[ Consultez les données actualisées ]


NatForI2a : Evolution de la défoliation (% d’arbres par classe de défoliation)
NatForI2b : Evolution de la défoliation (défoliation moyenne par essence)
NatForI2c : Evolution des décolorations (% d’arbres par classe de décoloration)

Description du phénomène

La défoliation des arbres dominants et codominants, par rapport à un arbre de référence local, est évaluée chaque année en juillet-août, en quatre classes depuis 1989, et de 5 en 5 % depuis 1993. Le taux de défoliation reflète partiellement l’état sanitaire de l’arbre, les causes de cette défoliation pouvant cependant être multiples : facteurs nutritionnels, pollution, déprédateurs, effets climatiques.

Depuis 1993, la défoliation moyenne par essence peut être suivie, ce qui permet un suivi plus fin que par le biais de classes de défoliation. Cet indicateur permet également de juger de l’effet des causes identifiables de dommages.

La décoloration du feuillage, plus difficile à apprécier, reflète également la santé des arbres ; elle peut être liée également à différents facteurs : polluants, carences minérales, sécheresse.

Signification

La recherche des causes du dépérissement forestier a fait apparaître que plusieurs facteurs interviennent de façon hiérarchisée : les facteurs prédisposants (espèces, potentiel génétique de l’arbre,...), incitants (sécheresse, excès d’eau, basses températures, vents, polluants, ravageurs,...) et aggravants (champignons, insectes).

La pollution de l’atmosphère intervient par des dommages directs, engendrés par le dépassement des seuils de toxicité dans l’air, mais surtout par des dommages indirects qui apparaissent suite à des apports cumulés excessifs de polluants : dans ce cas, l’importation continue de substances acides et azotées sous plusieurs formes finit par perturber la nutrition des arbres et par entraîner des lessivages d’éléments nutritifs. Pour un niveau donné de pollution, l’intensité et les effets physiologiques des déséquilibres nutritionnels induits dépendent essentiellement des qualités originelles des sols, mais l’interaction des facteurs climatiques et des déprédateurs est également importante.

Situation en Région wallonne

L’inventaire phytosanitaire réalisé en Région wallonne s’appuie sur l’observation par les Ingénieurs forestiers des placettes d’un réseau 8 ¥ 8 km. Les 71 placettes (en 1999) comportent en tout 1.671 arbres dominants ou codominants, identifiés et numérotés individuellement, soit 718 résineux et 953 feuillus. Le taux de défoliation de ces arbres a été coté de 5 en 5 %, et ils ont été classés dans des échelles de décoloration. Les causes identifiables de dommages ont en outre été consignées.

Evolution de la défoliation (% d’arbres par classe de défoliation)

Les figures suivantes présentent l’évolution des pourcentages d’arbres par classes de défoliation, respectivement pour les feuillus et les résineux (Figure 3-22, Figure 3-23).

Figure 3-22 : Evolution de la défoliation des feuillus
Source : Ministère de la Région wallonne, DGRNE.

Figure 3-23 : Evolution de la défoliation des résineux
Source : Ministère de la Région wallonne, DGRNE.

En 1999, toutes essences confondues, 13,4 % des arbres observés présentent des défoliations modérées à sévères, soit supérieurs à 25 %, dont la majorité ne s’expliquent pas par des causes simples et identifiées.

Ce pourcentage est devenu plus défavorable en feuillus qu’en résineux. Depuis 1989, le pourcentage d’arbres défoliés à plus de 25 % a fluctué entre 7,2 % (en 1993) et 14,1 % (en 1999) pour les feuillus, et entre 36 % (en 1991) et 11 % (en 1998) pour les résineux.

Evolution de la défoliation/défoliation moyenne par essence

La défoliation moyenne pour les essences principales est suivie depuis 1993. Le graphique suivant montre que les fluctuations interannuelles sont limitées. Il faut cependant signaler le taux élevé de défoliation chez le hêtre et le chêne pédonculé ; la situation ne s’est significativement aggravée en 1999 que pour le chêne pédonculé (Figure 3-24).

Figure 3-24 : Défoliation moyenne par essences
Source : Ministère de la Région wallonne, DGRNE.

