Qualité microbiologique de l'eau consommée
Une bonne qualité microbiologique de l’eau de distribution est essentielle afin de limiter l’apparition de pathologies telles que les gastro-entérites.
Principe d’indicateurs fécaux
Le principal danger microbiologique réside dans l'ingestion d'une eau contaminée par des matières fécales d'origine humaine ou animale, les fèces étant des vecteurs potentiels de microorganismes pathogènes. Étant donné la multitude des microorganismes pathogènes potentiellement présents dans l'eau et la complexité des méthodes de détection, la stratégie de contrôle de la qualité microbiologique de l’eau distribuée est basée sur la recherche d’indicateurs fécaux.
Dans l'eau de distribution, on recherche la présence d'Escherichia coli (E. coli) et d’Enterococcus faecelis (entérocoques), deux bactéries indicatrices de pollution fécale dont la présence laisse supposer l’existence de microorganismes pathogènes pour l’homme.
Escherichia coli
Bactérie faisant partie du groupe des coliformes, E. coli constitue le seul membre de ce groupe que l'on trouve exclusivement dans les matières fécales des humains et des animaux. Les autres membres de ce groupe peuvent quant à eux se retrouver dans l'eau, le sol, la végétation, ainsi que dans les matières fécales. A ce titre, il est de plus en plus considéré comme l’organisme indicateur spécifique d’une pollution fécale. Sa détection dans une eau indique donc la présence possible de microorganismes pathogènes d'origine entérique. La presque totalité des souches d'E. coli ne sont pas pathogènes puisque cette bactérie est un hôte normal de l'intestin des mammifères. Cependant, six souches d'E. coli peuvent être pathogènes provoquant alors des gastro-entérites, des infections urinaires, des méningites, ou des septicémies.
Il est intéressant de souligner qu'E. coli peut survivre jusqu’à trois mois dans une eau non traitée mais il est très sensible à la chloration et est rapidement inactivé par une concentration de chlore libre résiduel variant de 0,2 à 1 mg par litre. Les bactéries n’ayant pas été inactivées ou détruites par la chloration sont par ailleurs capables de survivre pendant quelques jours dans le réseau de distribution, sans toutefois proliférer.
Escherichia coli - micrographie électronique (MEB, 3000x)
Enterococcus faecelis (entérocoques fécaux)
Un nombre restreint (3 à 10 bactéries dans 100 ml) suffit pour qu’il y ait un risque accru de développer une gastro-entérite. Comparativement à E. coli (et les autres coliformes), les entérocoques persistent plus longtemps dans l’eau notamment à cause de leur résistance notoire aux agents désinfectants et aux conditions environnementales difficiles.
Enterococcus faecelis - micrographie électronique (MEB, 2235x)
Valeur paramétrique
La concentration maximale acceptable d'E. coli et d'entérocoques dans l'eau potable a été établie à « aucun microorganisme détectable par volume de 100 ml », autrement dit l'absence de colonie dans 100 ml d'échantillon. Légalement, il s’agit de paramètres pour lesquels le respect de la valeur paramétrique est impératif.
Non-conformité
Signalons en premier lieu que le taux de conformité global des analyses est de 99% en 2023.
La première cause de non-conformité de l'eau est liée à la présence de bactéries indicatrices de pollution fécale avec 42% des non-conformités.
En ce qui concerne la qualité microbiologique, le respect de la valeur paramétrique (0 colonie/100 ml) nécessite parfois des traitements de désinfection. Parmi ceux-ci, la chloration est le procédé le plus couramment utilisé. Les produits chlorés sont efficaces et demeurent actifs jusqu’au robinet du consommateur.
Les non-conformités microbiologiques (présence d’E. coli et/ou d’entérocoques) touchent en réalité un très faible nombre d’abonnés. En effet, comme le montre le graphique ci-dessous, seulement 0,4% des abonnés wallons ont connu sur la période 2021-2023 des problèmes fréquents ou récurrents de non-conformité de leur eau, tandis que 1,0% connaissaient des problèmes occasionnels (taux de conformité situé entre 90 et 95%). La grande majorité des abonnés (87,4%) ont reçu une eau dont le taux de conformité est excellent (supérieur à 99%).
Il est également important de souligner que 67% des non-conformités ne dépassaient pas 5 bactéries par 100 ml sur la période 2021-2023.
Zones de distribution rurales concernées
De manière générale, plus la zone de distribution d’eau est importante en terme d’abonnés, meilleure est la conformité microbiologique.
Ce problème est en réalité rencontré pour certains services de distribution dans les provinces de Liège et Luxembourg, suite à la vulnérabilité de leurs captages particulièrement en temps de crue (captages superficiels) et surtout à l’absence de désinfection systématique de l’eau.
A l’inverse, les grandes zones de distribution sont quasi toutes équipées d’un système de désinfection permanent. De plus, les captages alimentant les grandes zones de distribution sont généralement prioritaires pour la mise en place des zones de prévention étant donné l’importance du volume produit.
La carte ci-dessous reprend les taux de conformité bactériologiques (absence de E. coli et/ou Entérocoques) par zone de distribution pour la période 2021-2023.
Qualité microbiologique de l'eau distribuée en Wallonie pour la période 2021 - 2023
En résumé
- La qualité microbiologique de l’eau potable est évaluée par la recherche de bactéries indicatrices de contamination fécale (E. coli, entérocoques).
- La valeur paramétrique est l’absence de colonies dans 100 ml d’échantillon d’eau.
- Les non-conformités microbiologiques sont les plus fréquentes.
- Cependant, elles ne concernent que très peu d’abonnés, se rapportent à des zones de distribution de petite taille, et ne s’appliquent qu’à certains distributeurs par suite de la vulnérabilité des captages et de l’absence de désinfection en permanence.