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Perception
du rôle et de laction de la Police de lenvironnement par les
associations de |
Rapport réalisé pour le Ministère
de la Région wallonne,
Direction Générale des Ressources Naturelles et de l'Environnement
Décembre 1998
Ce rapport ne porte que sur le rôle de la DPE en matière de contrôle des pollutions, et plus particulièrement sur la perception de ce rôle par le public, au travers des associations membres dInter-Environnement Wallonie et de lexpérience des éco-conseillers communaux.
Bien que la crédibilité de la DPE ne dépende pas seulement de son fonctionnement propre, une police de lenvironnement efficace et crédible est essentielle à la restauration dun climat de confiance entre les institutions publiques et la population.
Les conclusions et recommandations qui suivent sont une synthèse reprenant:
Plusieurs propositions sont faites concernant les domaines dintervention de la DPE, les rôles des différents intervenants en cas de pollution ou dinfraction en environnement, le traitement des plaintes, le contrôle et la répression des infractions environnementales.
Ainsi par exemple:
1/ Les domaines dintervention de la DPE mériteraient dêtre précisés, non seulement dans la population, mais aussi auprès des autres acteurs que sont en particulier les instances communales et les services de police et de gendarmerie. En outre, lefficacité de la DPE serait affinée en faisant mieux connaître dans le public les compétences en la matière de la commune, en particulier de la police communale et du bourgmestre.
2/ Une meilleure collaboration pourrait être mise en oeuvre en particulier avec les éco-conseillers communaux et la police communale, afin de maîtriser la charge de travail des agents de la DPE.
3/ Au niveau du traitement des plaintes, cest principalement la réception et le suivi du dossier qui sont de première importance pour le plaignant. Celui-ci doit être tenu informé de lévolution du dossier.
4/ La répression des infractions
Pour d'aucuns, la DPE semble se préoccuper dabord de régulariser les situations irrégulières et de ne verbaliser quen dernier recours. Ce principe de régularisation, sans que le contrevenant ne soit poursuivi, est mal ressenti par la population: "la DPE légalise la pollution" sans pénaliser le contrevenant. Le principe de la régularisation nincite pas non plus les exploitants à veiller dinitiative à obtenir les autorisations et permis nécessaires et à en respecter les conditions. Tout en se gardant le pouvoir dapprécier les situations au cas pas cas, il serait normal que la mise en demeure de régularisation soit assortie dun P.V. ou dune amende.
Laction de la DPE dépend aussi essentiellement de lefficacité de linstitution judiciaire. Des procédures longues, des P.V. classés sans suite, des peines dérisoires, portent atteinte au crédit de la DPE.
Les agents de la DPE devraient disposer de pouvoirs concrètement contraignants, tels que, entre autres, un système damendes administratives rapide et efficace, ce afin dêtre crédible face aux contrevenants les moins scrupuleux et les grosses installations.
5/ Enfin, la DPE joue aussi un important rôle dans la prévention des infractions à lenvironnement notamment par le biais dactions de contrôles sectoriels.
Ce rapport est effectué dans le cadre de lune des missions spécifiques de la Convention "Assistance au public en matière de prévention des pollutions et daccès à linformation", et porte sur la perception, par le public, du rôle de la DPE en matière de contrôle des pollutions.
Il comprend une présentation de la DPE, telle que peut la percevoir la population au travers des actions et documents qui lui sont accessibles, en particulier les rapports dactivités annuels de la DPE.
Dans une deuxième partie, les fonctions de la DPE sont énumérées, ainsi que les compétences de chaque intervenant que sont, outre la DPE, la commune et le bourgmestre, la DNF, les services de police et de gendarmerie.
Une troisième partie rend compte des résultats dune enquête menée en avril-mai 1998 auprès des associations membres dInter-Environnement Wallonie et des éco-conseillers communaux.
Les conclusions et quelques propositions damélioration sont présentées dans une quatrième partie. Ces conclusions se fondent sur les données reprises dans les points précédents ainsi que sur les résultats dun tour dhorizon réalisé auprès des associations membres au début de 1997 à loccasion de la rencontre dInter-Environnement Wallonie avec la DPE le 6 mars 1997. Enfin, elles prennent également en compte les expériences des chargés de mission dInter-Environnement Wallonie.
Une première information, accessible à la population, concernant la DPE est celle contenue dans les rapports dactivités annuels de la DPE.
La Division de la police de lenvironnement (DPE), au sein de la Direction générale des ressources naturelles et de lenvironnement (DGRNE) a été créée par larrêté du Gouvernement wallon du 19 juillet 1990 fixant le cadre organique du Ministère de la Région wallonne. Larrêté du 23 décembre 1992, portant désignation des agents compétents pour rechercher et constater les infractions en matière de protection de lenvironnement (M.B., 20 février 1993), consacre le rôle de la DPE en matière de contrôle des pollutions en Région wallonne.
La DPE est composée dun service central et de 4 directions extérieures (Mons, Charleroi, Namur, Liège). Les directions extérieures effectuent les contrôles à lémission auprès des entreprises, soit dinitiative, soit après une plainte. Elles recherchent et constatent sur plainte ou doffice, les infractions aux différentes législations environnementales: en matière de déchets, de protection des eaux et des sols, de lair et du bruit.
Les "usagers prioritaires" de la DPE sont "les autorités publiques, les autorités judiciaires et les plaignants".
Enfin, dans le cadre de sa mission de contrôle, la DPE réalise des campagnes de contrôles thématiques. Ainsi, en 1997, ont été systématiquement contrôlés: les laboratoires qui manipulent les OGM, les cabines de peinture et les stations de distribution de carburant. En 1996, ce contrôle systématique a porté sur les imprimeries.
Les pouvoirs de la DPE
Selon les rapports dactivités annuels de la DPE, le lecteur peut retenir que:
Mais que peut faire concrètement la police de lenvironnement, dans tous les cas où il ny a pas urgence, si ce nest remettre un avertissement et transmettre un P.V. au Parquet? Pour beaucoup, cest une question sous-jacente.
Le Service SOS Pollutions
Le Service SOS Pollutions est un service de la DPE. Il peut être appelé pour "une intervention urgente sur le terrain (prélèvements, analyses, audition de témoins...) en cas de pollution constituant une menace grave pour un écosystème". Une permanence est assurée 24 h sur 24. Le numéro dappel unique est le 070/ 23 30 01.
Le Service juridique de la DPE
Le service juridique de la DPE gère les aspects juridiques des missions de la DPE et notamment les questions que soulèvent lapplication des règlements en vigueur, ce en relation avec lOffice wallon des déchets, la DPPGSS et la Division de leau. Depuis 1996, les rapports annuels reprennent un tableau des arrêts rendus: "Lobservatoire de la jurisprudence".
Les autres missions de la DPE
Les missions de la DPE ne sont pas exclusivement limitées au contrôle. Il faut ajouter:
La DPE rend aussi un avis sur les performances environnementales des entreprises notamment dans les dossiers de demandes daide à linvestissement dans le cadre des lois dexpansion économique.
Quelles sont les bases légales et les compétences pénales en matière de droit de lenvironnement? Quels sont les différents acteurs? Pour la population, ce nest pas toujours évident de discerner les rôles de chacun.
Dune manière générale, cest toujours au Parquet que seront adressés les procès-verbaux constatant des infractions en matière denvironnement. Cest le Procureur du Roi qui examine la plainte et qui estime sil y a un non-lieu, classe laffaire sans suite, propose au contrevenant une transaction ou poursuit le contrevenant devant les juridictions répressives (amendes, emprisonnement etc.).
Les agents de la DPE, de la DNF, de la police et de la gendarmerie qui, dans le cadre de leur mission, constatent une infraction à la législation environnementale, peuvent dresser un P.V. dénonçant les faits et le transmettre au Parquet aux fins de poursuite.
Dès quun P.V. est rédigé par un agent de la DNF, de la DPE, de la police ou de la gendarmerie, il est couvert par le secret de linstruction. Le secret a été institué dans lintérêt de laction publique et il appartient au seul Procureur général de décider si cet intérêt ne soppose pas à ce que les parties ou des tiers soient autorisés à prendre connaissance et à lever copie des pièces couvertes par ce secret.
Le décret sur la liberté daccès à linformation en matière denvironnement en son article 10 limite également laccessibilité aux procès-verbaux dans la mesure où lexercice du droit à laccès à linformation est susceptible de porter atteinte au secret des procédures engagées devant les juridictions.
