[ Consultez les données actualisées ] Description du phénomène 9Les mesures agri-environnementales ont vu le jour en même temps que la réforme de la Politique Agricole commune de 1992 (Règlement CEE no 2078/92). Elles ont été mises en uvre dans le but dinstaurer une reconnaissance sociale et financière du rôle de gestionnaire du territoire des exploitants agricoles, à côté de leur rôle premier de producteur. Elles sont destinées à encourager les agriculteurs à développer des activités ayant des aspects positifs sur lenvironnement. En effet, en Région wallonne, les agriculteurs gèrent près de la moitié du territoire (voir AgrE1). Ils ont par conséquent, à travers leurs pratiques, une grande influence sur lenvironnement, la nature et les paysages. Les mesures agri-environnementales sont proposées aux agriculteurs wallons depuis 1994 (Arrêté du Gouvernement wallon du 8/12/94). Un nouvel arrêté a été adopté par le Gouvernement wallon en mars 1999, avec lobjectif de revaloriser ces mesures de manière à reconnaître davantage la participation active des exploitants agricoles à la gestion de lenvironnement (voir Tableau 4-12). Tableau
4-12 : Mesures agri-environnementales proposées en Région
wallonne. Les primes sont octroyées moyennant ladoption pendant 5 ans par lexploitant agricole de certaines méthodes favorables à la protection de lenvironnement et du milieu naturel. Les mesures proposées aux agriculteurs, dont certaines sont détaillées ci-après, sont de deux ordres. Dune part, les mesures horizontales, applicables dans toute la Région wallonne et dautre part, les mesures verticales, applicables dans les zones à statut particulier 10 ou en dehors de ces zones si lagriculteur applique trois méthodes agri-environnementales au moins dans le cadre dun plan de gestion. Ce plan, établi pour une période de 5 ans, a pour objectif denvisager de manière globale les différents impacts environnementaux de lexploitation agricole. Il doit comporter un état des lieux et des objectifs à un an, cinq ans et à plus long terme. Fauche tardive (Mesures de type 1) Les prairies de fauche extensives constituent un des milieux les plus riches en espèces et les plus diversifiés sous nos climats. Les fauches tardives, qui étaient auparavant de tradition dans nos régions pluvieuses, ont un effet direct sur la diversité des espèces végétales et notamment sur labondance des plantes à fleurs mais elles permettent également la protection et le développement de la faune (nidification doiseaux au sol, insectes butineurs, ). Les dates retenues pour la fauche tentent déquilibrer les critères économiques (qualité du fourrage pour les animaux, la valeur nutritive dune herbe récoltée fraîche étant supérieure à celle dune herbe récoltée plus tard) avec les critères environnementaux (influence positive sur la faune et la flore). Lagriculteur ne pratique pas la fauche tardive sur toutes ses parcelles à faucher mais bien sur les parcelles considérées comme marginales pour diverses raisons : prairies de fond de vallée trop humides, parcelles en lisière de bois, terrains à sol peu profond sur schiste ou calcaire, ... Ces milieux sont souvent les plus intéressants pour la protection de la nature et peuvent constituer des maillons dun réseau écologique plus vastes (voir fiche NatForR1b). Tournières et bandes de prairies extensives (Mesures de type 2) Depuis un certain temps déjà, la grande richesse floristique et faunistique des zones de transition entre deux milieux est reconnue dans les milieux scientifiques, quil sagisse des berges dun cours deau ou dune lisière forestière. Ces zones, appelées écotones abritent des espèces pouvant appartenir aux deux milieux en contact mais aussi des espèces spécifiques à ce type de zone. Les bords de champs, appelés tournières (ou fourrières) constituent une zone particulière, généralement moins productive et plus difficile à gérer. Dautre part, il semble actuellement opportun de créer des zones «tampon» pour éviter ou limiter dans les zones de voisinage, lérosion, lépandage et les pertes dintrants hors des parcelles agricoles et à linverse, déviter les contaminations des terres agricoles par des éléments extérieurs (trafic routier, ). Les tournières sont encouragées prioritairement le long des cours deau ou des zones humides mais elles peuvent être aussi implantées le long dune lisière de bois, le long de haies, à proximité dun lotissement, ... Il existe différents types de tournières reconnues dans le cadre des mesures agri-environnementales :
Haies et bandes boisées, vieux fruitiers à haute tige et mares (Mesures de type 3) Le grand intérêt des haies et bandes boisées pour la nature et lenvironnement (effet micro-climatique, lutte contre lérosion, intérêt paysager et culturel) nest plus à démontrer. Il en va de même des vieux arbres têtards, véritables monuments de la biodiversité et des vieux fruitiers qui, outre le riche patrimoine que constituent les centaines danciennes variétés fruitières locales ou régionales, forment un milieu semi-ouvert et des paysages harmonieux. La sauvegarde des mares naturelles ou leur réhabilitation participe à la même démarche. Dun point de vue agricole, il faut bien reconnaître que ces éléments ne sont plus nécessaires, ni à la production, ni pour limiter ou clôturer des parcelles dont la dimension correspond