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Zones de prévention programmées ou en cours d'étude

Carte : Zones de prévention programmées ou en cours d'étude

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Contexte d'application en Wallonie

En Belgique, la préservation des nappes d'eau du sous-sol wallon est la compétence de la Wallonie. Depuis la date d'entrée en vigueur du Code de l'eau, toute la législation relative à l'eau a intégré les anciens textes réglementaires (décrets et arrêtés). Citons :

  • Les dispositions de l'arrêté du 14.11.91 sont reprises aux articles R. 153. à R. 169. du Chapitre III de la partie réglementaire du code, "Protection des eaux souterraines et des eaux utilisées pour le captage d'eau potabilisable".
  • Les dispositions du décret du 30.04.90 sont notamment reprises aux articles D. 171. à D. 174. du chapitre II de la partie décrétale du code, "Protection des eaux souterraines et des eaux utilisées pour le captage d'eau potabilisable".

Ces textes définissent, entre autres, les zones de prises d'eau, de prévention et de surveillance et précisent les mesures qui devront y être prises.

Dans le cadre de l’établissement de ces zones, des études plus ou moins poussées, selon l’importance du captage, ainsi qu’un inventaire des mesures à prendre, sont réalisées par les producteurs d’eau et financées par la redevance sur la protection des eaux potabilisables. Des actions de prévention y seront menées pour garantir la pérennité de la qualité de l’eau.

La Société Publique de Gestion de l’Eau (SPGE, instituée par le décret du 15 avril 1999) assure la gestion financière des dossiers concernant la protection des eaux potabilisables distribuées par réseaux, par le biais de contrats de service passés avec les producteurs d’eau.

Dans le cadre du traitement administratif et technique des programmes de protection particulière et des dossiers, la Direction des Eaux souterraines (service central et antennes extérieures), assurant un rôle d’assistance technique, reçoit les dossiers de la SPGE et rend, après analyse, un avis sur ceux-ci. La Direction a aussi en charge l’instruction des dossiers de délimitation des zones de prévention et de surveillance, depuis leur préparation jusqu’à la notification des arrêtés aux personnes désignées.

Les phases nécessaires à la détermination des zones de prévention sont les suivantes :

  • avis sur les programmes d'études et d'action et approbation;
  • avis sur les études complètes et approbation;
  • réalisation des enquêtes de commodo et incommodo;
  • délimitation des zones par arrêtés ministériels;
  • avis sur les programmes de mesures;
  • mise en œuvre des mesures.

Types de zones de protection

On distingue (Figure 13) :

La zone de prise d’eau : Zone 1 ou Zone I

C’est la zone, obligatoire pour toute prise d’eau, dans laquelle sont installés les ouvrages de surface strictement nécessaires à la prise d’eau. Elle est justifiée par la nécessité d’exclure tout rejet direct dans une zone, estimée à 10 mètres, fragilisée par la fissuration des terrains affectés par les travaux de l’ouvrage de prise d’eau.

La zone de prévention II

C'est la zone dans laquelle tout polluant atteindra la prise d'eau sans être suffisamment dégradé ou dilué, sans qu'il soit possible de le récupérer efficacement. Deux sous-zones sont distinguées en nappe libre :

  • la zone de prévention rapprochée IIa (ou 2a), proche des installations. En région karstique, les points de pénétration potentiels, dont la liaison avec la prise d'eau est établie, sont également classés en zone IIa.
  • la zone de prévention éloignée IIb (ou 2b). Elle correspond à la zone de prévention, déduction faite de la zone IIa.

Cette distinction permet de moduler les réglementations d'une zone à l'autre en imposant des mesures plus sévères à la zone IIa.

La zone de surveillance : Zone III ou Zone 3

C’est la zone qui comprend le bassin d’alimentation et le bassin hydrogéologique susceptibles d’alimenter une zone de prise d’eau existante ou éventuelle. Dans la mesure du possible, les limites des zones de prévention et de surveillance doivent suivre des tracés naturels ou artificiels, aisément identifiables.