Des agents de police judiciaire
Larrêté du 23 décembre 1992, portant désignation des agents compétents pour rechercher et constater les infractions en matière de protection de lenvironnement (M.B., 20 février 1993) consacre le rôle de la DPE en matière de contrôle des pollutions en Région wallonne.
"Sans préjudice des attributions des officiers de police judiciaire, les fonctionnaires et agents de la DPE affectés au contrôle sont chargés de rechercher et constater les infractions aux dispositions légales prévues en matière de contrôle en matière de bruit, de la pollution des eaux, de lair, des déchets et du sol."
Les fonctionnaires et agents de la DPE se voient reconnaître la qualité dagent de police judiciaire "à compétence restreinte". Ils doivent prêter serment devant le tribunal de première instance.
La mission de surveillance de la DPE
Les fonctionnaires et agents chargés de la surveillance des établissements classés, peuvent:
* interroger toute personne sur tout fait dont la connaissance est utile à lexercice de la surveillance;
* se faire produire sans déplacement ou rechercher tout document, pièce ou titre utile à laccomplissement de leur mission, en prendre copie, ou lemporter contre récépissé.
Le bourgmestre dispose des mêmes prérogatives.
La DPE a pris linitiative dun contrôle systématique ponctuel de certains secteurs (imprimeries, laboratoires etc.). Il semble, du moins est-ce perçu ainsi, que la DPE par ailleurs intervienne essentiellement sur base de plaintes, relayées ou non par la commune, plus rarement à la demande de la DPPGSS. Les rapports annuels de la DPE mentionne un nombre de contrôles d'office (3 424 au total pour 1997, dont 1 812 établissements classés).
Que fait la DPE en cas dinfraction?
En cas dinfraction, les agents de la DPE peuvent:
Le délai octroyé pour régularisation peut être prolongé une fois. Lagent de la DPE doit informer le bourgmestre et le Procureur du Roi. A léchéance du délai, ou de sa prorogation le cas échéant, lagent de la DPE dresse rapport et le transmet dans les 15 jours au contrevenant et au Procureur du Roi.
Les sanctions administratives
En cas de pollution grave, nécessitant une intervention urgente afin de la faire cesser, ou encore en cas dinfraction à la législation, la DPE dispose de pouvoirs importants tels que par exemple faire arrêter lexploitation dune entreprise, poser des scellés, faire cesser un déversement deau usée, interdire un déplacement de déchets... (décret du 27 juin 1996 relatif aux déchets (M.B., 2 août 1996), et projet de décret relatif au permis denvironnement). Elle dispose des mêmes pouvoirs "en cas de danger potentiel pour lhomme ou lenvironnement et si lexploitant refuse dobtempérer aux instructions du fonctionnaire ou de lagent compétent".
Procédures possibles:
- Lintervention de la DPE peut résulter dune action en cessation introduite par ladministration.
- La DPE fait rapport à lautorité compétente (bourgmestre, Députation permanente, Division de leau....) qui prend les mesures.
- La DPE prend directement les mesures, en cas dinertie du bourgmestre ou en cas de danger imminent.
La DPE peut se faire assister par la police et la gendarmerie.
Le décret relatif aux déchets et le projet de permis denvironnement prévoit pour certaines infractions, un système damendes administratives. Celui-ci, tout en étant complémentaire aux procès-verbaux, pourrait être un système efficace et rapide jouant un rôle dissuasif. Malheureusement, le législateur na prévu des amendes administratives que pour des infractions mineures et la procédure demeure fort lourde et longue.
Les agents de la DPE disposent des mêmes prérogatives que le bourgmestre (voir 3.3.), en cas de danger imminent, ou en cas dinertie du bourgmestre.
La DPE a par ailleurs toujours la possibilité de proposer aux autorités compétentes (commune, députation permanente, ministre) la modification, la suspension ou le retrait dune autorisation dexploiter ou dun permis. Lexploitant peut introduire un recours auprès de lautorité compétente (Députation permanente, Ministre de lenvironnement). Celle-ci doit statuer en bonne et due forme. A défaut, ces propositions de modification, suspension ou retrait dun permis, restent lettre morte.
En application de larticle 133 de la loi communale, le bourgmestre est chargé de lexécution des lois, décrets, arrêtés et règlements pris par lEtat, la Région, les provinces et la commune. Il est donc chargé de vérifier si cette exécution est conforme.
Il agit en quelque sorte comme premier magistrat de la commune. Cest ainsi que dans les communes où il nexiste pas de commissaire de police, il exercera les fonctions de police judiciaire. En cette qualité, il pourra rechercher et constater les infractions, recevoir les plaintes, réunir les preuves et transmettre les dossiers au Parquet en vue de poursuite. Il est, par ailleurs, le chef de la police.
Le bourgmestre a une fonction de maintien de la propreté, salubrité, sûreté et tranquillité publiques (art. 135 de la Loi communale).
A côté de cette fonction de police judiciaire, le bourgmestre exerce également une fonction de police administrative. Cette fonction lui permet, en cas datteinte grave portée à "la paix publique" et par extension on peut y assimiler les atteintes à la qualité de lenvironnement, de prendre des mesures durgences de police visant à supprimer le trouble (par exemple, interdire laccès à linstallation, mettre les scellés....). Ces mesures doivent être proportionnelles à la gravité de la nuisance (pas question de fermer une entreprise suite à dépassement de normes dans les eaux déversées par exemple). Son intervention est requise également dans les cas durgence "lorsque le moindre retard pourrait occasionner des dangers ou des dommages pour les habitants" (art. 134 de la Loi communale).
En ce qui concerne les établissements classés, le projet de décret relatif au permis denvironnement prévoit en ses articles 71 et 74, que le bourgmestre peut:
Ces mesures peuvent être prises dans les cas suivants:
Ces mesures peuvent être prises par le bourgmestre doffice ou sur base dun rapport dun fonctionnaire ou agent chargé du contrôle.
Le bourgmestre est chargé de veiller à la bonne exécution des textes légaux. Cest le cas plus spécifiquement du décret relatif au permis denvironnement et de ses arrêtés dexécution. Le bourgmestre a les mêmes prérogatives que celles citées pour les agents de la DPE en matière de surveillance des établissements classés (article 61 du projet de décret) (voir 3.2.).
La police judiciaire et la gendarmerie sont chargées dune mission de police de base (maintien de lordre, répression dinfraction). Dans ce cadre, elles peuvent être amenées à interdire des agissements contraires à lordre public. Cest ainsi que dans le cas dune pollution, la police et la gendarmerie prendront les mesures nécessaires pour la faire cesser et que les faits constitutifs dune infraction feront lobjet dun procès verbal transmis au Parquet du Procureur du Roi à qui il appartiendra dentamer, le cas échéant, des poursuites devant les tribunaux répressifs.
La police et la gendarmerie agissent soit sur base dune plainte individuelle, soit dune réquisition du bourgmestre ou du Procureur du Roi.
Cest au Procureur du Roi que sont adressées toutes les plaintes émanant de particuliers, ainsi que les P.V. constatant une infraction qui ont été rédigés par la police, la gendarmerie, les membres de la DPE et de la DNF (ces derniers devant pour ce faire avoir la qualité d'agent de police judiciaire).
La Division de la nature et des forêts (DNF), au sein de la DGRNE, est chargée dassurer la gestion écologique du milieu naturel. Elle met en oeuvre et sassure du respect de différentes législations: conservation de la nature, code forestier, chasse et pêche.
Larticle 5 de lactuel Code forestier énonce que le Gouvernement fixe les règles selon lesquelles les fonctionnaires de ladministration forestière sont agents forestiers, préposés ou gardes forestiers.
En application de larticle 120 de lactuel Code forestier ces agents, préposés ou gardes sont chargés des poursuites en réparation de toute infraction commise dans les bois et forêts soumis au régime forestier. Les poursuites sont exercées par les agents forestiers au nom de ladministration forestière sans préjudice du droit qui appartient au Procureur du Roi.
Les agents de la DNF recherchent les délits et contraventions de police portant atteinte aux propriétés rurales et forestières ainsi quen matière de conservation de la nature, de la chasse et de la pêche. Les agents forestiers sont aussi chargés de rechercher et de constater les infractions en matière de (arrêté du 23 décembre 1992):
Ces agents recherchent et constatent les infractions. Celles-ci sont consignées dans un procès-verbal qui est transmis au Parquet aux fins de poursuite.
Dans le cadre de leur mission, ces agents exercent leur fonction en qualité dagent ou officier de police judiciaire en application de larticle 9 du code dinstruction criminel.