L’examen des causes identifiables de dommages montre que les arbres concernés représentent une proportion limitée des arbres, avec un maximum de 13,1 % du total en 1996 et un minimum de 7,6 % en 1998. En 1999, ce pourcentage est de 9,3 %. Néanmoins, ces causes pourraient suffire pour expliquer les fluctuations annuelles de la défoliation depuis 1993.

Parmi ces causes, les insectes (surtout des Scolytes sur épicéa et Orchestes sur hêtre en 1993 et 1994 ; diverses chenilles sur chênes) semblent induire des défoliations significativement supérieures, de même que les causes abiotiques.

En 1999, plus de la moitié des arbres sur lesquels des insectes sont signalés sont des chênes pédonculés (chenilles non précisées). Le taux de défoliation de ces arbres est alors de 31,5 %. Sur résineux, il n’est pas signalé d’insectes en 1999. Les dommages identifiés sur épicéa sont essentiellement des dégâts de gibier et quelques bris de cime d’origine abiotique (vent ou neige).

Evolution des décolorations (% d’arbres par classe de décoloration)

La comparaison des décolorations de 1989 à 1999, exprimées dans la Figure 3-25 par le pourcentage d’arbres décolorés à plus de 25 %, révèle une tendance à l’amélioration en 1998, en feuillus et surtout en résineux. En 1999 cette amélioration s’est pratiquement maintenue en résineux, mais les feuillus se sont à nouveau dégradés pour retrouver des niveaux de décoloration qui ne s’étaient plus présentés depuis 1992. Comme pour la défoliation, ce sont le hêtre et le chêne pédonculé qui sont les plus touchés.

Figure 3-25 : Pourcentage d’arbres décolorés à plus de 25 %
Source : Ministère de la Région wallonne, DGRNE.

L’approvisionnement en eau avait été favorable en 1998 en dehors d’une courte période en août, d’autant plus que l’insolation était déficitaire en juin et juillet. Par contre en 1999, les mois d’été ont été déficitaires en précipitations, tandis que l’insolation et les températures sont restées constamment supérieures aux normales. Ces éléments peuvent contribuer partiellement à expliquer la situation défavorable du hêtre et du chêne pédonculé.

Situation wallonne dans le contexte européen

La situation des défoliations en Région wallonne reste favorable par rapport à la moyenne européenne. L’évolution depuis le début des observations (stabilisation relative en résineux, détérioration chez le hêtre et les chênes) est cependant conforme à ce qui est observé dans les pays voisins.

En 1999, on notait ainsi pour l’Europe des quinze que 22 % des feuillus et 15 % des résineux étaient défoliés à plus de 25 % (pour 14,5 et 11,8 % en Région wallonne).

Conclusion

L’état sanitaire des forêts en Région wallonne, sans être aussi alarmant qu’il ne l’a été notamment en Europe Centrale, reste cependant préoccupant.

Si en résineux, après des pics de défoliation observés après 1990 (influence des chablis), la situation s’est stabilisée, le problème de fond des perturbations de la nutrition subsiste. En feuillus, la situation est plus inquiétante pour ce qui concerne les grandes essences sociales que sont le hêtre et le chêne, surtout pédonculé, d’autant plus qu’au problème «classique» du dépérissement, se sont surimposées des mortalités plus brutales, dont les causes sont en cours d’étude.

 

Lien direct avec d’autres indicateurs

AirI2 : dépassement des charges critiques
NatForI1 : Retombées en forêt

La pollution et l’acidification sont parmi les facteurs qui contribuent au dépérissement des forêts.

Caractérisation des données

Les méthodes d’observation sont harmonisées au niveau européen.

En Région wallonne, les observations sont prises en charge par les Services extérieurs de la Division de la Nature et des Forêts, après une formation initiale. Des remises à jour se font périodiquement par l’intermédiaire de l’Unité des Eaux et Forêts de l’UCL, qui participe périodiquement aux cours d’intercalibrations européens.

Aspects réglementaires

Le suivi est assuré conformément aux règlements européens : règlement du Conseil 3528/86 relatif à la protection des forêts contre la pollution atmosphérique et règlement de la Commission 1398/95 établissant la méthodologie de l’inventaire systématique.

Relation avec le PEDD

Action 103 : Lutter contre les menaces qui pèsent sur la forêt
Action 15 : Préserver et améliorer la qualité des sols

Gestionnaire(s) des données

LAURENT Christian

Rédacteur(s)

LAURENT Christian