Figure 13 : Type de zones de protection autour des captages de la distribution publique d’eau potable

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La carte 11 présente l’état d’avancement des dossiers des zones de prévention programmées ou en cours d’étude.

Documents intéressants à consulter :

Brochure "Protection des eaux souterraines en Europe" éditée par la Commission européenne.

Arrêté du Gouvernement wallon modifiant le Livre II du Code de l’Environnement contenant le Code de l’Eau et relatif à la protection des eaux souterraines contre la pollution et la détérioration (12 février 2009).

Zones de protection définies par arrêté ministériel

Carte : Zones de protection à l'enquête publique ou arrêtées

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Les méthode retenues pour la détermination des zones de prévention sont définies dans le Code de l'Eau.

Les données nécessaires pour leur mise en œuvre sont, soit tirées de la connaissance déjà acquise de l'aquifère, soit précisées in situ par la réalisation d'études hydrogéologiques locales telles que essais de pompage, essais de traçage, étude géophysique, etc.

Sans entrer dans les détails, on signalera que trois méthodes furent retenues pour la délimitation des zones de prévention :

  • la méthode des distances théoriques tient compte essentiellement de la perméabilité des terrains: zone de prise d'eau (10 m minimum autour des installations), zone de prévention rapprochée IIa (35 m autour des installations de la prise d'eau), zone de prévention IIb (100 m dans les aquifères sableux, 500 m dans les aquifères graveleux et 1000 m dans les aquifères fissurés et karstiques autour de la zone de prévention rapprochée); la zone de surveillance III (délimitée par le bassin d'alimentation et le bassin hydrogéologique).
  • la méthode de la zone d'alimentation basée sur le calcul du rayon d'influence de la prise d'eau à partir des essais de pompage. Les zones de prise d'eau, de prévention rapprochée et de surveillance sont déterminées suivant la méthode des distances théoriques. La zone de prévention éloignée IIb est délimitée à partir de la zone d' alimentation de la prise d'eau.
  • la méthode des temps de transfert : les zones de prise d'eau et de surveillance sont déterminées suivant la méthode des distances théoriques. Les zones de prévention rapprochée et éloignée sont déterminées par les temps de transfert.

La zone de prévention rapprochée IIa est comprise entre le périmètre de la zone I et une ligne située à une distance de l'ouvrage de prise d'eau correspondant à un temps de transfert de l'eau souterraine jusqu'à l'ouvrage égal à 24 heures dans le milieu saturé.

La zone de prévention éloignée IIb est comprise entre le périmètre de la zone IIa et une ligne située à une distance de l'ouvrage de prise d'eau correspondant à un temps de transfert de l'eau souterraine jusqu'à l'ouvrage égal à 50 jours dans le milieu saturé.

Etat d'avancement des dossiers de zones de protection

Pour délimiter une zone de protection d'un ou de plusieurs captages en eau souterraine, le producteur d'eau rentre un dossier qui est pris en charge par l'Administration de la Région wallonne. Ce dossier est instruit sur les plans administratif, technique et scientifique par un hydrogéologue de la Direction des eaux souterraines. Le traitement du dossier se déroule en plusieurs étapes dont les principales sont :

  1. Réception et instruction du dossier
  2. Rédaction d'un projet d'arrêté soumis à l'avis du Ministre
  3. Enquête publique
  4. Approbation de l'arrêté définitif par le Ministre
  5. Publication au Moniteur belge

Consultation

Pour plus d’informations sur les zones de prévention, à l’enquête publique ou approuvées, consultez ce site. Ce site vous permet, grâce à une recherche rapide par commune ou par producteur d’eau, de visualiser, soit la carte et le texte des zones officiellement désignées par arrêté ministériel, soit la carte de chaque zone actuellement soumise à l’enquête publique.

Etat d'avancement en Wallonie

Au 1er février 2024, 382 dossiers de zones de prévention, en vue de protéger les ouvrages de prises d'eau souterraine potabilisable, ont été approuvés par arrêtés ministériel ou du Gouvernement wallon (Tableau 10). Dix-sept dossiers sont au stade d’enquête publique (Tableau 12).