Les rapports entre la DGRNE et la gendarmerie font lobjet dun accord formalisé dans un protocole ratifié le 15 octobre 1997 par les ministres de lintérieur et de la justice (fédéral) et de lenvironnement (régional).
En application de cet accord et en vue dassurer leurs missions respectives en matière denvironnement, la DGRNE et la gendarmerie ont voulu consolider et approfondir leurs actions. Cest ainsi que cet accord instaure une complémentarité dans la formation des agents de la DNF, de la DPE et de la gendarmerie.
La DGRNE propose à la gendarmerie un programme de formation relatif à la protection de lenvironnement en vue dune adaptation de la formation de base du personnel de la gendarmerie. De plus la DGRNE informe régulièrement la gendarmerie de toute nouvelle réglementation, toute information ou toute publication environnementale.
La gendarmerie propose une formation des agents de la DNF et de la DPE portant sur le tir, les techniques de défense et dintervention et les méthodes dinvestigation policière et judiciaire. De plus, la gendarmerie informe régulièrement la DGRNE de toute nouvelle réglementation sur la fonction dagent et dofficier de police judiciaire et sur lemploi des armes.
En outre, "la gendarmerie, dans le cadre de ses missions, exerce en matière denvironnement, un rôle de signal et de relais avec la DGRNE. La gendarmerie exerce ses activités soit sur la base de plainte, le cas échéant avec laide technique de la DGRNE, soit de manière pro-active ciblée en concertation étroite avec la DGRNE, soit doffice ou sur réquisition du Ministère public" (Protocole daccord).
Des modalités de concertation et de coordination sont prévues entre les directeurs des services extérieurs, les inspections générales de la DPE et DNF et la gendarmerie ou encore pour les missions de police spécialisée entre la Direction générale de la DGRNE et lEtat-major de la gendarmerie.
Les éco-conseillers en commune et les associations membres de la fédération ont été contactés par courrier. Nous leur avons demandé de remplir un questionnaire et nous le renvoyer. Ce questionnaire est repris en annexe.
Quarante-six questionnaires ont ainsi été dépouillés: 23 provenant des éco-conseillers communaux et 23 des associations. Cette enquête ne peut être considérée que comme un coup de sonde. Elle na pas valeur statistique. Il semble que le faible taux de réponses de la part de nos associations membres résulte du fait que la DPE est encore méconnue (son rôle, où et comment y faire appel, qui peut y faire appel et dans quel cas).
Un tableau global des résultats est repris en annexe. Pour chaque question, on a repris le nombre de questionnaires qui ont pu être exploités.
Nous avons complété les données reprises dans les questionnaires par des contacts téléphoniques avec les éco-conseillers (4), et les représentants des associations (8) afin daffiner les réponses et de bien comprendre les situations rencontrées par les personnes qui ont rempli les questionnaires.
Enfin, ces résultats sont recoupés par les conclusions dune "enquête" menée en 1997 par IEW et présentés lors de la journée de rencontre dInter-Environnement Wallonie avec la DPE le 6 mars 1997. A cette occasion, Inter-Environnement Wallonie avait sollicité ses associations pour quelles lui fassent part de leur expérience lors de contact avec la DPE. Douze associations avaient répondu.
Ils font fréquemment appel aux services de la DPE. Ils appellent directement les directions régionales et utilisent peu ou pas du tout le numéro vert et celui de SOS Pollution.
Les demandes
Les cas relevés sont essentiellement relatifs à des problèmes en matière de déchets ou de pollution des eaux. Dans une moindre mesure, la DPE est appelée à la rescousse pour des problèmes de bruit, de pollution de lair et de sols. Régulièrement, les cas soulevés relèvent du contrôle des établissements classés: vérification des conditions dexploiter, constat détablissements qui ne sont pas en règle dautorisations et dont les exploitants sont par la même occasion invités à se mettre en ordre.
La DPE est contactée de temps à autre pour des questions de destruction de sites, de modification du relief du sol, de dépôts de véhicules et mitrailles ou pour obtenir lun ou lautre renseignement à propos de la législation.
Tableau des demandes
Domaines dintervention | demandes des éco-conseillers (n= 22) |
demandes des associations (n=23) |
total des demandes (n=45) |
---|---|---|---|
Bruit | 12 | 3 | 15 |
Pollution des eaux | 17 | 15 | 32 |
Pollution de lair | 9 | 7 | 16 |
Pollutions des sols | 9 | 8 | 17 |
Destruction de sites | 3 | 5 | 8 |
Déchets | 18 | 15 | 33 |
Etablissements classés | 7 | 5 | 12 |
Autres | 3 | - | 3 |
Le contact avec la DPE est jugé unanimement bon à excellent. Il sapparente plus dans certains cas à une collaboration, du fait de contacts fréquents. Les contacts téléphoniques se passent bien, en particulier le premier.
Un bémol toutefois: on ne décroche pas toujours le téléphone, il faut parfois réessayer... Les appels téléphoniques ne sont pas toujours judicieusement bien orientés par la standardiste.
La procédure suivie en cas dappel semble être assez systématique: la réponse étant presque toujours que le service va mener une enquête. Celle-ci consiste souvent en une visite sur place, suivie dun rapport. Dans certains cas, il y a une collaboration étroite entre le conseiller communal et lagent de la DPE, avec un échange dinformations et de rapports jugé constructif.
Certains, tout en appréciant le contact avec la DPE, nous signalent cependant:
Il y-a-t-il une information en retour de la part de la DPE?
Les conseillers qui ont répondu au questionnaire estiment quils reçoivent une information en retour, du moins dans la plupart des cas, sans que ce soit cependant systématique. Trois sur 23 disent ne pas recevoir dinformation en retour à leur demande. Cette appréciation résulte sans doute de la formulation de la question. Le fait est que le demandeur ne reçoit pas toujours spontanément une information suite à son appel mais doit parfois rappeler ou reprendre linitiative (ceci est précisé par 4 (sur 23) des conseillers qui ont rempli le questionnaire ainsi que par les vérifications téléphoniques subséquentes).
Cette information en retour est fournie le plus souvent par téléphone et/ou envoi dune copie du rapport (parfois à la demande du conseiller). Parfois linformation est fournie par lettre, visite sur place, copie de courrier, rencontre (à la demande du conseiller ou à linitiative de lagent) ou encore un simple contact téléphonique.
La DPE informe-t-elle le demandeur de ses démarches?
Léco-conseiller est dans la plupart des cas informé dune visite de la DPE sur le terrain, au préalable ou a posteriori.
Quatre des conseillers interrogés (sur 23) disent ne pas être informés dune telle visite, et le regretter: léco-conseiller sur place et la DPE pourraient travailler de concert.
Dix éco-conseillers sur 22 pensent que la DPE ne prévient pas le contrevenant de sa visite. Cinq pensent que la DPE le prévient. Et si trois avouent ne pas savoir, 4 jugent clairement que ça dépend des situations. Une situation nest pas lautre. Dans certains cas, la DPE peut prévenir afin de rencontrer le responsable; dans dautres cas, une visite surprise peut révéler bien des choses. Il serait sans doute souhaitable que léco-conseiller soit tenu au courant des démarches de la DPE.
Selon 17 questionnaires sur 21, la DPE propose généralement de rencontrer lentreprise ou la personne incriminée avec léco-conseiller.
Il est très fréquent que léco-conseiller recontacte la DPE (daprès 20 questionnaires sur 22), mais ce nest pas systématique. Un conseiller nous dit que la collaboration est telle quils se tiennent réciproquement au courant: ce nest pas nécessairement léco-conseiller qui rappelle le premier. La formulation du questionnaire ne permet pas de déterminer dans quel délai léco-conseiller rappelle la DPE pour avoir des nouvelles, ni celui dans lequel la DPE en aurait donné spontanément.
Si léco-conseiller recontacte la DPE, il reçoit très souvent un compte-rendu des actions menées depuis son appel (16 questionnaires sur 19) et on lui dit que laffaire suit son cours (3 questionnaires). Cela dépend bien évidement aussi des cas. Un conseiller nous rapporte quil ne reçoit de compte-rendu que dans le cas de contrôle détablissements classés.
Les résultats
Les conseillers sont globalement satisfaits des services de la DPE. Ils estiment que son action mène généralement à une amélioration des problèmes rencontrés sur le terrain, avec notamment limposition de mesures pour atténuer le problème (12 sur 23).
Pour les autres, laction menée ne donne guère de résultats (11 questionnaires sur 23).
