Description du phénomène

Les effluents d’élevage, par leur composition en azote et en phosphore organiques, sont des engrais naturels utilisés depuis toujours. Ils peuvent cependant contribuer à la pollution diffuse des nappes et cours d’eau superficiels (voir EauE1) s’ils sont épandus dans de mauvaises conditions (lessivage par les pluies par exemple) ou si la quantité d’effluents produite est trop importante par rapport à la surface cultivée pouvant potentiellement valoriser ces effluents. Or, l’intensification de l’élevage (notamment l’élevage hors sol) entraîne des besoins plus élevés en aliments, ceux-ci provenant de l’extérieur. La production de lisier dépasse alors les besoins des exploitations.

Le surpâturage peut également entraîner le compactage du sol, son érosion (au niveau des berges notamment) et une perte de la biodiversité.

Signification

Le rapport entre effluents produits par les élevages et effluents valorisables par les cultures peut être calculé selon plusieurs systèmes de normes différentes : nous utiliserons dans cette fiche les normes fixées dans le décret du 30 avril 1990 instituant une taxe sur le déversement des eaux usées (voir Aspects réglementaires).

En Région wallonne, il existe également les normes du Code de bonnes pratiques agricoles (CBPA). Ces dernières sont plus sévères que les normes de la taxe sur les eaux usées (voir fiche AgrR3).

Le rapport entre effluents produits par les élevages et effluents valorisables donne une indication de la densité de l’élevage au niveau de la commune. Si le rapport est inférieur à 1, cela signifie que la superficie des cultures fertilisables par les effluents est suffisante pour valoriser les effluents produits dans la commune. S’il est supérieur à 1, cela signifie qu’il y a trop d’animaux pour la superficie de cultures fertilisables par effluents et qu’il existe par conséquent un risque de pollution diffuse. Notons que ce n’est pas parce que l’équilibre existe au niveau d’une commune, qu’il est nécessairement atteint au sein de chacune des exploitations de cette commune.

Situation en Région wallonne

Selon les normes du décret sur la taxe des eaux usées, aucune commune wallonne ne produit plus d’effluents qu’elle n’est capable d’en valoriser (voir Carte 4-1). La grande majorité des communes présente des rapports compris entre 0,25 et 0,49 ; seules 2 communes présentent des rapports supérieurs, compris entre 0,5 et 0,74.

Carte 4-1

Rappelons cependant que ces normes surestiment les potentialités de valorisation des effluents par les différentes espèces végétales du fait que les besoins des cultures sont surestimés. Le plafond de valorisation de 45 UCP par hectare, qui correspond à environ 450 kg d’azote par hectare, dépasse en effet de très loin les besoins physiologiques de n’importe quelle culture. De plus, il n’est pas pris en compte dans les calculs, des apports d’engrais azotés sous forme minérale, alors que ceux-ci sont fortement utilisés (voir AgrP1a).

Conclusion

Dans l’ensemble, selon les normes de la taxe sur les eaux usées, la quantité d’animaux en Région wallonne n’est pas trop élevée par rapport à la superficie des terres qui peuvent valoriser les effluents produits. Toutefois, ces normes surestiment en partie les besoins des cultures et des problèmes se posent localement (voir AgrR3).

 

Lien direct avec d’autres indicateurs

AgrE5 : Charge en bovins en Région wallonne
AgrR3 : Exonération de la taxe sur les eaux usées
EauE1 : Concentration de nitrates dans les eaux souterraines

Caractérisation des données

Le rapport entre les effluents produits par les élevages et les potentialités de valorisation par les cultures a été calculé selon les normes du décret du 30 avril 1990 instituant une taxe sur le déversement des eaux usées (voir Aspects réglementaires), à l’échelle de la commune.

En ce qui concerne l’estimation des superficies de cultures fertilisables au moyen d’effluents, les cultures maraîchères n’ont pas été prises en compte. Par contre, toutes les cultures d’escourgeon ont été considérées comme venant après paille enfouie, ce qui peut amener à une légère surestimation des superficies sur lesquelles on peut épandre des effluents.

En ce qui concerne les taurillons, ceux-ci n’ont pas été pris en compte car aucune catégorie INS ne permet de les identifier.

Aspects réglementaires

Niveau wallon

Décret du 30 avril 1990 instituant une taxe sur le déversement des eaux usées industrielles et domestiques, qui fixe des normes en ce qui concerne la production d’effluents par différentes catégories d’animaux et les possibilités de valorisation de ces effluents par certaines cultures.(voir Tableau 4-2).

Tableau 4-2 : Normes de production d’effluents par les différentes catégories d’animaux (Extrait) (Décret du 30/04/199).
Source : Ministère de la Région wallonne, DGRNE.

Dans ce système, la production d’effluents est calculée en unités de charge polluante (UCP), qui sont implicitement basées sur les quantités d’azote rejetées par les animaux dans les effluents. Une UCP correspond environ à un rejet de 10 kg d’azote par an.

Les potentialités de valorisation des effluents par les cultures sont estimées à 45 UCP/ha de culture fertilisable : prairies, têtes de rotation (betteraves, maïs, pomme de terre, colza), escourgeon après paille enfouie et quelques cultures maraîchères.

Relation avec le PEDD

Action 86 : Renforcer les politiques mises en œuvre en matière de valorisation et de recyclage des matières organiques et en assurer une évaluation permanente.

Rédacteur(s)

DEFRISE Dominique