La carte 12 présente les zones de protection à l’enquête publique, à la signature du Ministre ou arrêtées à la date du 1/02/2024.

Un premier dossier de zone de prévention d'eau de surface (Barrage de la Gileppe) est passé à l'enquête publique (cart 12 , n°410) pour un volume d'eau prélevé en 2021 de 14,6 millions de m³.

Tableau 10 : Etat d'avancement des zones de prévention de prises d'eau souterraine

Situation au 1er février 2024 Nombre de dossiers Volume concerné (millions de m3)* Nombre de prises d'eau % volume total** % prises d'eau ***
Dossiers déposés (a) 486 249,8 1 049 91,5 80,1
Dossiers déposés approuvés
(extrait du Tableau de bord ESO)
382b 196,7 836 72 63,9

* basé sur les volumes de 2021, les plus complets disponibles
** basé sur un volume total de 273 millions de m³ 
*** basé sur un nombre total de 1 309 prises d'eau potabilisable

Aux 382b dossiers, il faut ajouter 5 zones de surveillance des minéraliers (dont un agrandissement de celle de Stoumont en 2012) approuvées pour les eaux hors distribution publique (Tableau 11). 

Tableau 11 : Zones de surveillance approuvées par arrêté ministériel ou du Gouvernement wallon

Code zone Dénomination Communes concernées Approbation Publication
Stoumont ECG Eaux carbo-gazeuses de
Stoumont et environs
Stoumont, Aywaille,
Ferrières, Manhay, Durbuy
26/05/1994 14/09/1994
Stoumont (agrandissement) Eaux carbo-gazeuses de
Stoumont et environs
Stoumont, Ferrières 03/05/2012 25/07/2012
Spontin ESE Eaux de Spontin et environs Yvoir, Assesse, Ciney, Hamois 08/11/2000 02/12/2000
Spa ESE Eaux de Spa et environs Spa, Theux, Jalhay, Stoumont,
Stavelot, Aywaille
13/12/2001 01/03/2002
Chaudfontaine ATM Aquifère thermo-minéral
de Chaudfontaine
Chaudfontaine 05/04/2002 03/05/2002
NESTLE_WATERS_BENELUX01  Sources des bois d’Etalle Etalle, Saint-Léger 16/01/2019 22/03/2019

 

Arrêtés ministériels abrogés

Douze arrêtés ministériels des zones de prévention CILE004, AC_FAUFILLERS02, AC_FAUVILLERS03, AC_BULLINGEN05, AC_BUTGENBACH04, AC_BUTGENBACH06, AC_BUTGENBACH07, AC_BUTGENBACH10, AC_TELLIN02, SWDE068, SWDE129 et SWDE095 ont été abrogés.

Deux arrêté sont en cours d'abrogation : SWDE005, INASEP10.
____________

(a) Les chiffres sont issus de l'application (sécurisée) 'Tableau de bord du suivi des zones de prévention des captages d'eau souterraine' TBOES.

A la dernière validation du "Tableau de bord de suivi des zones de prévention" du 1er février 2024, il y avait 679 dossiers et 1 309 prises d'eau pour un volume total extrait en 2021 de 273 millions de m³.

Tableau 12 : Zones de prévention approuvées, à la signature du ministre ou à l’enquête publique

Table : zones de prévention approuvées du 25/03/1999 au 25/03/2004

Table : zones de prévention approuvées du 25/03/2004 au 30/10/2006

Table : zones de prévention approuvées du 30/10/2006 au 23/07/2008

Table : zones de prévention approuvées du 15/09/2008 au 31/01/2013

Table : zones de prévention approuvées du 13/03/2013 au 28/03/2018

Table : zones de préventions approuvées du 28/03/2018 au 05/11/2021

Table : zones de prévention approuvées du 05/11/2021 au 21/12/2022

Table : zones de prévention approuvées du 21/02/2023 au 18/09/2023 + zones de préventions à l'enquête publique au 01/02/2024