Les résultats obtenus sont selon les conseillers, le plus fréquemment (sur les 23 questionnaires):
- une atténuation de la nuisance (20);
- la fin de la nuisance (8);
- la pose de scellés (7, bien que peu fréquent);
- lenvoi au Parquet (12);
- louverture dun dialogue (16, mais parfois à linitiative du conseiller).
On notera encore que léco-conseiller a parfois limpression que pour la DPE limportant est dabord que le contrevenant soit en règle administrativement.
Les délais avant darriver à un résultat sont variables selon les cas, et varient entre plusieurs semaines (9), plusieurs mois (8), ou quelques jours (6): cela dépend vraisemblablement des situations. Certaines situations perdurent plusieurs années.
Tableau de la perception des résultats suite à lintervention de la DPE (question 13)
"Avez-vous observé des changements sur le terrain suite à votre plainte?"
Réponses des |
Réponses des associations |
Total | ||||
---|---|---|---|---|---|---|
oui | 12 | n=23 | 6 | n=18 | 18 | n= 41 |
non | 3 | 9 | 12 | |||
parfois | 8 | 3 | 11 | |||
Si oui, lesquels? | ||||||
La nuisance a cessé | 8 | n= 20 | 2 | n=9 | 10 | n=29 |
Des mesures ont été prises pour atténuer le problème | 20 | 7 | 27 | |||
Des scellés ont été posés | 7 | 7 | ||||
Laffaire est envoyée au Parquet | 14 | 1 | 13 | |||
Un dialogue sest ouvert | 16 | 3 | 19 |
Les éco-conseillers rapportent quils ont parfois connaissance déventuelles poursuites judiciaires (8 questionnaires sur 23). Plus exactement, ils savent quune action en justice a été introduite, mais ne sont généralement pas tenus au courant des suites du dossier. Treize conseillers disent ne pas avoir connaissance déventuelles suites judiciaires, et certains mentionnent quils le regrettent. Deux disent éviter sciemment den arriver là et préférer aboutir par une autre voie.
Avec une belle unanimité, les conseillers trouvent que leurs doléances sont prises en compte par la DPE.
Des suggestions daméliorations
Pour améliorer les performances de la DPE, ils suggèrent (sur 20 questionnaires):
- daugmenter le personnel (12);
- de développer des antennes locales (11);
- de mieux informer le plaignant de la suite donnée au dossier (10);
- de donner plus de pouvoirs aux agents sur le terrain (9);
- dassurer une meilleure formation du personnel (4);
- délargir le cadre de compétences de la DPE (4).
Ils suggèrent également :
- dassurer la formation des polices et gendarmes dans chaque commune;
- dassurer la collaboration régulière avec les conseillers en environnement et polices communales;
- de faire systématiquement toutes les visites de terrain avec un représentant des services communaux, y compris dans les cas de plaintes émanant de la population;
- dorganiser linformation sur le suivi judiciaire (amendes encourues, obligation de remise en état...);
- de développer des moyens dinvestigation permettant de cerner et évaluer les sources de pollution;
- daugmenter les pouvoirs des éco-conseillers communaux pour les problèmes environnementaux;
- dagir au niveau des parquets;
- de simplifier les procédures administratives;
- daméliorer la capacité dintervention rapide de la DPE.
Daucuns trouvent que plutôt que daugmenter le personnel de la DPE, ou daugmenter ses pouvoirs, ou encore de développer des antennes locales, il serait plus judicieux de mieux assurer la coordination avec le personnel communal sur le terrain. De plus avec les moyens modernes de communication (véhicules, modems, GSM, courrier électronique) des antennes locales seraient superflues.
Il apparaît aussi, daprès plusieurs questionnaires (8), que les relations des conseillers avec les agents de la DPE dépendent de la compétence et de la personnalité de ces derniers: elles peuvent être excellentes dans certains cas, et pour dautres, beaucoup moins: "tout dépend de la personne", de sa compétence, de sa formation au départ...
Plusieurs éco-conseillers suggèrent également que le service environnement communal reçoive systématiquement un rapport de visite de la DPE quand celle-ci sest déplacée dans la commune suite à une plainte dun riverain.
Sur base des questionnaires remplis, il savère que si certaines associations font régulièrement appel à la DPE, dans la plupart des cas, le recours à la DPE est très peu fréquent (sur 23 questionnaires, 15 disent avoir eu recours à la DPE 1 à 5 fois, 3 de 5 à 10 fois, et 5 associations plus de 10 fois).
Cest dabord par un contact téléphonique, au numéro propre de la DPE (15) que les associations contactent la DPE, mais aussi par courrier (8) et par le numéro de SOS Pollution (3). Plus accessoirement par le numéro vert ou encore par fax.
A noter que le plaignant ne sait pas toujours où adresser sa missive.
Les demandes
Les problèmes soulevés relèvent des domaines de leau et des déchets (15 chacun), ensuite du sol et de lair (8 et 7), et enfin des conditions dexploiter des établissements classés, de la destruction des sites et du bruit (5, 5 et 3). A lexception du bruit, ce classement des problèmes pour lesquels la DPE est sollicitée est le même que celui rapporté par lenquête auprès des éco-conseillers.
La majorité des plaignants disent être plutôt bien reçus, en particulier lors dun premier contact avec la DPE (16 sur 20 questionnaires). Trois nous rapportent avoir été bien ou mal reçus selon les cas, et un plutôt mal reçu.
Quelle est la réponse de la DPE lors dun premier appel?
Dans la grande majorité des cas, la DPE annonce quelle va mener une enquête (17 sur 22 questionnaires). Dans certains cas, qui ne semblent pas être la règle (2), la DPE a demandé dintroduire une plainte écrite à laide dun "formulaire de demande dintervention". La DPE peut se déclarer incompétente et renvoyer à la police communale (3) : remblaiement dun fond de vallée, incinérations de déchets. (La police communale peut de son côté renvoyer le plaignant à la DPE). Parfois le service de la DPE contacté peut renvoyer à un autre centre.
Quelques réponses extraordinaires sont rapportées:
- "Monsieur, nous devrions fermer cette entreprise, mais je ne vous promets pas de le faire";
- "Contactez donc la police communale, nous, nous occupons des grosses pollutions";
- SOS Pollution: "On vient mais si on ne trouve pas le coupable, les frais seront à votre charge".
Deux associations font remarquer que lorsque SOS Pollution est contacté la nuit ou le week-end, lincident est rapporté dès que possible au centre concerné. Quen est-il dune intervention urgente? Ou encore en contactant la DPE, pour un problème dodeurs ponctuel récurrent, le service demande dintroduire une demande par écrit. Comment la DPE pourrait-elle constater un phénomène de pollution si elle ne se déplace pas quand il a lieu? Pendant les week-ends, la DPE ne répond pas (SOS Pollution bien). "Il faudrait une autorité capable de constater et de verbaliser même pendant les congés".
Les demandeurs reçoivent-ils une réponse en retour de la part de la DPE?
Selon 12 associations (sur 21), le demandeur ne reçoit pas une information en retour de la part de la DPE. Cinq associations disent recevoir une information en retour. Et 3 disent avoir reçu une information en retour dans lun ou lautre cas, sans que ce soit une règle générale.
Les réponses à cette question ont été spécifiquement vérifiées par contacts téléphoniques subséquents. A noter quil est fréquent quelles obtiennent linformation indirectement: par un Comité daccompagnement, par léco-conseiller, par la commune...
Linformation en retour est fournie par téléphone (5 sur 9 questionnaires), ou par lettre (6).
A noter quun demandeur rapporte avoir reçu copie du rapport de la visite de la DPE par le biais du Comité daccompagnement de lentreprise incriminée.
Alors que, quand la demande émane de la commune, la DPE informe généralement en retour léco-conseiller par contact téléphonique et communication du rapport de visite, ce nest pas le cas apparemment quand il sagit dassociations ou particuliers.
La DPE informe le demandeur dune visite sur le terrain (la plupart du temps à posteriori) (14 questionnaires sur 22). Cinq associations disent ne pas être informées dune visite sur le terrain, et 2, de lêtre exceptionnellement.
La moitié (9 sur 21 questionnaires) des associations ne sait pas si la DPE annonce ou non au préalable sa visite à la personne ou lentreprise incriminée. Selon 5 associations, la DPE annonce sa visite, et selon six autres pas. Une dit que cela dépend des cas: une fois oui, une fois non.
Si une rencontre sur le terrain avec léco-conseiller semble être une règle générale, il ny a quasiment jamais (20 sur 22 questionnaires), pour les associations proposition de rencontre sur le terrain. De prime abord, cette différence peut se justifier.
