Curage des cours d’eau : enjeux et bonnes pratiques

 

Illustration curage.pngFace aux inondations, beaucoup pensent qu’il faudrait curer davantage nos rivières, c’est-à-dire retirer les dépôts de terre et de cailloux pour laisser plus de place à l’eau. Pourtant, cette idée ne correspond plus aux pratiques modernes de gestion des cours d’eau !

Une idée reçue : « On ne cure plus assez les rivières »

Pendant longtemps, on a cru que retirer les sédiments (terre, cailloux) du lit des rivières permettait de mieux évacuer l’eau et de prévenir les crues. Cette approche, bien qu’intuitive, a montré ses limites : elle peut aggraver les inondations en envoyant l’eau trop rapidement vers l’aval.

Une gestion moderne : ralentir plutôt qu’accélérer

Aujourd’hui, la stratégie a changé : il s’agit de ralentir l’eau pour limiter les crues et protéger les milieux naturels. Cela passe par :

  • Le maintien des cailloux dans le lit de la rivière
  • Le développement de la végétation
  • La préservation des méandres naturels
  • L’aménagement raisonné du lit mineur

Ces actions permettent à l’eau de perdre de l’énergie, réduisant les dégâts liés aux inondations.

Curer, oui… mais seulement si nécessaire

Le curage ne doit être envisagé qu’en dernier recours, notamment :

  • Dans les zones urbanisées à fort risque d’inondation
  • Lorsque des dépôts entravent trop l’écoulement de l’eau

Dans les zones naturelles, où la biodiversité est riche et joue un rôle dans la régulation des eaux, le curage est à éviter.

Avant de curer : comprendre et évaluer

Avant toute intervention, il est essentiel :

  1. D’identifier la cause du dépôt : érosion, barrage de castor, rejets, etc.
  2. D’évaluer l’urgence : en fonction des enjeux d’inondation
  3. De consulter les acteurs concernés : Département de la Nature et des Forêts, Service Cours d’eau de la Province, etc.
  4. De vérifier les contraintes environnementales : Natura 2000, réserves naturelles…

Comment curer sans nuire ?

Si le curage est nécessaire, il doit être :

  • Limité au strict nécessaire
  • Réalisé hors période de frai et en basses eaux
  • Sans recalibrage du cours d’eau (pas d’élargissement ou approfondissement)
  • Sans circulation d’engins dans le lit ou sur les berges (sauf autorisation)
  • Accompagné de filtres à sédiments pour éviter la pollution en aval

Que faire des boues de curage ?

Les matières retirées doivent être :

  • Étalées en fine couche sur les terrains riverains (si non polluées)
  • Échantillonnées et analysées si leur qualité est incertaine
  • Éliminées ou valorisées selon leur classification (catégorie A ou B)

Une gestion concertée et durable

Le SPW ARNE encourage une gestion intégrée des cours d’eau, fondée sur la concertation, la planification à long terme et le respect des écosystèmes.