Cartes des eaux souterraines

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En 1999, un programme de cartographie des eaux souterraines est initié par le Service publique de Wallonie (DGO 3) en ayant recours à l’externalisation via l’Université de Liège (Hydrogéologie et Géologie de l'Environnement – Campus de Liège) et l’Université de Mons (Cellule d'Hydrogéologie). En 2002, l’Université de Namur (Département de Géologie) et le Département des Sciences et gestion de l'Environnement de l’ULg (Campus d’Arlon) rejoignent le programme. En janvier 2005, la Direction de la Coordination des données, en accord avec la Direction des Eaux souterraines entame une réflexion sur la diffusion de la carte hydrogéologique de Wallonie sur Internet menant, en mai 2006, à la première application « webGIS » des cartes hydrogéologiques de Wallonie ; ces dernières sont alors consultables en ligne et téléchargeables. En octobre 2008, un accord est passé avec le service géologique de Flandre (Databank Ondergrond Vlaanderen DOV) afin que les cartes à cheval sur la frontière linguistique soient complétées avec les données hydrogéologiques flamandes pour assurer la continuité entre les deux régions. Au fur et à mesure des années, la couverture cartographique hydrogéologique de la Région wallonne s’étoffera pour se « clôturer » en 2018 avec 118 cartes disponibles.

Depuis décembre 2018 :

  • 109 sont consultables dynamiquement sur le site et téléchargeables sous différents formats : poster et notice explicative pdf, carte principale géoréférencée, tableau lithostratigraphique et coupe(s) hydrogéologique(s) au format pdf) ;
  • 9 cartes « au format image » sont consultables de manière non dynamique sur le site mais sont consultables à l’administration.

Ce projet novateur a permis de cartographier les ressources en eaux souterraines de la Wallonie à l'échelle du 1/25 000ème, soit 119 cartes ; une carte pouvant couvrir plusieurs planches IGN au 1/25 000ème (planche de 10x16 km) lorsqu’elle se situe aux frontières du territoire wallon (Carte 13).

Le projet « Cartes hydrogéologiques de Wallonie » s’inscrit dans la politique de la gestion sur le long terme de la ressource en eau douce dont la Directive cadre sur l’eau (DIRECTIVE 2000/60/CE) traite. A cet égard, il constitue un outil indispensable à l’étude, la gestion et la protection de la ressource en eau douce en constituant un document essentiel pour toute personne, société ou institution publique impliquée dans la gestion qualitative et quantitative des ressources en eaux souterraines et plus généralement pour tout acteur dans le domaine de l'environnement et de l'aménagement du territoire. Elle synthétise les informations hydrogéologiques disponibles à l'échelle régionale ; l'objectif principal étant de fournir des informations sur les aquifères comme notamment le type, l'extension, la géométrie, la piézométrie, la vulnérabilité, les volumes prélevés ainsi que les caractéristiques hydrochimiques et hydrodynamiques. Le public de la carte hydrogéologique est donc très large et les applications diversifiées.

La prochaine étape de ce projet est d’une part d’intégrer le projet « WalOnMap » ; un système ouvert, cohérent et coordonné permettant l’échange d’informations évitant tant les doublons que les incompatibilités et d’autre part, de mettre à disposition de tous les acteurs, via internet, l’ensemble des données hydrogéologiques en Wallonie.

La réalisation de la carte hydrogéologique nécessite la collecte et la synthèse de nombreuses données provenant de sources multiples et variées (Figure 14) telles que le Service public de Wallonie, le Service Géologique de Belgique, les sociétés de distribution d’eau, les bureaux d’études en environnement, les sociétés de forage, les industries ou encore les particuliers. Ces données se composent principalement d'informations géologiques, hydrologiques (réseau hydrographique, station limnimétrique, etc.), hydrogéologiques (piézométrie, hydrochimie, etc.), techniques (équipement des puits, etc.) ou plus générales (fond topographique, réseau hydrographique, etc.). Ces dernières sont complétées par des campagnes de mesures et de recherches d'informations sur le terrain et sont in fine structurées, harmonisées et stockées dans une base de données géorelationnelle (FGDB) sur un serveur du SPW Environnement pour leur mise à disposition sous différentes formes (application cartographique, poster pdf, carte géoréférencée téléchargeable, etc.).