Le plaignant recontacte-t-il de lui-même la DPE pour avoir une information sur lavancement du dossier?
Dans la majorité des cas, le plaignant recontacte la DPE (14 sur 20 questionnaires).
Le plaignant reçoit alors une explication au téléphone (7 questionnaires sur 13) ou sentend dire que laffaire suit son cours (5 questionnaires). Parfois, le plaignant sentend dire quil recevra un courrier (dautant plus si le plaignant a recontacté la DPE par écrit) et plus rarement une fin de non recevoir. On nous fait également remarquer quune fois le P.V. communiqué au Parquet, le plaignant nest plus tenu au courant de lévolution du dossier (sans que rien ne change sur le terrain). On nous rapporte (3 questionnaires sur 13) également que lexplication fournie par la DPE peut consister à dire que suite à leur visite la personne ou lentreprise incriminée se met en règle pour obtenir le ou les permis nécessaires. Les nuisances perçues par les riverains ne cessent pas pour autant.
La différence avec le vécu des conseillers en commune est ici sensible. Les conseillers communaux reçoivent généralement, dans la plupart des cas, une information en retour, par téléphone et/ou copie du rapport.
Les résultats
Laction de la DPE mène-t-elle a des résultats? Selon les associations, la réponse est négative dans la plupart des cas (sur 18 questionnaires, 9 et 3 questionnaires selon lesquels sil y a quelques rares fois des résultats, le plus souvent il ny en a apparemment pas).
Pour les associations qui trouvent quil y a un résultat tangible et celles qui trouvent que parfois il y a un résultat (soit 9 questionnaires), celui-ci consiste en la prise de mesures pour atténuer le problème ou la nuisance peut avoir cessé. Un dialogue peut sêtre ouvert (rapporté par 3 associations). Laffaire peut être envoyée "sans suite" au Parquet (rarement: un cas rapporté).
La rapidité dintervention est variable selon le problème: elle peut être rapide (quelques jours) ou prendre quelques semaines, voire quelques mois. Rapidité dintervention ne veut pas dire fin de la nuisance: laffaire peut perdurer.
Le plaignant nest jamais au courant de suites judiciaires éventuelles.
12 associations (sur 21 questionnaires) trouvent que leurs doléances sont prises en compte par la DPE, sans toutefois en être toujours satisfaits: peu ou pas deffets, pas toujours de résultats, "oui mais après"? Sept associations trouvent que leurs doléances ne sont pas prises en compte par la DPE et 2 quelles le sont parfois ou un peu.
La nuance est grande en regard de lunanimité rapportée par les éco-conseillers selon lesquels leurs doléances sont prises en compte.
Des suggestions daméliorations
Les améliorations suggérées sont dans lordre (sur 19 questionnaires):
- donner plus de pouvoirs aux agents sur le terrain (11);
- mieux informer le plaignant de la suite donnée à son dossier (10);
- augmenter le personnel (7);
- élargir le cadre de compétence du service (7);
- développer des antennes plus locales (7);
- assurer une meilleure formation (4);
Dautres suggestions sont faites, notamment: avoir un meilleur contact avec le public et "prendre les plaintes au sérieux" avant toute autre amélioration en personnel ou en moyens, et assurer une intervention plus rapide (par le biais notamment dantennes locales). Une association suggère également de développer une cellule environnement dans les juridictions.
Pour la population, la DPE semble bien démunie pour pouvoir agir efficacement. Une activité illégale peut encore se poursuivre pendant des mois avant régularisation, qui ne met pas fin nécessairement aux nuisances. Cette lenteur "est incomprise par la population".
Enfin, les personnes interrogées estiment que la DPE devrait être libre de toute influence politique: les associations citent le Cabinet ministériel, lautorité communale et aussi lOffice wallon des déchets...
Ce rapport ne porte que sur le rôle de la DPE en matière de contrôle des pollutions, et plus particulièrement sur la perception de ce rôle par le public, au travers des associations membres dInter-Environnement Wallonie et de lexpérience des éco-conseillers communaux.
Les conclusions et recommandations qui suivent sont une synthèse des éléments présentés dans les chapitres précédents, et notamment de lenquête réalisée auprès des éco-conseillers communaux et associations membres dInter-Environnement Wallonie, des résultats dun tour dhorizon des associations réalisé à loccasion de la rencontre dInter-Environnement Wallonie avec la DPE le 6 mars 1997 et enfin de lexpérience des chargés de mission dInter-Environnement Wallonie.
Les domaines dintervention de la DPE sont relativement méconnus dans le public. Ainsi, il nest pas rare que lon fasse appel à la DPE, non seulement pour des problèmes de pollution, mais aussi à propos de constructions dabris-châlets, darrachage de haies, de dénichages de buses...
Dans bien des cas encore, en cas de problème environnemental, la population ne sait pas à qui sadresser.
Il ressort de lenquête rapportée ici que les domaines dintervention de la DPE ne sont pas clairement définis, y compris dans les différents services de la DPE. Par exemple, dans certains cas la DPE nintervient pas en ce qui concerne les problèmes dodeurs ou dabandon de déchets dangereux, ou détablissement de classe 2. En outre, il apparaît de temps à autre des divergences entre la DPPGSS et la DPE pour ce qui est de la nécessité ou non dune autorisation dexploiter pour certaines installations.
Quand la DPE se dit incompétente, ce pourrait être aussi le reliquat de la compétence de feu la DPI qui se limitait aux installations classées. Ceci se confirme quand un éco-conseiller signale ne recevoir de compte-rendus que dans le cas dinstallations classées. Il est clair que les compétences de la DPE sont maintenant bien plus larges.
En matière détablissements classés, il y a une demande dans la population pour un contrôle indépendant et régulier, des émissions. La DPE devrait être ladministration de confiance en matière de contrôle systématique du respect des conditions des permis dexploiter. Or elle nest pas perçue comme telle par la population. La DPE semble intervenir ponctuellement, essentiellement sur base de plaintes.
Il arrive que les agents de la DPE définissent leur mission par "informer, régulariser et, en dernier recours, poursuivre les infractions". Cependant, cette façon dagir jette le discrédit sur linstitution, en ce sens quelle banalise lillégalité. Le contrevenant nest pas puni!
Certains domaines ne sont pas couverts, tels que le bruit provenant des aéroports et des routes. A qui faut-il sadresser dans ces cas?
Propositions Pour mieux asseoir la crédibilité de la DPE, il est indispensable de préciser ses domaines dintervention et de les faire connaître. A ce sujet, il serait utile de publier une plaquette reprenant ses compétences et ses actions: "Que peut faire la DPE, la police et la gendarmerie en matière de pollution?". A envoyer aux communes et éco-conseillers pour distribution aux guichets communaux par exemple, et large diffusion auprès du public. La DPE pourrait aussi diffuser une information relative à ses actions auprès de lUWE, dIEW et de lUVC, qui peuvent alors la répercuter dans leurs publications respectives. Comment? En leur communiquant les rapports concernant, par exemple, les actions de contrôles sectoriels, ou encore des articles relatifs par exemple à la jurisprudence. Un autre outil pour informer et faire connaître la DPE: Internet. Le site de la DGRNE est une mine dor à cet égard pour le surfeur. Mais, en ce qui concerne les problèmes de pollution, laccessibilité à certains types de données pourrait être améliorée. Il serait utile sur le site Internet:
Enfin, pour asseoir sa crédibilité, la DPE pourrait adopter une politique de répression des infractions cohérente et systématique, alliant prévention et répression effective. La population apprécierait et serait rassurée sil savérait que la DPE arrive inopinément, dans le cadre de sa mission de surveillance des conditions dexploiter, les contrôle, et quen cas dinfraction, il y ait effectivement répression. Notons par exemple que le contrôle des combustibles utilisé par lentreprise savère intéressant, parce quil ne nécessite pas daussi grands moyens que le contrôle des émissions atmosphériques et que la qualité de ces émissions dépend directement de la nature des combustibles utilisés. |
La confusion entre la "Police de lenvironnement" et les brigades "environnement" de la gendarmerie ou la police est fréquente.
Il y a déjà une collaboration qui sinstaure entre la DPE et la gendarmerie.
Pour ce qui est des services de police communale, on constate au vu des problèmes rencontrés dans les communes, que:
- la police nest pas sensibilisée aux problèmes environnementaux;
- la police nest pas assez au fait de la législation environnementale, et donc ne sait pas quand elle peut verbaliser;
- les liens de connivence sont fréquents (le policier connaît le contrevenant et hésite à intervenir).
