Plans de tir
Outre le respect des dates d'ouverture et de fermeture de la chasse, le chasseur peut être dans l'obligation de détenir un plan de tir pour pouvoir chasser certaines espèces gibiers (article 1er quater de la loi sur la chasse). Le plan de tir détermine le nombre d'animaux, répartis le cas échéant en fonction de leur type, de leur âge et de leur sexe, qui doivent ou qui peuvent être tirés sur un territoire déterminé.
Actuellement, seule la chasse au Cerf est soumise à l'obligation de détenir un plan de tir, et ce, depuis la saison cynégétique 1989-1990. Compte tenu des caractéristiques de cette espèce et en particulier de son domaine vital très important, c'est assurément l'espèce pour laquelle l'instauration du Plan de tir était la plus indiquée.
En certains endroits de la forêt wallonne, d’autres espèces comme le Chevreuil, le Sanglier ou le Mouflon peuvent également être soumises à un plan de tir fixé par le bailleur au locataire selon des dispositions qui sont précisées dans un cahier de charge. On parle dans ce cas de plan de tir contractuel. Ce sont généralement des communes ou la Région wallonne qui imposent parfois de tels plans de tir sur certains lots de chasse où l’on souhaite réduire des densités qui entrainent des dégâts à l’agriculture ou à la forêt.
Plans de tir Cerf
Le Cerf est la seule espèce dont la chasse est soumise à la détention d’un plan de tir légal. Le non-respect de ce plan de tir constitue une infraction qui peut être punie d’une amende dont la fourchette du montant est fixée dans la loi.
La procédure pour l’obtention d’un plan de tir est fixée dans un arrêté réglementaire (Arrêté de l’Exécutif régional wallon du 22 avril 1993) :
- La demande de Plan de tir doit être introduite auprès du chef de cantonnement du DNF territorialement compétent, pour le 20 mai de chaque année. Selon le cas, c'est soit le titulaire du droit de chasse soit le Conseil cynégétique pour l'ensemble de ses membres qui introduit cette demande qui reprend notamment l'indication de la superficie boisée du territoire ainsi que des prélèvements effectués sur celui-ci au cours des 3 saisons de chasse précédentes.
- La décision d'attribution du Plan de tir est prise par le directeur du DNF territorialement compétent, pour le 20 juin au plus tard.
- Dans les 10 jours de la notification de la décision, le chasseur ou le Conseil cynégétique a la possibilité d'introduire un recours auprès du Ministre contre cette décision.
- Le Ministre statue sur les recours pour le 14 septembre au plus tard, après avoir pris l'avis d'une Commission ad hoc composée de 3 représentants du DNF, 2 représentants de la Fédération des Chasseurs au Grand gibier et 2 membres du pôle « Ruralité, section « Chasse ».
Richard FISHER – Flickr.com
Bracelets destinés aux cerfs prélevés en Wallonie
Sur le plan du contrôle de la bonne exécution du Plan de tir, l'arrêté précité prévoit, d'une part, l'obligation d'apposer sur tout cerf tiré un bracelet (rouge pour les grands cerfs, mauves pour les petits cerfs, blanc pour les non-boisés) et, d'autre part, l'établissement d'un constat de tir ou mortalité par un agent du DNF. Si l'on se réfère à ce qui se pratique dans les pays voisins au niveau des plans de chasse, ce double contrôle est tout à fait exceptionnel et permet à la Région wallonne d'avoir à sa disposition un outil de grande qualité pour pouvoir suivre rigoureusement les prélèvements de l'espèce Cerf.
Afin d’établir un plan de tir, il est indispensable de pouvoir estimer le niveau de la population de cerfs. Etant donné l'impossibilité de recenser les populations sauvages de manière exhaustive, il est nécessaire de recourir à des indicateurs qui traduisent la variation de leur abondance relative.
La méthode standardisée utilisée actuellement par l’administration permet d’estimer chaque printemps la densité des populations de cerfs en faisant appel à
- des comptages nocturnes aux phares, durant lesquels on dénombre les cerfs observés la nuit à l'aide de deux phares portatifs sur des circuits prédéfinis, parcourus plusieurs fois en voiture, permettant de déterminer d’un Indice Nocturne d’Abondance (INA), et
- au suivi des tableaux de chasse sur les 3 dernières saisons de chasse.
Comptage nocturne aux phares
Plus d'infos
- Les cervidés | Mammifères | Espèces | La biodiversité en Wallonie
- Arrêté de l’Exécutif régional wallon du 22 avril 1993 relatif au plan de tir pour la chasse au Cerf
Plan de tir Sanglier
En Wallonie, il n’existe pas de plan de tir réglementaire au sanglier. En effet, contrairement à l’espèce Cerf, les populations sont très compliquées à estimer, de même que leur évolution d’une année à l’autre.
Ces dernières années, depuis 2019, le Ministre Willy Borsus a néanmoins souhaité un plan de tir sur base volontaire pour les conseils cynégétiques (CC) les plus vifs en sangliers. L’avantage d’une telle mesure était de conscientiser ces conseils cynégétiques à l’atteinte d’un objectif fixé en accord avec le Département de la Nature et des Forêts (SPW ARNE).
Aucun plan de tir sur base volontaire n’a été prévu pour la saison 2024-2025, excepté sur la Direction de Namur (initiative personnelle du Directeur DNF).
Saison | Nb CC participants | Objectifs | Tirs réalisés | Taux de réalisation |
---|---|---|---|---|
2019-2020 | 15 | 18.317 sangliers | 19.277 sangliers | 105 % |
2020-2021 | 20 | 15.042 sangliers | 11.839 sangliers | 79 % |
2021-2022 | 24 | 24.756 sangliers | 23.262 sangliers | 94 % |
2022-2023 | 25 | 25.432 sangliers | 20.559 sangliers | 81 % |
2023-2024* | 22 | 20.388 sangliers | 22.566 sangliers | 111% |
* : résultats partiels
L’objectif global de tir a tantôt été atteint « facilement » (saisons 2019-2020 et 2023-2024), presque atteint (saison 2021-2022), ou loin d’être atteint (saisons 2020-2021 et 2022-2023). Cela ne semble pas lié à une bonne ou une mauvaise volonté de la part des chasseurs, mais plutôt au niveau de la population qui n’a pas pu être estimé de façon assez fine. Ou encore à des aléas imprévisibles tels que les restrictions Covid en 2020 ou la chute tardive des feuilles et la glandée abondante en 2022, maintenant les animaux au bois et y provoquant des concentrations importantes par endroits.
© Pierre Taymans