Figure 14 : Sources des données hydrogéologiques et schéma de production des outils hydrogéologiques (carte, site, application cartographique) et des produits dérivés

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Le layout des posters des cartes hydrogéologiques éditées à partir de 2023 fera peau neuve (Figure15). Ceci afin d’optimiser la qualité et la quantité des données représentées sur ce format papier. La nouvelle application cartographique sera lancée sur Cigale 4.0 dans le courant de l’année 2023.

Figure 15 : Exemple d’un poster de carte hydrogéologique de Wallonie

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Planning d'édition

En 2023 deux cartes sont sorties et son disponibles pour le téléchargement :

  • 32/5-6 Duisbourg - Hamme-Mille ;
  • 40/3-4 Jodoigne - Jauche

En 2024 est prévue la sortie de la carte 59/7-8 Grupont - Saint-Hubert (Carte 13) avec le nouveau fond (hydro)géologique.

En résumé

  • Les cartes hydrogéologiques synthétisent l’information disponible à l’échelle régionale et constituent un outil de gestion quantitative et qualitative des eaux souterraines pour un public varié ;
  • La Wallonie est couverte par 119 carte au 1/25 000ème : 118 sont consultables, 108 téléchargeables via notre section sur la Carte hydrogéologique de Wallonie et 9 restent à éditer ;
  • Une nouvelle application WebGis sortira dans le courant de l’année 2024 ;
  • Deux nouvelles cartes sont disponibles au format pdf, basées sur le nouveau fond (hydro)géologique depuis 2023 : 32/5-6 Duisbourg - Hamme-Mille et 40/3-4 Jodoigne - Jauche ;
  • La carte 59/7-8 Grupont - Saint-Hubert, basée sur le nouveau fond (hydro)géologique, sortira en 2024.

Cartographie de la vulnérabilité des eaux souterraines

Carte : cartographie de la vulnérabilité intrinsèque des nappes d'eau souterraine du premier niveau aquifère rencontré

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L’évaluation et la cartographie de la vulnérabilité des eaux souterraines visent à refléter la variabilité spatiale de la sensibilité de ces eaux à des pollutions ayant cours à la surface.

Les études de vulnérabilité font généralement la distinction entre trois notions : la vulnérabilité intrinsèque, la vulnérabilité spécifique et le risque. La vulnérabilité intrinsèque reflète la capacité du milieu à réduire naturellement toute contamination, indépendamment de la nature et de la quantité de contaminant, de ses propriétés, du mode d’émission (instantanée ou permanente, ponctuelle ou diffuse) et de la probabilité d’occurrence. Son évaluation repose sur les caractéristiques géologiques, géographiques, hydrologiques et hydrogéologiques du bassin étudié. La vulnérabilité spécifique ajoute à l’analyse précédente la prise en compte des interactions chimiques, physiques ou microbiennes possibles entre le milieu souterrain et le contaminant (dégradation, sorption – désorption, …). De façon générale, le risque tient compte des scénarios possibles de pollution dans le bassin (distribution spatiale et temporelle du polluant : pollution ponctuelle ou diffuse, instantanée ou continue…), de la probabilité d’occurrence des événements polluants et de l’ampleur des conséquences de cette pollution.

Des nombreuses techniques ont été développées en vue d’évaluer et de cartographier la vulnérabilité des eaux souterraines, les plus connues étant les méthodes multicritères d’indexation et de pondération de facteurs tels que des paramètres géologiques (épaisseur de la couverture ou de la zone non saturée, perméabilité des terrains), géomorphologiques (pentes, accidents particuliers), environnementaux (occupation du sol,...). Un système d’indexation est mis en place, des points étant attribués aux différents facteurs considérés (par exemple, des points de 0 à 10 pour des classes de pentes). Des pondérations sont ensuite appliquées, afin de mettre en évidence, voire de favoriser l’importance de certains facteurs. L’indice final de vulnérabilité est généralement obtenu par une combinaison des indices pondérés des facteurs (le plus souvent, une addition). La variabilité spatiale de ces valeurs est généralement visualisée à l’aide d’un système d’information géographique. La dernière étape est la reclassification des indices numériques finaux en un nombre plus réduit de classes de vulnérabilité (par exemple : très, moyennement et peu vulnérable) et la réalisation de la carte de vulnérabilité.