souvent difficilement aux pratiques agricoles et à la mécanisation actuelles. Si des haies sont encore arrachées de nos jours, cest essentiellement par manque de moyens et de temps pour assurer leur entretien. La prime agri-environnementale est donc une première reconnaissance du travail de gestion de lespace que nombre dagriculteurs effectuent sans en être rémunérés. Cette nouvelle valorisation publique des haies, rangées darbres, vieux fruitiers et mares vise donc à maintenir ceux-ci et à participer au coût de leur entretien. Faibles charges en bétail (Mesures de type 4) Cette mesure vise lentretien des pâtures et prairies par un système délevage extensif. Ce type dagriculture est plus compatible avec la protection de lenvironnement mais il est menacé en Région wallonne par lintensification (voir AgrE4 et AgrE5) ou par labandon de lactivité agricole. Cette mesure est donc destinée à aider les agriculteurs à se maintenir et à développer des formes dagriculture fortement liées au sol, cest-à-dire produisant, avec un minimum dintrants extérieurs, la quasi-totalité des fourrages et aliments du bétail de lexploitation. Les charges en bétail retenues dans le cadre de cette prime sont celles proches dune «unité gros bétail» (UGB) par hectare, soit plus précisément celles comprises entre 0,6 et 1,4 UGB/ha. Races locales menacées (Mesure de type 5) En Région wallonne, la situation évolue vers le fait de voir sous peu lélevage limité aux deux races bovines très productives et très spécialisées que sont la Holstein pour le lait et le Blanc-Bleu belge pour la viande. Les éleveurs désirant élever des animaux mixtes (viande et lait) ou très rustiques (vêlages sans assistance, valorisation de fourrages grossiers) se tournent de plus en plus vers des races étrangères, généralement françaises (Normandes, Charolaises, Limousines, ...) alors quil existait des vaches bien adaptées à nos conditions dont les races Rouge de Belgique, Blanc-Bleu mixte (souche originelle), Pie Noir du pays de Herve ou Pie Rouge de lEst (en haute Ardenne). Les chevaux de trait qui constituent un des fleurons de lélevage wallon, sont menacés malgré la place quils gardent dans la mémoire ou dans le cur de nombreux Wallons. La Région wallonne fut aussi, jusquau siècle passé, une terre délevage du mouton et très peu ont gardé le souvenir de nos races pourtant si rustiques. Les mesures agri-environnementales du type 5 ont par conséquent pour objectif de conserver le patrimoine génétique que constituent les nombreuses races danimaux délevage en favorisant le maintien des races locales. Couverture des sols pendant linterculture (Mesure de type 8) Cette mesure vise à éviter de laisser les terres nues durant la période dinterculture, ce qui permet daméliorer les qualités physiques et chimiques des sols et offre la possibilité de produire un fourrage dappoint en arrière-saison. SignificationCet indicateur donne une indication sur le succès rencontré par les mesures agri-environnementales en Région wallonne. Il met en évidence les mesures les plus populaires auprès des agriculteurs. Situation en Région wallonneLe Tableau 4-13 détaille les primes accordées dans le cadre des mesures agri-environnementales en Région wallonne et dans les différentes provinces en 1998. Tableau
4-13 : Montant des primes accordées en 1998 dans le cadre
des mesures agri-environnementales (BEF). En 1998, le montant total des primes sest élevé à 73.764.330 BEF et a concerné 12 % des agriculteurs. Les primes qui ont le plus de succès sont :
Notons par ailleurs que la participation aux mesures agri-environnementales est plus importante dans les Provinces de Liège, du Hainaut et du Luxembourg. La Figure 4-30 compare les montants des primes accordées dans le cadre des mesures environnementales en 1997 et 1998, au total et, pour les mesures les plus populaires. Figure
4-30 : Evolution des primes versées dans le cadre des mesures
agri-environnementales en Région wallonne, 1997-1998. On remarque une augmentation importante du montant total des primes accordées, qui a plus que doublé, passant de 30 millions à presque 74 millions, signe que les mesures agri-environnementales commencent à avoir du succès auprès des agriculteurs. Cette augmentation est principalement liée aux mesures de type 8, pour lesquelles les primes sont passées de 2 millions à plus de 33 millions. Situation wallonne dans le contexte européenLe règlement agri-environnemental a été appliqué de façon différente dans les Etats-membres, ce qui rend difficile la comparaison au niveau international. Au niveau du nombre de participants au programme agri-environnemental, la Région wallonne se situait en 1997, avec 1800 demandes pour 22.000 exploitations (8 %) en dessous de la moyenne européenne (EU14) qui était à cette époque, de 13 % 11. Ce chiffre cache pourtant une très grande disparité entre les pays, certains Etats-membres ayant des taux proches de 80 % (Autriche, Finlande, Suède) et dautres se situant largement en dessous de 7 % (Grèce, Espagne, Italie, Pays-Bas). En ce qui concerne la superficie de terres agricoles couverte par les programmes agri-environnementaux, en 1997, la Région wallonne, avec 17.000 ha couverts (soit 2 % de la SAU) se situait, à cette époque, également bien en dessous de la moyenne européenne (EU15) qui était de 19 %.
