois inférieur à l’épaisseur d’un cheveu. Certaines particules sont plus petites encore - les « PM2.5 » - voire « ultrafines », c’est-à-dire d’un diamètre inférieur à 2,5 ou à 1 micron. On retrouve ce type de particules dans les gaz d’échappement issus des moteurs diesels, déclarés cancérogènes par le Centre international de recherche sur le cancer (CIRC).
Les particules fines sont émises naturellement via l’érosion des sols par les vents, les incendies, les éruptions volcaniques, etc. Cependant, les activités humaines contribuent fortement à l’augmentation de la concentration des particules fines dans l’air. Parmi les principales sources, on retrouve :
- la combustion d’énergies fossiles (essence, diesel, mazout, bois, charbon, etc.) utilisée pour produire de l’électricité, assurer le chauffage ou faire fonctionner les moyens de transport ;
- l’incinération des déchets, qui libère divers polluants dans l’atmosphère ;
- les activités industrielles, notamment dans les secteurs de la cimenterie, de la métallurgie ou de la chimie fine ;
- les travaux liés au bâtiment et à l’agriculture, qui génèrent également des émissions de particules.
Il faut savoir que les plus petites particules ne sont pas retenues par les cils vibratoires de notre système respiratoire et, passant le cap de la trachée, se glissent jusque dans les alvéoles pulmonaires. Leurs propriétés oxydantes et inflammatoires affectent les systèmes cardiovasculaires et respiratoires, allant jusqu’à jouer un rôle dans les infarctus et les accidents vasculaires cérébraux. De plus, elles ont la particularité de fixer une série de micropolluants atmosphériques tels que les COV (les composés organiques volatils, comme le benzène), les HAP (les hydrocarbures aromatiques polycycliques, comme le benzo[a]pyrène), les POP (les polluants organiques persistants, comme les dioxines et les furanes), les ETM (les « éléments traces métalliques » ou métaux lourds comme le cadmium, le mercure, le plomb, etc.).
Les « PM » compliquent donc la vie de dizaines de milliers de personnes souffrant d’asthme ou de bronchite chronique.
Alerte SMOG...Qu'est-ce qu'un pic de pollution aux particules fines ?
Le mot « SMOG » est issu de la fusion des termes anglais smoke (fumée) et fog (brouillard). À l’origine, il désignait un mélange de brouillard et de pollution atmosphérique. Aujourd’hui, l’Institut royal météorologique (IRM) utilise ce terme pour qualifier une période de pollution atmosphérique intense, même en l’absence de brouillard.
Les pics de pollution aux particules fines se produisent sous certaines conditions climatiques (inversion de température et vent faible) qui ne favorisent pas la dispersion des polluants. Par conséquent, les particules fines s'accumulent rapidement et de manière importante dans l'air.
En Wallonie, plusieurs acteurs se coordonnent en cas d'épisode de pollution :
- L'Agence wallonne de l'Air et du Climat (AWAC) : Élaboration des plans de gestion de la qualité de l'air et gestion des alertes en collaboration avec le Centre de Coordination des Risques et de la Transmission d’Expertise (CORTEX) et la Cellule interrégionale de l'Environnement (CELINE).
- Le réseau télémétrique géré par l'Institut scientifique de service public (ISSeP) : Mesure en continu du niveau de pollution atmosphérique.
- Le Centre de Coordination des Risques et de la Transmission d’Expertise (CORTEX) : Relais des alertes de pics de pollution vers les autorités concernées.
- Le Centre PEREX : Diffusion des messages « SMOG » le long des autoroutes et visibilité des panneaux de limitation de vitesse.
- La Cellule permanente environnement-santé (CPES) : Réponse aux interrogations de la population et des institutions concernant l'impact de l'environnement sur la santé.
Les filtres à particules : sont-ils efficaces ?