Une des premières méthodes d’indexation et de pondération des facteurs et une des plus utilisées dans le monde est DRASTIC, développée pour le U.S. Environmental Protection Agency (EPA) par Aller et al.(1987). Malgré leur utilisation répandue, on peut citer des nombreux inconvénients associés à ces méthodes d’indexation et de pondération : la subjectivité des systèmes de combinaison et du choix des valeurs pivots, l’empirisme des équations, le choix, différent d’une méthode à l’autre, des paramètres et facteurs qui doivent être pris en considération, mais surtout la difficulté de valider et interpréter les résultats et donc d’utiliser en pratique de telles cartes. Beaucoup de pays ont développé leur propre méthode, adaptée aux conditions et sensibilités locales, éventuellement en liaison avec la législation locale, en s’inspirant éventuellement de l’une ou l’autre méthode existante.

Dans le cadre de la convention RW – SPGE – FUSAGx « Evaluation des mesures prises pour réduire les incidences de la pollution diffuse d’origine agricole et domestique sur la qualité des masses d’eau de surface et souterraines de la Région wallonne à l’aide du modèle EPICgrid - projet Qualvados », la recharge annuelle a été considérée comme un critère de classement de vulnérabilité. Cette méthodologie peut être considérée comme une première approximation. En effet, le devenir d’une éventuelle pollution dépend de la recharge de la nappe, qui est le vecteur principal de mobilité verticale des polluants vers la ressource en eau souterraine. Mais il faut tenir compte en plus de la capacité d’atténuation du milieu souterrain entre la surface et le toit de la nappe d’eau souterraine, voire en son sein. En outre, pour une meilleure comparaison entre les masses d’eau souterraines, à l’évaluation de la recharge on peut ajouter celle des réserves (plus les réserves sont importantes, moins la nappe est vulnérable), voire le taux de renouvellement. Pour la plupart des masses d’eau, ces données ne sont actuellement pas disponibles.

La méthodologie retenue par la Wallonie dans le cadre de la convention RW – ULG « Tests d’une méthode de cartographie de la vulnérabilité intrinsèque applicable aux nappes aquifères de la Région Wallonne » (Popescu et al., 2004). Elle a été nommée ultérieurement Apsû (protection des aquifères par évaluation de leur sensitivité – vulnérabilité). En considérant que le point de départ des problèmes des méthodes « classiques » est le manque de clarté de la définition du concept de vulnérabilité, la nouvelle approche repose sur trois questions et trois critères associés reflétant objectivement et de manière physiquement basée la sensibilité de l’eau souterraine aux pollutions :

  1. si une pollution se produit, combien de temps mettra-t-elle pour arriver à la nappe d’eau souterraine (temps de transfert) ?
  2. si elle l’atteint, quel sera le niveau potentiel de contamination (niveau de concentration) ? et
  3. combien de temps cette contamination sera-t-elle susceptible de durer (durée potentielle de pollution) ?

La méthode tient compte des conditions d’infiltration – ruissellement et de possibilités de by-pass de la zone non-saturée (dangerosité de la surface du sol). Pour l’évaluation de la vulnérabilité intrinsèque, seul le critère de temps de transfert dans la zone non-saturée est retenu (un niveau de concentration ne peut être vraiment évalué en « intrinsèque » et la durée et le temps de transfert sont liés – plus court le temps de transfert, plus courte la durée de pollution). Les classes de temps de transfert ont été établies en analogie avec les zones de prévention et le cycle hydrologique (Tableau 13).

Tableau 13 : Classe de transfert : relation entre vulnérabilité et temps de transfert

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La méthode Apsû a été testée dans un premier temps sur les bassins du Hoyoux et du Néblon, ensuite sur les bassins de Sprimont et de la Berwinne et enfin, à l'ensemble de la Wallonie.

