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4.4. Normes et objectifs de qualité 4.4.1. Introduction Jusqu’au 9 septembre 2003, la directive 92/72/CEE (transposée en droit wallon par l’arrêté du Gouvernement wallon du 13/10/94) réglementait les concentrations en ozone. Conformément à la directive cadre 96/62/CE, cette directive a été remplacée par la directive 2002/3/CE du 12 février 2002 (Journal Officiel des Communautés Européennes du 09/03/2002), transposée en droit wallon par l’Arrêté du Gouvernement wallon du 5 décembre 2002 (Moniteur Belge du 10/02/2003). Les valeurs cibles définies dans les textes de lois devront être respectées pour 2010 (Tableau 29).
(1) la première année entrant en ligne de compte pour
ce calcul sera 2010. Tableau 29 : Ozone - AGW du 5/12/02 Contrairement aux autres polluants pour lesquels il est fixé des valeurs limites (« niveau fixé sur base des connaissances scientifiques à atteindre, dans le but d’éviter, de prévenir ou de réduire les effets nocifs sur la santé humaine et/ou l’environnement dans son ensemble. Ce niveau une fois atteint ne peut être dépassé. »), la directive 2002/3/CE fixe pour l’ozone des valeurs cibles (« niveau fixé dans le but d’éviter à long terme des effets nocifs sur la santé humaine et/ou l’environnement dans son ensemble, et à atteindre là où c’est possible sur une période donnée ») et des objectifs à long terme (« une concentration d’ozone dans l’air ambiant en dessous de laquelle, selon les connaissances scientifiques actuelles, des effets nocifs directs sur la santé humaine et/ou sur l’environnement dans son ensemble sont peu probables. Sauf lorsque cela n’est pas faisable par des mesures proportionnées, cet objectif doit être atteint à long terme afin d’assurer une protection efficace de la santé humaine et de l’environnement. »). En outre, la directive fixe un seuil d’information (« niveau au-delà duquel une exposition de courte durée présente un risque pour la santé humaine des groupes particulièrement sensibles de la population et à partir duquel des informations actualisées sont nécessaires. ») et un seuil d’alerte (« un niveau au-delà duquel une exposition de courte durée présente un risque pour la santé humaine de toute la population et à partir duquel les Etats membres prennent immédiatement des mesures.»). Enfin, la directive décrit également les obligations en matière de :
4.4.2. Seuil d’information et seuil d’alerte Les seuils d’information et d’alerte sont destinés à protéger la population des expositions à des niveaux intenses mais de courte durée. Le dépassement de ces seuils implique un risque pour la santé des groupes à risque pour le premier et de l’entièreté de la population pour le second. Il y a obligation d’informer la population en cas de dépassement du seuil d’information et de prendre des mesures en cas de dépassement du seuil d’alerte. Le nombre de dépassements de ces seuils sont le reflet de la gravité des épisodes estivaux de pollution. Leur nombre dépend principalement de conditions météorologiques particulièrement défavorables. Dans le calcul des valeurs horaires, la directive stipule qu’il faut 75% de données valides. Dans notre cas, les deux valeurs semi-horaires doivent être valides pour calculer la moyenne horaire. Contrairement à 2003, année riche en ozone et où l’on compta 4 jours avec dépassement du seuil d’alerte et 21 jours de dépassements du seuil d’information, 2004 ne connut aucun dépassement du seuil d’alerte et seulement 4 jours avec au moins un dépassement du seuil d’information (Tableau 30). 2004 fut donc une année à placer sur le même pied que 1998 (7 jours de dépassements), 1999 (2 jours), 2000 (pas de dépassement), 2001 (7 jours) ou 2002 (1 jour).
Tableau 30 : Ozone – Nombre de dépassements des 180 µg/m³ sur 1 h - 2004 En 2004, les dépassements eurent tous lieu sur une période débutant le 30 juillet et se terminant le 5 août avec un maximum le 30 juillet. L’amplitude des dépassements de 2004 fut également bien moins intense que celle des pics de 2003, avec un maximum à 201 µg/m³ contre 296 µg/m³. A Dourbes, le 30/07/2004, le seuil d’information fut dépassé durant 6 heures consécutives (Figure 22).