Les filtres à particules des voitures sont d'une efficacité limitée, surtout en ville. En effet, ils n’entrent en action que lorsque le moteur est suffisamment chaud, ce qui est rarement le cas en ville car la majorité des déplacements sont courts (moins de cinq kilomètres). Ils dégagent d'autres types de polluants (dioxyde d’azote), ce qui alourdit leur bilan écologique. Il est préférable de privilégier des moyens de transport moins polluants et de réduire l'utilisation de véhicules diesel.
Ennemi public numéro 2 : l’ozone
En Wallonie, les pics saisonniers et les concentrations de fond d'ozone sont plus élevés dans les zones rurales et périurbaines qu'urbaines.
L'ozone se forme grâce à un rayonnement solaire intense et à des gaz précurseurs comme les oxydes d'azote et les composés organiques volatils, émis principalement par la circulation routière, ainsi que par les installations de combustion industrielle, les centrales électriques, l’utilisation et la fabrication de produits contenant des solvants, les processus industriels, le raffinage et la distribution de produits pétroliers et pour une petite partie, le secteur résidentiel (via la combustion dans les installations de chauffage).
Paradoxalement, ces mêmes gaz détruisent l'ozone lorsque le rayonnement solaire diminue, ce qui explique pourquoi l'ozone en zone rurale met plus de temps à être détruit. L'ozone troposphérique (de basse altitude), bien que de même composition chimique que celui de haute altitude, est nocif pour la santé, irritant les muqueuses oculaires et respiratoires, et pouvant handicaper la respiration.
Même à faible dose, il est associé aux urgences pédiatriques pour sifflements et asthme. Les pics d'ozone ont diminué ces quinze dernières années, mais les concentrations moyennes restent élevées.
Les polluants acidifiants
Le dioxyde de soufre (SO₂) et le dioxyde d’azote (NO₂) sont des gaz polluants principalement émis lors de processus de combustion. En plus de contribuer à l’acidification de l’environnement, ces gaz sont irritants pour les voies respiratoires et participent à la formation de particules fines (PM2.5).
Par ailleurs, le NO₂ joue un rôle clé dans la formation de l’ozone troposphérique et constitue un facteur important d’eutrophisation, un phénomène qui déséquilibre les écosystèmes aquatiques en favorisant la prolifération excessive d’algues.
Les pluies acides trouvent leur origine principalement dans les émissions de dioxyde de soufre (SO₂) et d’oxydes d’azote (NOₓ). Ces gaz, une fois libérés dans l’atmosphère, réagissent avec la vapeur d’eau pour former de l’acide sulfurique et de l’acide nitrique, qui retombent ensuite au sol sous forme de précipitations acides. La lutte contre les pluies acides passe par la réduction des émissions polluantes, notamment grâce à des technologies plus propres et à une transition vers des sources d’énergie renouvelables.
Effets sur la santé
Selon l’Agence européenne pour l’environnement, 4.100 décès prématurés en Belgique en 2022 ont été liés à l’exposition aux particules fines.
Ces particules, présentes dans l’air que nous respirons, pénètrent facilement dans notre organisme. Leur taille détermine jusqu’où elles peuvent s’infiltrer dans les voies respiratoires : les plus petites atteignent les alvéoles pulmonaires, et certains de leurs composants peuvent même passer dans le sang.
Les particules fines sont reconnues comme un facteur de risque avéré ou fortement suspecté pour de nombreuses maladies, notamment :
- des troubles respiratoires, qu’ils soient aigus ou chroniques (bronchite, asthme, cancer du poumon) ;
- des maladies cardiovasculaires (infarctus, AVC) ;
- des effets neurologiques (déclin cognitif, maladies comme Alzheimer ou Parkinson) ;
- des complications pendant la grossesse (naissances prématurées, faible poids à la naissance) ;
- un affaiblissement du système immunitaire ;
- le développement du diabète.
Depuis 2013, le Centre international de recherche sur le cancer (CIRC) classe les particules fines et la pollution de l’air extérieur comme cancérigènes certains.
Il est important de noter que les effets sur la santé dépendent de plusieurs facteurs : la composition chimique des particules, la dose et la fréquence d’exposition, ainsi que la sensibilité individuelle. Les enfants, les personnes âgées et les individus souffrant de maladies chroniques sont particulièrement vulnérables.