En outre, au sein dune commune, léco-conseiller doit souvent respecter les voies hiérarchiques pour communiquer avec la police, ce qui est très lourd et très peu efficace.
Propositions Comment faire pour éviter la confusion entre la "Police de lenvironnement" et les brigades "environnement" de la gendarmerie? Comment éviter que lun renvoie à lautre?
Que pourrait faire la DPE en ce qui concerne sa collaboration avec les polices communales? Elle pourrait:
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Les responsabilités de la commune
A défaut de pouvoir clairement discerner les compétences de la DPE et de la commune, le plaignant peut se voir adresser un refus dintervention ou, pire, ne recevoir aucune réponse à sa plainte. Il peut aussi se voir renvoyer de la DPE auprès de la commune et de la commune à nouveau vers la DPE. Ce qui se passe régulièrement actuellement, quand le plaignant sentend dire, par exemple, que "la DPE ne soccupe que des grosses pollutions", ou encore que la DPE "ne soccupe pas des classes 2".
Les communes doivent, elles aussi, clairement assumer leurs responsabilités. La crédibilité de la DPE ne dépend pas uniquement de son efficacité et de son mode de fonctionnement, elle dépend aussi de lattitude des autres administrations, et en particulier des communes.
La DPE na pas les moyens requis pour soccuper des délits mineurs tels quabandons de sacs poubelles isolés ou les feux de déchets ménagers dans les jardins. Si la DPE refuse dintervenir pour ce genre daffaires, sa crédibilité est atteinte, alors quen fait cest la commune qui nassume pas ses responsabilités. A la commune dassumer ses responsabilités et assurer, pour sa part, lapplication de la législation. Elle nen sera que mieux appréciée de ces concitoyens. On relèvera aussi que cest la commune qui est responsable du contrôle des conditions dexploiter des installations de classe 2, ce que la population ignore très souvent.
Faire respecter la législation
Un autre point important de la relation établie entre la commune et la DPE est que la DPE dans bien des cas est plus à même de faire respecter la législation que les services de la commune. Ceci du fait que subsiste sur le territoire communal, entre le contrevenant et les employés communaux, y compris de la police, de collusion ou tout simplement dune relation de connaissance de personne à personne ou de "protection" ne permettant pas dans les faits de remédier à la nuisance environnementale. La DPE sert donc de "parapluie" auquel on recourt pour pourvoir faire respecter la législation. Ce rôle dintervenant extérieur de la DPE est essentiel, y compris pour les citoyens.
La DPE est indispensable. Elle est pour la population, dans le contexte actuel de crise de confiance, la seule administration à laquelle elle peut faire appel en cas de problèmes de pollution. A la DPE de continuer à mériter sa confiance.
Propositions Concernant les responsabilités de la commune Pour améliorer la crédibilité et lefficacité de la DPE, il est essentiel de faire savoir à la population et aux autorités communales quels sont les problèmes rencontrés qui peuvent être traités par la DPE et quels sont ceux qui sont du ressort de la commune. A la commune aussi de répercuter alors auprès de ses citoyens où ils peuvent sadresser: léco-conseiller, la police communale... Il sagirait dopérer une information tant dans les services de ladministration communale, le conseil et le collège que dans la population. Cette information porterait sur les domaines dintervention de la DPE, les collaborations avec les services communaux, les responsabilités de la commune en matière de pollutions et de leur contrôle, y compris celles du bourgmestre. Cette information, par le biais dune campagne officielle, aurait pour effet daméliorer le service à la population, en ce sens que les uns et les autres étant mieux informés et ne pouvant plus se cacher derrière leur ignorance, les citoyens ne pourraient plus aussi facilement quactuellement, être renvoyés dun service à lautre. |
Autres propositions Quelques autres suggestions à propos de la relation DPE-commune:
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La crédibilité de la DPE dépend aussi de la cohérence entre les actes des différentes administrations. Or, des incohérences ne sont pas rares entre les permis octroyés en matière durbanisme, dautorisations dexploiter et de déversement des eaux... Il faut espérer que le permis denvironnement y remédiera.
Les agents de la DPE sont également confrontés aux imperfections des textes de la législation. Exemple: les déversements dans les égouts publics, par rapport aux autres déversements ou encore les déversements des eaux usées des campings.
Il apparaît également de temps à autre des divergences dappréciation quant à la nécessité dun permis ou non pour certaines installations.
La DPE est amenée à contrôler des permis. Elle en retire une certaine expérience, un certain savoir des problèmes concrets rencontrés sur le terrain. La DPE répercute-t-elle cette information auprès de la division concernée? La DPE peut proposer des modifications de permis, comme elle peut proposer la suspension ou le retrait de permis. En informe-t-elle la DPPGSS, le cas échéant lOWD et la DE?
Dans le cadre de ses missions, et notamment de ses actions sectorielles ou par zones géographiques, la DPE est amenée à constater des situations préoccupantes concernant un secteur, une zone ou tout simplement une entreprise, situation qui nécessiterait une investigation plus approfondie. La DPE implique-t-elle alors les autres administrations concernées: OWD, Division de leau, DPPGSS? La même question peut se poser, le cas échéant, pour dautres administrations hors du champ de compétence de la DPE: les Divisions provinciales de lurbanisme, par exemple, pour les questions de permis durbanisme, de localisation etc., ce dautant plus dans le cadre du permis unique, ou encore la DNF, le Commissariat général au tourisme...
Enfin, la DPE pourrait continuer à développer une gestion résolument moderne de son personnel: compétence, motivation et efficacité. Le fonctionnement de la DPE nest pas toujours perçu, par les éco-conseillers notamment, comme étant performant. Ce nest pas nécessairement toujours le manque de personnel qui est en cause, mais également un manque de dynamisme et les contraintes et défauts propres à ladministration wallonne.
La qualité des contacts avec la DPE varie au cas par cas. Ils peuvent être bons, lagent de la DPE intervenant avec compétence, conscience professionnelle et dans un souci de remédier au problème plutôt que de sévir, ce qui, dans ces cas, est apprécié de part et dautre.
Dans dautres cas, lintervention de la DPE est moins bien appréciée, pour des raisons de communication et surtout, comme le révèle lenquête, du fait que le plaignant nest pas informé des suites du dossier. Quelques exemples: la plainte nest pas prise au sérieux; on doit sadresser par écrit à la DPE; labsence dintervention de la DPE dans le cas, par exemple, de pollution occasionnelle récurrente...
La taille des zones géographiques dintervention est très grande en particulier pour celle de Namur-Luxembourg. On dit dailleurs que "Virton cest loin de Namur". Effectivement si le plaignant du fonds du Luxembourg doit téléphoner ou écrire à Namur, il peut se sentir quelque peu démuni. Daucuns ont suggéré détablir une antenne à Arlon. On pourrait aussi imaginer que la DPE établisse des relations privilégiées avec les polices communales locales, qui peuvent donc arriver sur place plus rapidement et servir de relais local. Par ailleurs les moyens de communication modernes (GSM, courrier électronique...) pourraient aider à mieux gérer les déplacements.
En cas de plainte, il ne semble pas y avoir de procédure bien définie au sein de la DPE.
Le traitement de la plainte semble être plus systématique si cest un éco-conseiller qui fait appel à la DPE. Dans le cas dune plainte émanant dun particulier, les choses sont plus confuses. Pourquoi ne pas systématiser la procédure?
Propositions Il faudrait instaurer un enregistrement de la plainte (registre) où quelle soit adressée (DPE, gendarmerie, police) de façon à ce quil en reste une trace. Cest important, non seulement pour tous les acteurs impliqués dans la gestion de lenvironnement (inventaire, localisation des nuisances, etc.) mais aussi pour le plaignant lui-même, celui-ci nayant pas accès aux copies de constat ou de P.V. Sauf en cas durgence, il faudrait demander détablir la plainte par écrit (formulaire de demande dintervention). Toutefois, il faut bien être conscient que cette démarche nest pas évidente pour tout le monde: les plaintes des populations les plus défavorisées devraient aussi être prises en compte. Si la DPE est contactée à tort, pour un domaine hors de son champ dintervention, elle doit aiguiller clairement le demandeur vers le service ad hoc, que la demande se fasse par téléphone ou par écrit (si la demande est faite par écrit, il est important que la DPE réponde par écrit). Il faut éviter des disparités entre les différents centres de la DPE, lun acceptant certains types dinterventions, lautre pas. (Envisager la mise en réseau des différents services?) La réception téléphonique de la DPE doit marquer sa différence par rapport aux autres administrations: accessibilité permanente, information correcte et complète du demandeur, transfert de manière adéquate de la communication. La qualité du service avant tout! Lexactitude des informations données au plaignant est primordiale! Si linformation donnée savère fausse, le discrédit pour la DPE est grand (par exemple renseigner que telle décharge est de classe 3 alors quelle est de classe 2). |
Le plaignant nest pas toujours informé du suivi du dossier.
