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Description du phénomène
Les eaux souterraines
sont la principale source dapprovisionnement en eau du réseau public
en Région wallonne (voir indicateur EauP1). Elles sont exposées
à de nombreuses pollutions, dont une des plus importantes est constituée
par les nitrates dorigine agricole (utilisation dengrais minéraux
de synthèse, utilisation damendements organiques riches en dérivés
azotés). Toutefois, il peut exister ponctuellement des sources de pollution
en nitrates plus importantes (puits perdants, fuites dégouts et
collecteurs, ...).
Les nitrates (NO3) constituent
le stade final de loxydation de lazote présent dans la nature
sous différentes formes. En agriculture, ils sont utilisés principalement
pour fertiliser les cultures (engrais minéraux et organiques, déjections
animales). Si les nitrates sont appliqués en trop grande quantité
ou au mauvais moment, les excès non absorbés par les plantes sont
lessivés par les pluies et rejoignent les eaux souterraines et les eaux
superficielles.
Les nitrates en taux excessif
peuvent être considérés comme dangereux pour la santé
humaine, ses effets sur la santé étant liés à la
transformation des nitrates en nitrites et éventuellement en nitrosamines
au niveau du tube digestif. Chez lhomme, les nitrites sont responsables
des risques de méthémoglobinémie aiguë qui sobserve
principalement chez le nourrisson. Les risques liés à la formation
de nitrosamines, à savoir lapparition de cancers, sont actuellement
moins bien établis.
Les mesures des teneurs
en nitrates dans les eaux souterraines révèlent en Région
wallonne comme dans les autres pays dEurope, une tendance générale
à laugmentation des concentrations au cours des dernières
décennies.
Alors quen labsence
de contamination anthropique la teneur en nitrates des eaux souterraines est
de lordre de 0,1 à 1 mg NO3/l, les valeurs dépassent pour
certaines nappes désormais 50 mg NO3/l (qui est la valeur limite européenne).
Ces teneurs élevées sont principalement liées aux pratiques
agricoles : apports excessifs ou mal répartis dengrais minéraux
ou organiques, épandage à des périodes peu propices, augmentation
des cultures présentant des risques accrus de lessivage comme le maïs
et le colza.
Signification
Cet indicateur permet
de suivre la concentration en nitrates dans les eaux souterraines. Les taux
de non-conformité donnent également une idée de lampleur
des traitements (mélanges, abandon de captages) qui devront être
effectués sur leau brute avant quelle ne soit distribuée
aux consommateurs, de manière à répondre aux normes (voir
fiche EauE6).
Il permet également
dévaluer, à très long terme, lefficacité
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des mesures prises dans le cadre de la Directive 91/676/CE (désignation
des zones vulnérables et réglementation de lépandage
dengrais). Il faut cependant remarquer quen raison du temps
de transfert depuis la surface des sols jusquaux nappes souterraines,
même en cas de bonne gestion de lazote, notamment selon
les «bonnes pratiques agricoles» au sens de la directive
91/676/CE, il est possible que laugmentation de la teneur en nitrates
puisse se poursuivre sur plusieurs années ou dizaines dannées
ou apparaître à différents endroits.
Les résultats des
analyses sont exprimés en mg NO3/l. On détermine 3 classes de
résultats :
classe 1 : analyse dont
le résultat est inférieur à la valeur guide (la moitié
de la concentration maximale admissible (CMA/2)), soit <25 mg NO3/l,
classe 2 : analyse dont
le résultat se situe entre la CMA/2 et la CMA, soit entre 25 NO3 mg/l
et 50 NO3 mg/l,
classe 3 : analyse dont
le résultat est supérieur à la CMA, soit > 50 NO3 mg/l.
Mesures et objectifs
Concentrations
en nitrates
Les valeurs guides et
valeurs limites concernant les concentrations en nitrates sont rapportées
au tableau suivant selon le niveau de compétence.
![](images/eaue11.jpg)
Situation en Région wallonne
Entre 1996 et 1998, entre
600 et 800 analyses ont été réalisées annuellement
sur lensemble des captages de la Région wallonne.
La proportion danalyses
dont les résultats montrent une teneur en nitrates supérieure
à la CMA est globalement en diminution : en 1996, 6,5 % des analyses
étaient hors normes, cette proportion atteignait 5,0 % en 1997, et 4,0
% en 1998. Durant la même période, 31,0 %, 27,1 % et 26,9 % des
analyses avaient un résultat compris entre la valeur guide et la CMA
(Figure 2-13).
Figure
2-13 : Concentration en nitrates des eaux souterraines en Région
wallonne, 1996-1998
Source :Ministère de la Région wallonne, DGRNE et sociétés
de production et distribution deau
Il faut par ailleurs noter
que cette évolution positive est avant tout liée à la variation
de léchantillon : suite aux rappels envoyés, de nombreuses
communes dArdennes, où la teneur en nitrates est peu élevée,
ont fourni des résultats pour les années récentes, ce qui
provoque une amélioration fictive des résultats globaux.
Les différentes
nappes sont cependant touchées différemment par la contamination
des nitrates (Figures 2-14 et 2-15) :
- la nappe des sables
Bruxelliens présente la plus forte contamination puisque plus de 20
% des analyses ont en 1998 un résultat qui dépasse la CMA de
50 mg/l. La proportion danalyses dont le résultat dépasse
la valeur guide est de près de 90 % ;
- la nappe des Crétacés
de Liège et du Brabant ne présente pas en 1998 danalyses
dont le résultat est supérieur à 50 mg/l mais les résultats
de celles-ci sont élevés puisque plus de 60 % des résultats
des analyses dépassent la valeur guide ;
Ces deux zones ont été
désignées en zones vulnérables, ce qui confirme la gravité
de la situation et la nécessité urgente de prendre des mesures.
