Description du phénomène

Les charges critiques se définissent comme étant «la quantité maximale de dépôt d’un ou plusieurs polluants (soufre, azote ou acidité potentielle nette), en dessous de laquelle aucun effet néfaste ne se manifeste sur les différents récepteurs, dans le cadre des connaissances actuelles».18 Elles permettent notamment d’évaluer l’impact des retombées acides sur la végétation et sur le milieu aquatique. Le dépassement du seuil critique de charge acide est influencé par la quantité des dépôts acides mais aussi par l’occupation du sol (la couverture végétale dans ce cas) et par la nature du sol.

Le type de couvert végétal et la nature du sol vont définir la capacité potentielle d’un écosystème à recevoir des dépôts acides secs ou humides, en d’autres termes son degré de résistance par rapport aux substances acidifiantes. Les sols riches en calcaire possèdent la capacité de neutraliser les acides davantage que les sols qui en sont dépourvus comme en Ardenne.

Situation en Région wallonne

La carte 1-3 met en évidence les zones où se situent les dépassements des charges critiques sur les écosystèmes forestiers. Presque toute la Région wallonne reçoit une charge acide qui dépasse les seuils critiques.

Les écosystèmes forestiers les plus touchés se situent à proximité des régions où se concentrent les retombées, c’est-à-dire dans la province du Hainaut (en particulier autour de Charleroi), dans la province du Brabant (proche de Bruxelles) et dans la province de Liège (autour de Liège et le long de la frontière allemande). Les Ardennes, surtout les Hautes Fagnes, et le Tournaisis présentent aussi des dépassements relativement importants. Pour les Ardennes, ce fait est directement lié à la fragilité du couvert naturel de ces régions et à la nature non calcaire du sol.

Situation wallonne dans le contexte européen

Au niveau européen, les dépôts les plus élevés se trouvent au centre du continent et les plus faibles à la périphérie. Le bassin de la Ruhr ou le «triangle noir» (Allemagne, Pologne et République tchèque) est la région où les dépôts sont les plus importants (supérieurs à 200 mg équivalent acide/m2/an). La Région wallonne fait partie des zones où les dépôts acides sont relativement élevés (entre 160 et 200 mg équivalent acide/m2/an).

Conclusion

Presque l’ensemble de la Région wallonne reçoit des dépôts acides qui dépassent les seuils critiques. Les dépassements importants sont observés d’une part dans les zones industrielles émettrices de polluants acides et d’autre part dans les zones rurales « sensibles» (sol non calcaire et fragilité du couvert végétal). La pollution transfrontalière provenant essentiellement du « triangle noir», en réduction significative, joue un rôle non négligeable dans cette problématique.

 

Lien direct avec d’autres indicateurs

AirP3a : Emissions annuelles de dioxyde de soufre (SO2)
AirP3b : Emissions annuelles de monoxyde et dioxyde d’azote (NO et NO2, appelés les NOx)
AirP3c : Emissions annuelles d’ammoniac (NH3)
AirE1: Concentration de SO2 et concentration de NO2

Caractérisation des données

Une carte des charges critiques a été dressée à l’échelle de l’Europe sur la base d’un maillage de 150 km de côté par la Commission des Nations Unies pour l’Europe (UNECE) 19. Pour la Région wallonne, un travail de synthèse a permis de cartographier les charges critiques en SO2 et NOx pour les écosystèmes forestiers et aquatiques (maille de 5 km x 5 km).

A chaque maille est associée la valeur de la charge critique correspondant à une protection de 95 % des écosystèmes présents. Les charges critiques ne varient théoriquement pas (sauf si changement de l’affectation du sol) d’année en année mais en pratique elles sont estimées à nouveau chaque année par l’UNECE en tenant compte des nouvelles données. Ensuite une modélisation spatiale des émissions et des dépôts permet de déterminer les zones présentant un dépassement.

Un réseau « Pluies acides», installé à partir de 1984 récolte l’eau de pluie en évitant soigneusement les dépositions sèches. Il a été arrêté lors de la Régionalisation de l’Environnement puis réactivé en 1996. L’acidité n’est qu’une des nombreuses mesures qui sont ensuite effectuées.

Aspects réglementaires

Protocole Mixte sur la Pollution Transfrontalière : (Göteborg, UNECE, novembre 1999) dont l’objectif vise à réduire l’acidification, l’eutrophisation et l’ozone troposphérique en Europe pour 2010.

La transposition européenne de ce Protocole a pour objectif de réduire de 50 % la surface des zones dans lesquelles les écosystèmes ne sont pas protégés, c’est-à-dire où les charges critiques sont dépassées, en imposant des plafonds nationaux d’émissions de SO2, NOx, NH3, COV pour 2010 (voir indicateur AirP3).

Gestionnaire(s) des données

FOURMEAUX Annick
MARIJNS Andrée

Rédacteur(s)

NEMRY Françoise
STREEL Claire