
Le TFA, un composé chimique très stable et présent dans l’environnement, fait désormais l’objet d’un suivi renforcé en Wallonie afin d’évaluer sa présence dans l’eau potable et d’anticiper tout risque potentiel.
L’acide trifluoroacétique (TFA : CF3COOH) est le plus petit PFAS que l’on puisse envisager. Il est classé dans les « ultra-short chain PFAS » et ne peut pas être apparenté aux PFAS à longue chaine (nombre de carbone ≥ 6) tels que le PFOS et le PFOA. Comme tous les PFAS, il présente une remarquable stabilité thermique, chimique et biologique. Très soluble dans l’eau, il est très mobile et on le retrouve dans différentes matrices environnementales, notamment la pluie, le brouillard, les eaux avec de grands réservoirs dans les océans. Il s’accumule dans l’atmosphère et ne subit pas de dégradation photochimique. Par contre, le TFA n’est sujet ni à la bioaccumulation, ni à la biomagnification (Ellis et al., 2001).
Les sources potentielles de TFA identifiées sont multiples. Il est un sous-produit de la dégradation de certains produits chimiques, notamment les fluides réfrigérants (HFC) et d'autres composés fluorés. C’est également un produit de dégradation de certains produits phytosanitaires.
A l’heure actuelle, la probabilité que le TFA soit toxique pour les organismes vivants (mammifères) est considérée comme très faible. Des études doivent encore être menées pour déterminer les effets d’une toxicité chronique du TFA.
Le TFA n’est pas pris spécifiquement en considération dans la réglementation européenne et régionale relative à l’eau destinée à la consommation humaine. Il n’existe pas non plus à ce jour de recommandation sanitaire en fonction du niveau d’exposition.
A la demande du Gouvernement wallon, le Conseil scientifique indépendant (CSI) PFAS s’est alors penché sur la toxicité du TFA et, au terme de son analyse, a recommandé comme valeur guide la concentration de maximum 2,2 µg/l de TFA dans le réseau d’eau potable wallon.
Dans l’attente d’une valeur sanitaire relative au TFA, le ministre a décidé d’utiliser cette valeur guide comme critère afin d’imposer la surveillance du TFA dans l’eau distribuée et dans les ressources en eau concernées. Tout dépassement de cette valeur guide par le TFA dans l’eau de distribution nécessite un plan de surveillance accru afin d’identifier les sources de contamination au TFA et prendre les mesures opérationnelles en vue de les contrôler. Il s’agit d’une mesure temporaire et supplémentaire à la norme de 0,10 µg/l pour la somme des 20 PFAS dans l’eau de distribution en vigueur à partir du 20 février 2025.
Pour caractériser la situation en Wallonie, la Région wallonne a chargé la SWDE de coordonner un monitoring du TFA dans l’eau de distribution de l’ensemble du territoire wallon. Il a été demandé à tous les distributeurs de s’assurer qu’un prélèvement sur chacune des 642 zones de distribution soit réalisé d’ici le 15 juillet 2024 au plus tard, de manière à pouvoir y inclure l’analyse du TFA.
36 zones de distribution, dont la teneur était supérieure à 1,5 µg/l lors du premier monitoring, ont fait l’objet d’un second contrôle en automne 2024. L’objectif de ce second contrôle était de consolider les résultats et l’identification des zones de distribution dans lesquelles il y a un risque de dépassement de la valeur guide de 2,2 µg/l. Les eaux brutes des captages alimentant ces 36 zones de distribution ont également fait l’objet d’analyses dans le but d’identifier la ou les sources de contamination.
Ces résultats permettent de disposer d’une vue exhaustive de la situation de la teneur en TFA dans les eaux destinées à la consommation humaine. Ces résultats ne remettent pas en cause la potabilité de l’eau de distribution.
L'état des lieux complet ainsi que l'avis du CSI sont disponibles sur notre page consacrée à l'Eau de distribution.