Aspects quantitatifs
Prises d'eau actives et volumes prélevés
En Wallonie, il existe des milliers de prises d'eau en activité, réparties sur tout le territoire. Les volumes captés varient selon les nappes aquifères. La production d'eau potable représente une part significative des prélèvements en eau souterraine, suivie par les industries, l'agriculture, et d'autres usages. Les eaux souterraines sont les plus sollicitées en termes de volumes réellement utilisés, tandis qu'une grande partie des eaux de surface prélevées retourne rapidement dans les cours d'eau après utilisation pour le refroidissement.
La production d'eau souterraine potabilisable est majoritairement assurée par quelques grandes sociétés et intercommunales, avec une part importante réalisée par la Société Wallonne des Eaux (SWDE), VIVAQUA et la Compagnie Intercommunale Liégeoise des Eaux (CILE). La distribution publique d'eau potable est également dominée par la SWDE, avec d'autres compagnies et administrations communales contribuant à la couverture des besoins en eau potable de la Wallonie.
La banque de données "Dix-sous" compile des informations sur les prises d'eau souterraine et potabilisable ainsi que sur les piézomètres. Elle contient des données sur les caractéristiques des ouvrages, les volumes annuels prélevés et les niveaux piézométriques mesurés. Ces informations sont utilisées pour la gestion des dossiers, l'établissement de statistiques, l'alimentation de modèles mathématiques et la perception des taxes sur l'eau. La banque de données est accessible via un environnement Intranet, facilitant son utilisation par de nombreux utilisateurs.
Un outil clé de cette banque de données est l'"approche géocentrique", qui permet de fournir des listes de prises d'eau et de piézomètres dans un périmètre défini pour diverses études et demandes de permis. Cet outil est également disponible en ligne, offrant des fonctionnalités similaires et permettant des recherches géocentriques autour de points de coordonnées connues. Deux types d'accès sont prévus : un accès public et un accès spécialisé pour les experts, ce dernier nécessitant une demande par e-mail.
Les principales prises d’eau
En Wallonie on prélève principalement l’eau dans les formations calcaires et crayeuses, représentant respectivement 54% et 21% du total prélevé. Ces aquifères sont largement étendus, particulièrement dans la partie nord de la Wallonie, et fournissent une eau de bonne qualité. Les principales prises d'eau se trouvent dans les régions de Mons, Namur et le Condroz.
Les formations schisto-gréseuses du Dévonien et le socle cambro-silurien représentent 7,3% du total prélevé. Ces aquifères sont peu productifs et l'eau est souvent captée à proximité de la surface. Les prélèvements dans les sables du Tertiaire représentent 5,7% du total. Ces aquifères sont moins productifs et plus vulnérables, mais leur exploitation est intense en raison de leur situation en milieu urbanisé.
Environ 4% du total est prélevé dans les dépôts du Quaternaire, principalement dans la nappe alluviale des graviers de Meuse. Ces prises d'eau sont surtout industrielles, mais certaines sont destinées à la distribution publique. Enfin, 3,3% du total est prélevé dans les formations du Secondaire Jurassique dans le sud de la province de Luxembourg. Ces aquifères gréseux sont productifs et de bonne qualité, mais peu étendus et situés dans une région faiblement urbanisée.
Sur les 362,5 millions de m³ d'eau potable produits annuellement en Wallonie, environ 132,9 millions de m³ sont exportés vers la Région de Bruxelles-Capitale et la Flandre. Environ 20% de l'eau prélevée n'arrive pas au consommateur, notamment en raison des pertes en cours de transport.
Réserves, ressources et taux d’exploitation des nappes d’eau souterraine
La gestion durable de l'eau souterraine consiste à définir des limites de prélèvement pour garantir la pérennité de la ressource. Un indicateur utilisé est le taux d'exploitation, qui compare les volumes prélevés aux flux transitant via les aquifères. L'évolution de la ressource dépend du climat et de l'exploitation. Actuellement, on surveille les niveaux des nappes pour détecter des déséquilibres, bien que cette méthode ne permette pas d'anticiper les problèmes. En Wallonie, la plupart des nappes ne sont pas surexploitées, malgré l'exportation d'environ 37% de la production d'eau potable.
Certaines nappes, comme celle des Calcaires carbonifères du Tournaisis, ont été surexploitées, nécessitant une réduction des prélèvements pour stabiliser les niveaux. Des efforts conjoints depuis les années 90 ont permis de réduire cette surexploitation. Le projet Interreg SCALDWIN a modélisé la nappe pour simuler des scénarios d'exploitation et estimer leur impact à long terme. Un accord de coopération entre la Flandre et la Wallonie a permis de limiter depuis 1997 les prélèvements dans le calcaire carbonifère du Tournaisis pour une gestion durable de la ressource.