Actuellement, du moins dans certaines communes, la DPE après sêtre rendue sur place communique au Collège communal (qui transmet à léco-conseiller) une lettre accompagnée dune copie de la lettre à lexploitant engageant ce dernier à régulariser sa situation. Le suivi du dossier ne semble pas nécessairement être assuré par la DPE. Ce devrait pourtant être la règle.
A noter que même les éco-conseillers ne sont pas toujours au courant de lintroduction dun P.V. au Parquet.
En ce qui concerne la visite de la DPE sur le terrain et son annonce éventuelle à lexploitant, les situations sont diverses et à apprécier au cas par cas. Si le demandeur est un éco-conseiller, la DPE pourrait systématiquement se rendre chez le contrevenant avec léco-conseiller. Cela nous semble moins approprié si la plainte émane dun particulier, sauf dans le cas dune tentative de médiation.
On constate des cas de nuisances graves, pour lesquels le dossier étant connu, la DPE semble bien démunie. Les riverains en subissent les nuisances pendant longtemps.
Propositions Des résultats de lenquête et de diverses expériences, on peut déduire que la qualité de lintervention de la DPE requiert:
En cas dinfraction en entreprise, le suivi dun dossier "jusquau bout" savérerait exemplaire pour les autres entreprises du même secteur. La DPE, à défaut des autorités communales, doit intervenir, comme elle en a le pouvoir, dans les cas de nuisances graves. Question de crédibilité toujours. |
Lintervention de lagent de la DPE requiert de grandes qualités, notamment découte et de communication, mais aussi de confiance en soi et dassurance.
Comme déjà mentionné, le comportement de lagent est souvent apprécié par les particuliers. Mais on nous rapporte aussi des cas dinterventions pour le moins musclées.
Une descente de 6 agents pour contrôler une ferme est abusive. Que la DPE contrôle les fermes, cest normal, mais il y a, comme en toute intervention, la manière dagir, et nul nignore que cest une des difficultés du métier. Le contrôle vis-à-vis des petits exploitants ne peut pas être plus rigoureux que celui exercé dans les grandes exploitations industrielles. Ce genre dattitude est mal ressenti par la population pour diverses raisons: si infraction il y a, elle est vraisemblablement mineure en regard dautres qui jouissent dune certaine impunité; les gens sont traités comme des criminels potentiels au vu et au su des voisins...
A contrario, il savère que lagent de la DPE est relativement impuissant face aux grosses installations.
Enfin, il arrive que lagent de la DPE soit appelé pour lune ou lautre pollution, quil descende sur le terrain, mais ne sattelle pas à tenter de retrouver le responsable de la dite pollution.
Propositions Il faut que la DPE ait des pouvoirs contraignants face aux "gros" contrevenants: lamende administrative, un traitement rapide du P.V. au Parquet, etc. Il faut aussi dans ce cas, des agents, aguerris et avec un bagage technique suffisant pour sy retrouver dans la complexité des installations. Il leur faut aussi un bagage en "techniques de communication" qui leur permette de faire le poids face à leur interlocuteur. Outre limplication de lagent lui-même, il faut bien entendu un minimum de moyens techniques et pratiques, par exemple, de pouvoir faire lun ou lautre prélèvement. On peut aussi imaginer quune meilleure collaboration avec les agents de la police communale et léco-conseiller pourrait effectivement permettre de remonter à la source de la pollution (sans que la charge de travail de lagent de la DPE sen trouve trop alourdie). |
Une politique de lenvironnement cohérente requiert dune part un contrôle ("une recherche des infractions") et, dautre part, une répression des infractions qui soient efficaces et crédibles.
Le respect de la législation par les autorités
Les communes et dautres instances telles que le MET, par exemple, ne respectent pas toujours les dispositions légales. Ainsi, il nest pas rare que des dossiers soient à lenquête publique dans les communes (permis de lotir, permis durbanisme, autorisation dexploiter), alors quil y a manifestement une tentative de contourner une disposition légale plus contraignante. Un exemple classique est celui de la délivrance de permis de bâtir et/ou dune autorisation dexploiter, "par morceau détablissements", qui échappent ainsi à la classification en classe 1 et le cas échéant à une procédure dévaluation des incidences.
Ces tentatives sont parfois révélées grâce à la vigilance des citoyens, sans nécessairement quil y soit remédié. Peut-on vraiment croire en lignorance des autorités communales en ces matières? Quand la population se rend compte de ces "illégalités", (et plus on essaie de les lui cacher, plus le malaise grandit), il est bien entendu difficile de lui rendre confiance en ladministration et les pouvoirs publics. La DPE intervient ponctuellement, mais signale-t-elle à la commune lirrégularité survenue dans tel ou tel dossier? Peut-elle dénoncer ces pratiques illégales rentrées dans les moeurs? Les irrégularités dans le chef de certaines administrations, portent aussi atteinte au crédit de la DPE, celle-ci savérant impuissante à faire respecter la législation.
La régularisation
Les éco-conseillers qui ont répondu à lenquête privilégient la médiation plutôt quune approche directement répressive. Quand léco-conseiller peut sinvestir et réussir de cette manière, cest sans conteste le mieux. Laction de léco-conseiller ne vise pas seulement la régularisation mais aussi la réduction des nuisances. Cest leur rôle. Quant à la DPE, elle peut y contribuer, mais pas ériger en système le principe de la régularisation et de lillégalité récompensée!
Les riverains dune installation source de nuisances ont fréquemment rapporté (et les éco-conseillers aussi), que pour la DPE, limportant est de "régulariser". Ce faisant, la DPE "légalise" la pollution. Cest du moins une manière de percevoir les choses, les nuisances nen cessent pas pour autant. Si lentreprise est amenée à régulariser sa situation sur le plan de la législation (permis de bâtir, permis dexploiter, déversement deaux usées, etc.), lexploitant doit, dans les meilleurs des cas, progressivement adapter ses façons de procéder. Pour le riverain, après une procédure relativement longue, les nuisances peuvent finalement être atténuées.
La longueur des procédures, le fait quil y a peu ou pas de résultats en ce qui concerne les nuisances ressenties, et le fait que souvent ils ne sont pas informés des procédures en cours induisent chez les riverains un sentiment de fatalité, dimpuissance, et de grogne aussi. Et avant tout, lillégalité est banalisée! Le contrevenant nest pas puni, ce qui est mal ressenti par la population.
Il nest pas rare que des cas séternisent pendant plusieurs années. Est-ce vraiment inévitable?
La DPE a pour rôle "dinformer, de régulariser et, en dernier recours, de verbaliser". Alors que "nul nest censé ignorer la loi", on constate quen Wallonie, cest plutôt linverse: on suppose que lexploitant nest pas au courant de la législation! Mais quand il brûle les déchets de son entreprise derrière ses bâtiments, il se doute bien que ce nest pas "légal". Tout le monde sait quil faut un permis dexploiter et quon ne peut pas mettre nimporte quoi à légout... Le principe de la régularisation, sans acter linfraction ni sévir, nincite pas les exploitants à entreprendre les démarches pour avoir les autorisations et permis nécessaires ni à en respecter les conditions, et encore moins à réduire leurs pollutions. Le principe des P.V., et celui des amendes, a un plus grand pouvoir dincitation. Ceci est dautant plus vrai pour les moyennes et grandes entreprises. Or, lagent de la DPE, dans ces cas, est relativement démuni, son pouvoir daction semble bien limité!
Ce qui précède nempêche pas que lagent ait une certaine marge dappréciation: un exploitant peut être de bonne foi, et il faut considérer les choses dans le contexte économique et social.