Une cartographie de la vulnérabilité intrinsèque des nappes d’eau souterraine du premier horizon (premier niveau saturé en eau rencontré depuis la surface du sol) a été réalisée durant les deuxièmes Plans de gestion (Carte 14).

Généralement, la vulnérabilité intrinsèque est très élevée dans les fonds de vallées et moyenne à faible sur les plateaux. Les unités hydrogéologiques moins perméables (ex : manteau d’altération des formations géologiques en Ardenne, aquitards…) où la nappe est plus superficielle ont une vulnérabilité élevée car les temps de transfert escomptés sont a priori relativement courts. Il en est de même dans les zones des tourbières et aux sols avec drainage à engorgement d’eau temporaire ou permanent, où l’eau est très proche de la surface. Ces contextes hydrogéologiques se rencontrent plus dans le district de la Meuse et du Rhin. Les zones apparaissant en vert sur la carte correspondent à des contextes de nappes relativement profondes et/ou protégées par une ou plusieurs couches. C’est le cas du Socle du Brabant (recouvert par des unités tertiaires peu perméables), mais aussi des craies (là où elles sont surmontées des limons, par exemple) ou encore des unités calcaires des districts de l’Escaut et de la Meuse (à l’exception de certaines zones, comme celles où il y a des phénomènes karstiques ou dans les vallées sans couverture tertiaire).

La méthode est en cours d’adaptation dans le cadre d’une nouvelle convention avec l’université de Liège démarrée en juin 2019 pour une période de 42 mois, pour être applicable à un aquifère ou une masse d’eau souterraine spécifique, ainsi que pour cartographier la vulnérabilité spécifique de l’eau souterraine à certains polluants et croiser ces informations avec des cartes d’aléa liées aux activités potentiellement polluantes en vue de déterminer un risque de pollution de l’eau souterraine.

Références :

  • Aller, L., Bennet, T., Lehr, H.J., Petty, J.R., Hackett, G. (1987) DRASTIC : A standardized system for evaluating ground water pollution potential using hydrogeologic settings, Robert S. Kerr Environmental Research Laboratory, U.S. Environmental Protection Agency Report EPA-600/2-87-035.
  • Rao, P., Hornby, A., Jessup, R. (1985) Indices for ranking the potential for pesticide contamination of groundwater, Soil and Crop Science Society of Florida, 44, 1985.
  • Sulmon, R.P., Pinte, D. , Simon, B., Vanclooster, M. (2006) Cartographie de la vulnérabilité de la ressource. Rap. final "Caractérisation des masses d’eau souterraine du Bassin de l’Escaut en Région Wallonne à partir des connaissances disponibles sur les aquifères", Convention RW-FPMS, UCL.
  • Dautrebande, S., Degré, A., Sohier, C., Hallet, V., Barbier, F., (2008) Evaluation des mesures prises pour réduire les incidences de la pollution diffuse d’origine agricole et domestique sur la qualité des masses d’eau de surface et souterraines de la Région wallonne à l’aide du modèle EPICgrid - projet Qualvados. Convention RW- SPGE-FUSAGx-FUNDP.
  • Popescu, I.C., Dachy, M., Brouyère, S., Dassargues, A. (2004) Tests d’une méthode de cartographie de la vulnérabilité intrinsèque applicable aux nappes aquifères de la Région Wallonne. Application à l’aquifère calcaire du Néblon. Convention RW-Ulg.

En résumé

  • Une carte de vulnérabilité est un outil pour la gestion du territoire intégrant une politique de protection à long terme des ressources en eau souterraine.
  • Il existe une multitude de techniques pour évaluer la vulnérabilité des eaux souterraines. Les plus connues sont les méthodes d’indexation et de pondération de facteurs.
  • En Wallonie, la méthodologie retenue propose un concept physiquement basé avec des critères validables. Dans un premier temps, l’évaluation de la vulnérabilité intrinsèque a été faite (sans s’adresser donc à un polluant spécifique).