Figure 22 : évolution des concentrations horaires - 15/07/04 au 15/08/04 – Dourbes (TMNT01) Cet épisode peut être mis en relation avec des conditions favorables d’ensoleillement, accompagnées de températures élevées : « Du 28 à la fin du mois, les masses d’air s’asséchèrent
davantage suite à l’établissement d’une zone de faible relief barométrique
depuis la Scandinavie jusqu’à nos régions. « Du 1er au 2, notre pays fut sous l’influence de courants continentaux centrés sur la Scandinavie. Ensuite, du 3 à la fin du mois, notre temps fut déterminé par des courants maritimes. Ils furent associés, du 3 au 4, à une dépression située sur l’Islande, à des dépressions situées dans le voisinage des Iles Britanniques du 5 au 19, du 22 au 25 et du 27 au 30, et à des dépressions sur la Scandinavie les 20, 21, 26 et 31. La prédominance d’air chaud sur le pays au cours des première et
deuxième décades est à l’origine d’un large excès des températures.
La Figure 23 reprend, pour la Belgique, l’évolution des maxima horaires durant cet épisode. On constate que les jours où la pollution par l’ozone fut la plus importante furent le 30 juillet et les 3, 4 et 5 août. Le 30 juillet, la pollution s’étendait principalement sur le nord-est de la Belgique et suivant un axe sud-ouest nord-est coupant la Wallonie en deux. Les 3, 4 et 5 août, la Flandre fut la région la plus touchée ce qui explique que les dépassements du côté wallon se retrouvent aux stations les plus septentrionales. Le 29 juillet, la transmission des données à CELINE (Cellule interrégionale de l’Environnement) ne s’est pas effectuée correctement, ce qui explique que la région wallonne apparaisse en blanc. Toutefois ces données existent et ont été prises en compte dans le calcul des dépassements.
Figure 23 : Evolution des maxima horaires en ozone – 27 juillet au 10 août 2004 (source CELINE) 4.4.3. Protection de la santé humaine Pour protéger la population des effets à long terme de l’exposition à l’ozone, la directive définit une valeur cible et un objectif à long terme. Ces deux seuils sont basés sur un nombre maximal de dépassements. On compte ainsi le nombre de fois que le maximum journalier des moyennes sur 8 heures dépasse les 120 µg/m³, les moyennes sur 8 heures étant calculées de manière glissante pour chaque heure du jour en prenant l’heure en cours plus les 7 précédentes et en attribuant la moyenne à cette heure. Le nombre de dépassements permis s’applique à une moyenne sur 3 années du nombre de dépassements annuel. La directive fixe aussi des critères pour l’agrégation des données. Ainsi pour calculer une heure valide, il faut 75 % des données. Pour le calcul de la moyenne sur 8 heures, 6 heures au minimum sont nécessaires et pour le calcul du maximum, il faut 18 moyennes par jour. En 2004, seules les stations de Dourbes et d’Offagne excèdent le nombre de dépassements permis (Tableau 31). En réalité, le nombre de dépassement doit être moyenné sur 3 années (la première année entrant en ligne de compte devrait être 2010). Si on se base sur les trois dernières années (2002 à 2004), la norme n’est pas respectée pour les stations de Dourbes, Offagne, Sainte-Ode, Habay et Eupen soit toutes les stations à caractère rural sauf la station de Sinsin qui se situe à la limite des 25 dépassements autorisés. Le nombre important de dépassements enregistrés en 2003 influence négativement la moyenne. En effet, l’année dernière, toutes les stations sauf celle de Mons étaient largement au dessus des 25 dépassements permis. Toutefois, cet effet est en partie contrebalancé par 2002 qui fut pauvre en dépassements.
Tableau 31 : Ozone - Dépassements des 120 µg/m³ sur 8h – 2004 Les dépassements des 120 µg/m³ eurent lieu durant une période allant d’avril à septembre (Tableau 32). La majorité des dépassements eurent lieu durant l’épisode déjà cité soit approximativement du 28 juillet au 9 août (les dates exactes varient avec les stations). Outre cet épisode, on a enregistré des dépassements sur des périodes centrées sur le 16/04, le 19/05, le 29/05, le 09/06 et le 05/09. Cependant, ces pics ne se retrouvent pas systématiquement pour toutes les stations.
Tableau 32 : Ozone – Répartition des dépassements des 120 µg/m³ - 2004 L’évolution à long terme du nombre de dépassements montre que celui-ci a augmenté progressivement depuis 1988, avec un maximum en 1994 pour se ensuite stabiliser avec deux exceptions en 2000 et 2002 où le nombre de dépassements était du niveau du début des années 90 (Figure 24). En 2003, tous les records sont battus et le nombre de dépassements n’a jamais été aussi élevé depuis le début des mesures à ces deux stations. Enfin, en 2004, le nombre de dépassements fut semblable à ce qu’il était en 2001 ou durant la seconde partie des années nonante.