Propositions La DPE pourrait jouer un rôle plus évident de contrôle des conditions dexploiter, alliant prévention (actions sectorielles par exemple) et répression effective des infractions. Comme déjà mentionné (5.3.3.), une "super" police, similaire à celle des impôts, pour les grosses installations, pourrait donner plus de crédibilité à la DPE (formation appropriée des agents sur le plan technique et "technique de communication"). Dans létat actuel, lentreprise reçoit un avertissement... et puis il ne se passe, trop souvent, plus rien. La DPE doit veiller à appliquer avec rigueur la procédure "avertissement-P.V.", cest-à-dire: 1) accorder au contrevenant un délai pour remédier à linfraction; 2) ce délai une fois écoulé, vérifier si le contrevenant a effectivement pris les mesures nécessaires; 3) à défaut, établir un P.V. et le transmettre dans les règles au Parquet. Bien entendu, subsiste toujours le problème de lefficacité de linstitution judiciaire. Dautres moyens de répression pourraient être mises en oeuvre. Dans les cas de régularisation, le constat de linfraction et une amende simposent. Le fait que pour le contrevenant, il suffit de régulariser ses permis, pénalise les autres, ceux qui ont fait leffort dêtre en règle! Les moyens de répression dont dispose la DPE doivent être mises en oeuvre dans tous les cas dinfractions environnementales: P.V., amendes... Les campagnes sectorielles ou par domaines environnementaux ont pour résultat de faire connaître la législation auprès des entreprises. Dans le même ordre didées, la DPE pourrait contribuer à lélaboration dune veille réglementaire destinée aux PME. Ainsi lignorance de la législation ne sera plus une excuse pour ne pas être en règle. Autre proposition concrète: le courrier de mise en demeure de régularisation que la DPE envoie au contrevenant pourrait se compléter de linformation nécessaire pour ce faire. Ainsi par exemple, dans le cas dun dépôt dhuiles usagées trop important, il pourrait renseigner ce que doit contenir exactement le registre "huiles usagées", et quels sont les récupérateurs agréés auxquels lexploitant peut faire appel. |
Les pouvoirs de la DPE
Les pouvoirs de répression des infractions de la DPE sont en théorie assez larges. Or par rapport aux attentes suscitées à la lecture des rapports dactivités annuels de la DPE ainsi que des textes légaux, il faut bien se rendre à lévidence que les pouvoirs de la DPE sont en réalité bien limités.
Les outils répressifs sont les suivants:
Si les procédures relatives à ces outils répressifs étaient mieux connues, les responsabilités de chacun seraient évidentes.
Il faudrait en tout cas pouvoir effectivement mettre fin aux infractions les plus évidentes dans un délai assez rapide.
Propositions Une voie à développer est la possibilité dimposer une amende administrative, selon un système rapide et efficace. Ce type damende permettrait déviter la procédure judiciaire relative au traitement des P.V. et tous ses défauts (longueur, classement sans suite, résultats etc.). Cette amende administrative devrait être nettement dissuasive et être proportionnelle aux revenus ou chiffres daffaires du contrevenant. La DPE pourrait faire mieux connaître les prérogatives des bourgmestres en cas dinfraction environnementale: poser des scellés, mettre fin à linfraction... Et en cas dinertie du bourgmestre, les appliquer elle-même. La DPE pourrait mieux faire connaître les procédures liées aux outils répressifs, et en particulier les responsabilités de chacun: à qui incombe la décision dune action en cessation, à qui incombe la décision dun recours introduit par lexploitant contre la modification, la suspension ou le retrait dun permis etc. Enfin, elle doit contribuer aux développements de la législation en matière de contrôle des émissions et des conditions dexploiter. |
Les procès-verbaux
Il savère, en cas de procès-verbal que la procédure en justice est longue et fastidieuse.
Ce qui, ajouté au classement sans suite et aux P.V. "quon fait sauter", est décourageant. En outre, les affaires jugées aboutissent à des condamnations relativement mineures.
Tout ceci ne fait que renforcer le sentiment dimpunité existant dans la population. Le plaignant (et même léco-conseiller), nest pas informé des suites données à un P.V. Il a donc limpression quil ne se passe rien, que le contrevenant nest pas poursuivi.
La crédibilité de la DPE, cest aussi la teneur des jugements rendus. Or, il apparaît que les condamnations sont loin dêtre dissuasives! En outre, il est des cas notoires qui séternisent pendant plusieurs années. Si un jugement est rendu pour un P.V. introduit et quil prévoit un sursis sur une période déterminée, le temps quun autre P.V. aboutisse, cette période de sursis peut bien sêtre écoulée. Les nuisances entre-temps perdurent et le contrevenant nest pas sanctionné. Cet ensemble déléments discrédite le système.
Mal accepté également, est le fait que les riverains, victimes dune nuisance, nont pas accès aux copies des procès-verbaux, ni même des "avertissements" transmis eux-aussi au Parquet, ceux-ci étant sous le couvert du secret. On peut sinterroger quant aux motifs de linaccessibilité à ces données détenues par la Justice. La diffusion de données relatives aux émissions dun établissement déterminé ne saurait nuire à lenquête. Le secret requis par la Justice, et son manque defficacité par ailleurs, favorisent les délits environnementaux et leur impunité. La loi "Franchimont", définissant le statut de la personne lésée, ainsi que les modalités daccès au dossier et de son information quant au suivi du dossier apporte peut-être un début de réponse à ce problème.
Propositions Il est crucial que le traitement des P.V. par le Parquet et la procédure en justice soit plus rapide. Même si la gestion et lorganisation des Parquets échappent à la Région wallonne, ladministration pourrait suggérer la création dune section "environnement" par Parquet, collaborer à leur mise en oeuvre effective et assurer une coordination efficace avec les Parquets. La DPE, sans une justice efficace, ne peut être crédible. Laction en cessation est un outil auquel ladministration peut recourir, avec laccord du Ministre de lenvironnement. Il faudrait aussi mieux faire connaître la jurisprudence en la matière. "Lobservatoire" des rapports annuels de la DPE est exemplaire; il pourrait être repris sur Internet. Les cas de jurisprudence riches denseignements ou exemplaires pourraient aussi faire lobjet darticles répercutés dans les publications de la DGRNE mais aussi auprès de lUWE, de lUVC et dIEW, ainsi que sur le site Internet de la DGRNE. |
La DPE rend un avis sur les performances environnementales des entreprises qui demandent une aide dans le cadre des lois dexpansion économique mais aussi dans le cadre des demandes denregistrement au système EMAS ou encore lors des demandes dagréments en matière de déchets (collecteur, transporteur de déchets, exploitant...).
Lors des actions de contrôle par secteurs dactivités, "tout le monde est logé à la même enseigne", la situation est identique pour lensemble des exploitants. Il ny a pas dans ce cas, de plaintes, et le dialogue sen trouve facilité. Le rôle dinformation, dans ce cadre, est primordial: signaler les infractions, les démarches administratives à suivre, et les adresses nécessaires. La répression peut nêtre envisagée que dans un stade ultime, en dernier recours.
Linspectorat par le biais dactions globales par zone, par bassin versant, par commune ou encore par secteurs, est sans doute le plus efficace en matière de prévention.
Dannoncer à lavance, dans la presse, les opérations de contrôle systématique, ne peut quen renforcer lefficacité. Une variante serait dannoncer publiquement quun échantillonnage de contrôle sera effectué pour une période et une zone déterminées... Par exemple: le contrôle de 10 éleveurs de porcs par province en automne.
Annoncer les opérations de contrôle systématique incite les exploitants à régulariser leur situation légale. En outre, ce type dopération peut avoir un effet positif sur le public, par une sensibilisation au contrôle des pollutions, tout en contribuant à lui redonner confiance dans les capacités dinitiative et de contrôle de ladministration .
Ce type daction pourrait saccompagner dune campagne de sensibilisation et dun rôle minimum de conseil par, par exemple, la diffusion de la brochure de la Région wallonne relative à la prévention des pollutions, ou encore des cahiers sectoriels, ou de conseils standards.
La DPE étant impliquée dans la constitution des réseaux de surveillance et dinformatisation des données, elle a également un rôle à jouer en matière daccessibilité du public aux données des différents réseaux de mesures existant sur le territoire wallon (ISSEP, eaux, air etc.), assorties à un inventaire des sources de pollution, dans les différentes communes. Il sagit de faire connaître lexistence des rapports à ce sujet. Internet est un outil complémentaire. Cette information devrait être présentée en fonction de lintérêt du public: "Jhabite telle commune. A quelle pollution suis-je exposé? (air). Quelle est la pollution du cours deau qui traverse la commune? Quelles sont les sources de pollution recensées et leurs contributions respectives à ces pollutions de lair et de leau?".
Enfin, en matière de prévention, la DPE pourrait proposer des adaptations et contribuer à lamélioration de la législation en se référant à son expérience En effet, les imperfections de la législation rendent la tâche de la DPE bien difficile. Les batailles juridiques ne sont pas propices à la sauvegarde du bien public.
La DPE pourrait dans son rapport annuel relever les situations les plus urgentes à améliorer et faire des suggestions en ces sens.