- la nappe des Calcaires
du Bassin de Dinant et de la Vesdre présente peu danalyses dont
le résultat est supérieur à 50 mg/l (3 % en 1998) mais
plus de 56 % des résultats des analyses dépassent la valeur
guide.
Par contre le Cambro-silurien,
ainsi que le Jurassique, les Calcaires du Bassin de Namur et les Nappes alluviales
restent relativement bien protégés.
Figure
2-14 : Concentration en nitrates des eaux souterraines en Région
wallonne : comparaison des résultats par nappes, 1996-1998
Source : Ministère de la Région wallonne, DGRNE et sociétés
de production et distribution deau
Figure
2-15 : Concentration en nitrates des eaux souterraines en Région
wallonne : comparaison des résultats par nappe, 1996-1998
Source : Ministère de la Région wallonne, DGRNE et sociétés
de production et distribution deau
Situation wallonne dans le contexte européen
La contamination en nitrates
des nappes de la Région wallonne se situe en dessous de celles de nombreuses
autres régions dEurope.
En Slovénie, il
apparaît que 50 % des sites analysés ont une concentration en nitrates
qui dépasse la CMA. Dans de nombreux pays européens (comme le
Portugal, lEspagne, les Pays-Bas, lAllemagne, lAutriche, le
Danemark), la valeur maximum admissible est dépassée dans 25 %
des analyses.
Conclusion
En Région wallonne, on a retrouvé des concentrations de
nitrates supérieures à la concentration maximale admissible
dans 4,5 % des analyses pratiquées en 1998.
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Lien direct avec
dautres indicateurs
EauE6 : Teneur moyenne
en nitrates de leau distribuée
AgrP2 : Effluents délevage en Région wallonne
AgrR1 : Mesures agri-environnementales
AgrR3 : Exonération de la taxe sur les eaux usées
Caractérisation
des données
Les données sont
issues des résultats transmis à ladministration par les
producteurs deau potabilisable et résultent par conséquent
danalyses réalisées sur les captages en activité
selon des fréquences et à des dates variables.
Pour cet indicateur, nous
regroupons les captages par nappe phréatique, mais les données
présentées ne sont pas nécessairement représentatives
de la pollution de la nappe parce que :
- les captages sont en
général réalisés à des endroits où
la qualité de leau est bonne,
- il existe des différences
de concentrations en nitrates au sein dune nappe, celles-ci diminuant
par exemple avec la profondeur.
Rappelons également
que les captages situés dans les parties captives dune
nappe (cest-à-dire les nappes sous pression, protégées
par une couche géologique moins perméable qui entrave
la percolation des nitrates) sont protégés et en général
moins pollués que ceux qui se situent dans les parties libres
de la nappe 6 .
Il faut par ailleurs noter
que lors dune mise hors service dun captage, notamment pour cause
de dépassement en nitrates, les distributeurs cessent généralement
denvoyer des résultats à la DGRNE. Cette situation amène
un biais important parce que la fermeture de captages entraîne ainsi une
amélioration fictive du niveau de pollution enregistré.
Enfin, les conditions
météorologiques peuvent également avoir une influence
significative sur les teneurs en azote des nappes. On observe en général
que les teneurs moyennes en nitrates fluctuent avec le niveau de la
nappe : elles diminuent lorsque la nappe descend et augmentent lorsque
la nappe remonte. En période de sécheresse, les nitrates
percolent moins vite vers la nappe dont le niveau sabaisse. Lorsque
la nappe est réalimentée, les nitrates qui sont restés
accumulés dans
les terrains non
saturés sont lessivés par les précipitations plus
abondantes et la nappe remonte à la rencontre de ce flux descendant
7![](images/eau_note.gif)
.
Aspects réglementaires
Niveau européen
Lagriculture est
un des secteurs qui contribue dune manière générale
le plus à la pollution des nappes par les nitrates. La Directive «
nitrates» (91/676/EC) réglemente la désignation de zones
«vulnérables» en fonction des teneurs en nitrates ou des
phénomènes deutrophisation pour lesquels lazote dorigine
agricole serait le facteur responsable. Cette Directive prévoit également
lélaboration de programmes dactions spécifiques pour
chaque zone désignée comme vulnérable, qui rendront notamment
obligatoire le respect du Code de Bonnes Pratiques Agricoles (voir aussi fiche
AgrR3).
Niveau wallon
- Arrêté
du Gouvernement wallon relatif à la protection des eaux contre la pollution
par les nitrates à partir de sources agricoles (M.B. du 28.06.1994),
qui transpose la Directive 91/676/EC et institue les zones vulnérables
en Région wallonne
- Arrêté
ministériel désignant la nappe des sables bruxelliens en zone
vulnérable (M.B. 31.12.1994)
- Arrêté
ministériel désignant la nappe du Crétacé de Hesbaye
en zone vulnérable (M.B. 04.01.1995)
Relation avec
le PEDD
Action 19 : Mettre en
place les mesures de protection des nappes et des captages
Action 25 : Lutter contre la pollution diffuse
Action 83 : Renforcer les politiques mises en uvre en matière de
protection des eaux et en assurer une évaluation permanente
Action 85 : Renforcer les politiques mises en uvre en matière de
mesures agri-environnementales et en assurer une évaluation permanente
Gestionnaire(s)
des données
GUNS André
Rédacteur(s)
DEFRISE Dominique
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