Figure 24 : Ozone - Evolution du nombre de dépassements des 120 µg/m³- Stations d’Eupen (TMNT08) et Offagne (TMNT04) 4.4.4. Protection de la végétation Pour la protection de la végétation, la valeur cible et l’objectif à long terme sont basés sur la notion de surcharge en ozone ou AOT40 (Accumulated dose Over a Threshold). Pour calculer l’AOT40, on somme les surplus par rapport à une valeur donnée (40 ppb ou 80 µg/m³). Cette surcharge est calculée pour la période de croissance végétale soit de mai à juillet et pour les heures de la journée où la photosynthèse est la plus active (8 à 20 h, heure d’Europe centrale). L’AOT40 est en effet un paramètre directement en relation avec le rendement des terres agricoles et des prairies. Lors du calcul de l’AOT, il faut 90 % des valeurs horaires mesurées pendant la période définie pour le calcul de la valeur de l’AOT. Si des données sont manquantes, on corrige l’AOT par la formule : AOT estimation = AOT40 mesuré * Nombre d’heures possibles(1) / nombre de valeurs horaires mesurées (1) Il s’agit du nombre d’heures pendant la période prévue pour la définition de la valeur AOT (c’est-à-dire de 8h à 20h, heure d’Europe centrale, du 1er mai au 31 juillet de chaque année pour la protection de la végétation et du 1er avril au 30 septembre de chaque année pour la protection de la forêt. En 2004, aucune des surcharges en ozone (AOT40) ne dépasse la limite de 18 000 µg/m³ (Tableau 33). Plus correctement, la surcharge doit être moyennée sur 5 ans. Sous l’effet des fortes surcharges mesurées en 2003 (8 stations sur 12 enregistraient des surcharges dépassant la limite), la surcharge moyennée est plus élevée sans toutefois dépasser la valeur cible. Les faibles surcharges observées en 2000 et 2002 ont sans doute permis de compenser celles de 2003. La moyenne permet d’équilibrer les effets des années riches en ozone. Toutefois, si on observait 5 années consécutives comme 2003, la valeur cible serait alors dépassée. Si la valeur cible de 18 000 µg/m³.h, peut être atteint relativement facilement, l’objectif à long terme de 6000 µg/m³.h semble un peu trop optimiste.
Tableau 33 : Ozone – Surcharge en ozone AOT40 (mai-juillet) L’évolution à long terme de l’AOT ne montre pas d’évolution favorable vers l’objectif à long terme (Figure 25). L’examen de ce graphique doit s’accompagner de précautions car pour les années antérieures à 1993, le nombre de données manquantes est parfois grand et la correction apportée à l’AOT40 est d’autant plus importante.
Figure 25 : Ozone - Evolution de la surcharge en ozone (AOT40 estimé) - Stations d’Eupen (TMNT08) et Offagne (TMNT04) 4.4.5. Répartition géographique Sur la Carte 3, figure le nombre de dépassements pour les différents seuils de la directive 2002/3/CE (seuil d’information, seuil d’alerte et dépassements de 120 µg/m³). Carte 3 : Ozone - Nombre de dépassements 2004 (1.36 Mo) Pour les dépassements du seuil d’information, il est difficile de mettre en rapport le nombre de dépassements avec la situation géographique de la station. Pour le nombre de dépassements du seuil de 120 µg/m³, on observe un plus grand nombre de dépassements pour les stations à caractère rural, ce qui implique que les stations au nord de la région sont les moins touchées puisque plus urbanisées. De part son nombre plus faible de dépassements, la station de Vezin se classerait plutôt dans la catégorie des stations urbaines bien que son environnement proche soit plutôt rural. La station d’Engis fait également exception et on y compte autant de dépassements qu’à une station comme Sainte-Ode. Sur la carte de répartition de la surcharge en ozone (Figure 26), on observe que la surcharge en ozone s’accroît quand on se dirige vers le sud de la région wallonne. Ainsi, le sud des Ardennes, la Gaume ainsi que la région des Hautes Fagnes, soit les zones les plus rurales, sont les régions les plus exposées. A l’opposé, la surcharge est moindre le long du sillon Sambre et Meuse et sur le Hainaut occidental, soit les zones les plus urbanisées.
Figure 26 : Répartition de la surcharge en ozone - mai à juillet 2004 |