AgrP1
: Utilisation dintrants en Région wallonne
Ladhésion des agriculteurs aux différentes mesures agri-environnementales a été assez lente au début de lintroduction du programme et le niveau dapplication des mesures nest significatif quà partir de 1997. Lors du classement des mesures, il peut apparaître certaines disparités entre les données 1997 et 1998, certaines mesures napparaissant pas chaque année (par exemple, pas de mesure «ferme de conservation» en 1998).
Niveau européen Règlement (CE) no 1257/1999 du Conseil, du 17 mai 1999, concernant le soutien au développement rural par le Fonds européen dorientation et de garantie agricole (FEOGA) et modifiant et abrogeant certains règlements, dont le Règlement (CEE) no 2078/92 qui instituait les mesures agri-environnementales. Ce nouveau règlement a pour but de mettre en place une politique intégrée de développement rural durable au moyen dun seul instrument juridique assurant une meilleure cohérence entre le développement rural et la politique des prix et des marchés de la politique agricole commune (PAC), et la promotion de toutes les composantes du développement rural. Les mesures agri-environnementales sont désormais intégrées dans les mesures éligibles au titre de ce règlement. Dans ce cadre, un soutien peut être accordé aux agriculteurs qui utilisent, pour une durée minimale de 5 ans, des méthodes de productions agricoles conçues pour protéger lenvironnement et préserver lespace naturel (agri-environnement) afin dencourager des formes dexploitation compatibles avec la protection de lenvironnement et la planification agricole environnementale, lextensification des modes dexploitation agricoles, la conservation despaces cultivés à haute valeur naturelle, et lentretien du paysage. Ces aides sont calculées en fonction de la perte de revenus, de coûts additionnels, et de lincitation financière nécessaire pour souscrire aux engagements agri-environnementaux. Niveau wallon Arrêté du Gouvernement wallon du 11/03/99 relatif à loctroi de subventions agri-environnementales (M.B. 31.03.1999) Cet arrêté remplace larrêté du 08/12/94 mettant en application le Réglement 2078/92. Les modifications apportées par ce décret vont dans le sens dune adaptation des montants, dun élargissement des aides et de manière générale, de lassouplissement de lapproche tant réglementaire quadministrative quant à la mise en uvre des méthodes. Les différentes mesures agri-environnementales proposées aux agriculteurs wallons sont détaillées dans le Tableau 4-13. Le montant total des subventions est plafonné à 400.000 BEF par an et par exploitant. Les mesures 1 à 5 et 11 sont horizontales (applicables à tout le territoire wallon), les mesures 6 à 10 sont verticales (applicables dans les zones à statuts particuliers ou à condition que lagriculteur en applique 3 dans le cadre dun plan de gestion). Certaines primes sont cumulables entre elles ou avec les aides fédérales à lagriculture biologique (voir AgrR2).
Action 85 : Renforcer les politiques mises en uvre en matière de mesures agri-environnementales et en assurer une évaluation permanente
DEFRISE Dominique |
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NOTE 9: daprès Ministère de la Région wallonne, DGA, Les nouvelles du Printemps, 2e trimestre 1999 et http ://mrw.wallonie.be/dga/Lnouvelles1312.htm |
NOTE 10: cest-à-dire les zones de protection des eaux souterraines, les zones vulnérables, les zones de parc naturel, les zones de protection spéciale, de conservation des habitats, de réserves naturelles et contiguës, et les zones dintérêt biologiques (voir EauE1, EauR3, NatFoR1). |
NOTE 11: daprès Document de travail de la Commission, DG VI, Evaluation des programmes agri-environnementaux, VI/7655/98.. |
NOTE 12: les primes agri-environnementales et les primes fédérales accordées à lagriculture biologique ne sont pas toutes cumulables entre elles. |