Les groupes sensibles doivent éviter les exercices physiques intenses et consulter leur médecin en cas de symptômes respiratoires ou cardiaques.
Pour mieux connaître les risques pour la santé et adopter les recommandations d’usage en cas de pic de pollution, consultez la brochure Pics de pollution : Quels dangers pour ma santé ? Que faire pour me protéger ?
Petits gestes quotidiens
L'air vicié est une responsabilité collective, mais plutôt que de culpabiliser, il vaut mieux agir.
De nombreux petits gestes permettent de réduire l'exposition à la pollution et de contribuer à un air plus pur. Chaque jour, nous respirons 15 à 20 000 litres d'air, et les sportifs peuvent en inhaler jusqu'à dix fois plus.
Bien que les polluants ne représentent que 0,05 % de l'air ambiant, ils peuvent avoir un impact significatif sur la santé et l'environnement.
Évitez les efforts physiques intenses lors des pics de pollution aux particules fines.
Il est recommandé de réduire l'usage de la voiture, surtout sur de courtes distances en ville, et de privilégier le vélo, la marche ou les transports en commun. L'utilisation de véhicules « stop and go » et le covoiturage sont également des moyens efficaces de réduire la pollution.
Actions en Wallonie
Le Plan Air Climat Énergie 2030 de la Wallonie (PACE 2030)
Adopté le 21 mars 2023, le plan PACE 2030 fixe une série de mesures à mettre en œuvre ou à renforcer d’ici 2030 afin de réduire les émissions polluantes. Ces actions ciblent principalement :
- Le secteur résidentiel, avec pour objectif de diminuer les émissions de particules fines (PM) : cela passe par l’installation de systèmes de chauffage au bois plus performants et l’abandon progressif du chauffage au charbon.
- Le secteur agricole, pour réduire les émissions de NH₃, qui peut réagir avec certaines molécules acides présentes dans l’air (oxyde d’azote, oxyde de soufre) pour former des particules fines de sulfate d’ammonium ou de nitrate. Les mesures incluent un meilleur stockage des effluents d’élevage, des techniques d’épandage plus efficaces (comme l’enfouissement ou l’injection), ainsi que des campagnes de sensibilisation aux bonnes pratiques agricoles, notamment lors des pics printaniers de pollution.
- Le secteur des transports, afin de limiter les émissions de particules fines et d’oxydes d’azote (NOₓ) : cela comprend l’interdiction de circulation des véhicules les plus polluants, la régulation du trafic et de la vitesse, ainsi que la création de zones apaisées dans les centres urbains.
Le plan prévoit également de renforcer le réseau de stations de surveillance de la qualité de l’air, afin de mieux suivre l’évolution de la pollution et l’efficacité des mesures mises en place.
Le Plan wallon « Forte chaleur et pics d’ozone »
En Wallonie, c'est l'AViQ qui se charge – via son site web notamment – de sensibiliser la population et les professionnels en lien avec les personnes vulnérables. La Wallonie met en pratique un plan de gestion des vagues de chaleur et des pics d'ozone, divisé en trois phases d'alerte croissante.
- Le premier niveau, « vigilance », consiste à rappeler à la population les mesures élémentaires de prudence, comme l'hydratation et la solidarité envers les personnes isolées.
- Le second niveau, « avertissement » vise à renforcer la vigilance dans les institutions de soins et les services d'urgence. Les médecins généralistes sont également contactés.
- Enfin, la phase « alerte » est déclenchée lorsque des conditions extrêmes d’ozone sont rencontrées. Outre les mesures évoquées ci-dessus, des décisions exceptionnelles comme l'annulation d'événements sportifs peuvent être édictées en collaborations avec les autorités fédérales. Les communes peuvent également être associées à ce plan.
Cliquez ici pour vous inscrire au service gratuit d’information par SMS pour être prévenu en cas de risque de pic d’ozone.
Vous désirez vous informer sur la qualité de l’air ? N’hésitez pas à visiter le site wallonair.be.