Les modes de production et de consommation qui se sont développés dans laprès-guerre, ont entraîné une augmentation spectaculaire des quantités de déchets produites. Longtemps, ces déchets ont été simplement collectés, et incinérés ou mis en décharge dans des carrières ou vallons, sans précautions particulières. Les problèmes de voisinage, de pollutions et de saturation des décharges qui se sont progressivement posés ont entraîné une prise de conscience et lélaboration progressive dune politique de gestion des déchets. Les grandes options de cette politique sont la prévention, la réutilisation, le recyclage et la valorisation. A terme, la mise en décharge ne doit plus être envisagée que pour les déchets ultimes, cest-à-dire ceux arrivant en bout de filière de traitements et dont il nest plus possible de faire quoi que ce soit.
Neuf ans après ladoption du premier plan wallon des déchets, quelle est la situation ? Un état peut être établi à partir des données disponibles même si celles-ci sont parfois approximatives du fait de la diversité des filières de production, de collecte, de tri et de traitement. Les quantitésSelon les données disponibles, les quantités de déchets ménagers et industriels annuellement produites semblent sêtre plus ou moins stabilisées au cours des deux/trois dernières années. Les gisements oscilleraient actuellement autour de 1.600 ktonnes/an pour les déchets ménagers (Figure 49) et 10.000 ktonnes/an pour les déchets industriels, dont environ 6.000 ktonnes de déchets provenant des industries manufacturières (Figure 50). Figure 49 Quantités de déchets ménagers collectés en Région wallonne (1995-1999) en kilotonnes. Figure 50 Quantités de déchets générés par lindustrie manufacturière (1995-1998). La quantité de déchets dangereux augmente encore, probablement au moins en partie parce quils sont mieux collectés et enregistrés quauparavant. En 1998, 475 ktonnes de déchets dangereux ont été répertoriés (Figure 51). Figure 51 Quantités de déchets dangereux en Région wallonne (1995-1998). Les boues résultant du traitement des eaux (18 ktonnes en 1999) augmentent inexorablement avec le développement de lépuration des eaux usées (Figure 52). Figure 52 Quantités de boues provenant des stations dépuration en Région wallonne (1994-1999) Ces chiffres montrent que la production de déchets reste un problème majeur. Les mesures mises en place jusquà présent, nont pu faire diminuer les quantités de déchets produites et elles ne suffiraient probablement même pas pour stabiliser le gisement de déchets sil y avait une reprise économique significative. Pour réduire les quantités de déchets, la prévention, considérée comme un axe prioritaire de la politique des déchets, doit nécessairement être renforcée. Les données et le recul manquent encore pour juger de lefficacité de mesures telles que les sacs payants ou les poubelles à puces, notamment sur la composition des poubelles ou sur lapparition deffets pervers tels que laugmentation des dépôts sauvages ou lincinération des déchets à domicile. La collecteLes collectes sélectives sont un préalable à la mise en uvre des filières de recyclage et de valorisation organique des déchets. Ces opérations ne sont en effet possibles quà partir de déchets relativement homogènes. La collecte des déchets ménagers a été marquée par lavènement, à grande échelle, des collectes sélectives soit en porte-à-porte, soit par un réseau de parcs à containers (Figure 53). Les résultats sont encourageants puisque la part de déchets collectés sélectivement ne cesse daugmenter et a atteint 43 % en 1998 et 55 % en 1999, ce qui est supérieur à la moyenne européenne. En ce qui concerne ce point, lobjectif du Plan Wallon des Déchets Horizon 2010 a été atteint plus rapidement que prévu à lexception des collectes sélectives de matières organiques en porte-à-porte. Figure 53 Evolution des modes de collectes sélectives en Région wallonne de 1995 à 1998. Les autres déchets (industriels, dangereux, boues de traitement des eaux) ne posent guère de problèmes de collecte sélective car la plupart du temps, ils sont produits dans des processus bien maîtrisés et ils sont de mieux en mieux répertoriés. Les traitementsPar le passé, le recours à la mise en décharge et à lincinération était systématique pour les déchets ménagers. Actuellement, dautres filières de traitement sont développées avec comme objectif, de ne plus autoriser la mise en CET directe des déchets ménagers dici 2005 et de privilégier la réutilisation, le recyclage et la valorisation. Cet objectif est encore loin dêtre atteint puisquen 1998, 37 % des déchets ménagers (482 ktonnes) étaient encore mis directement en décharge et 26 % (415 ktonnes) étaient incinérés tandis quenviron 47 % entraient dans les filières de tri, recyclage et compostage (Figure 54). Figure 54 Modes de traitements appliqués aux déchets ménagers en 1998. Le taux de valorisation des déchets industriels provenant de lindustrie manufacturière est, par contre, élevé puisquil atteint 86 %. Les déchets dangereux traités en Région wallonne sont essentiellement valorisés (64 %) notamment comme combustible dans les fours de cimenteries. Le reste est éliminé par traitement physico-chimique (16 %), incinération (3 %) ou mise en CET (16 %) (Figure 55). Figure 55 Modes de traitements des déchets dangereux en Région wallonne (1995-1998). La Région wallonne exporte pour traitement à létranger, une partie des déchets dangereux produits sur son territoire (94 ktonnes soit 20 %) (Figure 56). A linverse, elle importe des déchets des régions et pays limitrophes pour alimenter ses filières de traitement (200 ktonnes en 1998) (Figure 57). Figure 56 Exportations de déchets dangereux par provenance (1996-1998). Figure 57 Importation de déchets dangereux par opération de gestion réalisée en Région wallonne (1996-1998). Les boues dépuration ont été jusquen 1998, essentiellement valorisées comme amendement agricole (82 % en 1998). Plusieurs facteurs compromettent cependant lavenir de cette filière : laugmentation des quantités de boues produites, le renforcement des exigences de qualité, la limitation des quantités dazotes épandables sur les terres. Cette réduction de la valorisation agricole se marque déjà nettement en 1999 (plus que 53 %). Les filières alternatives à lépandage agricole et à la mise en CET nexistent cependant pas encore en Région wallonne (Figure 58). Figure 58 Destination des boues de stations dépuration urbaines et mixtes en Région wallonne. Les centres denfouissement technique et lassainissement des dépotoirsLes conditions pour établir un site de déversement de déchets ont été renforcées et une programmation à long terme a été élaborée (plan des CET). La réhabilitation de 822 anciens dépotoirs est en cours (36 % réalisés). Cinq sites ont été considérés comme prioritaires et font lobjet de traitements particuliers. En conclusion, la gestion des déchets a connu une amélioration notoire au cours des dix dernières années. Les flux sont gérés par grandes catégories et des filières de collecte et de traitement ont été mises en place. Par rapport à labsence de gestion environnementale qui prévalait jusque dans les années 70, ce redressement de la situation mérite dêtre souligné. Les efforts doivent cependant être poursuivis pour résoudre des problèmes urgents, en particulier : la mise en place dune politique de prévention efficace de manière à réduire significativement les quantités de déchets produites ;
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