Description du phénomène

L’estimation des volumes de bois, qu’ils soient considérés globalement ou ramenés à l’hectare de peuplement est un objectif traditionnel des inventaires forestiers. Considérés globalement, les volumes sur pied (capital ligneux en croissance) intéressent prioritairement les utilisateurs des produits ligneux de la forêt.

Présentés en termes de m3 à l’hectare, les volumes constituent une expression de la densité des peuplements, en complément des autres paramètres de densité que sont le nombre de tiges et la surface terrière à l’hectare. De nombreux types de volumes sont calculés par l’inventaire permanent des ressources forestières de Région wallonne (volumes des tiges à différentes découpes, volumes des branches, des houppiers, volumes sous écorce, …). Le choix du type de volume est fonction de l’utilisation des résultats. Dans ce cas précis, les volumes proposés sont des volumes «bois fort tige», c’est-à-dire des volumes sur écorce de la tige jusqu’à la découpe de 22 cm en circonférence.

Signification

Le volume de bois à l’ha décrit un état des lieux à un moment donné, généralement celui où l’inventaire a été réalisé. Dans le cas des inventaires permanents, le volume sur pied est estimé à différentes époques successives, l’intervalle de temps entre les mesures correspondant à la durée du cycle de l’inventaire. La comparaison de ces données permet de mettre en évidence l’évolution des peuplements en termes de matériel ligneux sur pied, deux facteurs importants agissant directement sur cette évolution : les accroissements des peuplements (production de matière ligneuse) et les prélèvements (mortalité naturelle et coupes d’exploitation). La stabilité du volume à l’ha traduit un équilibre entre les accroissements et les prélèvements ; une augmentation de volume exprime une capitalisation (prélèvements inférieurs aux accroissements) ; par contre une diminution du volume sous-entend une intensité de récolte trop élevée.

Cette comparaison de volumes à différents moments constitue un indicateur de gestion durable, les principes du développement durable supposant un maintien du capital sur pied à un niveau suffisant, compatible avec les fonctions multiples de la forêt. Toutefois, certaines conditions de sylviculture et de gestion particulières peuvent nécessiter temporairement des prélèvements supérieurs aux accroissements (notamment pour régénérer la forêt ou en transformer la structure) ou très inférieurs (cas des conversions vers la futaie).

Des volumes à l’hectare trop élevés ont des effets défavorables à plusieurs niveaux : la stabilité des peuplements est diminuée vis-à-vis des aléas climatiques, l’état sanitaire peut être déprimé, le cycle de l’eau est perturbé (évapotranspiration plus élevée), le cycle des éléments minéraux est ralenti (accumulation de matières organiques), la biodiversité est diminuée au niveau de la strate herbacée et du sol.

Situation en Région wallonne

Le capital ligneux sur pied est actuellement estimé à près de 110.000.000 m3, dont environ 51.000.000 m3 en feuillus et 58.000.000 m3 en résineux (Figure 3-12). Malgré les tempêtes de 1990, ces volumes sont en nette progression par rapport à 1984. A cette époque en effet, le capital ligneux atteignait 86.500.000 m3 toutes essences confondues. L’augmentation est particulièrement marquée en résineux pour lesquels le volume total est passé de 45.000.000 à 58.000.000 m3 (+ 28 %), en raison du vieillissement des plantations non-mesurables en 1984 et qui aujourd’hui ont atteint le seuil de recensabilité et sont en phase de croissance maximale. Les volumes des pessières sont considérables, atteignant les 46.000.000 m3, comportant à elles seules 80 % du matériel résineux, avec un accroissement de 21 % depuis 1984.

Figure 3-12 Evolution du matériel sur pied entre 1984 et 1999.
Source : IFW, 1999.

La hausse est plus modérée en feuillus, se limitant à 10.000.000 m3. La plus grande partie des volumes feuillus se trouve en futaies (60 % du cube) et surtout dans les futaies soumises. Les volumes dans les taillis sous futaie et les taillis sont par contre plus importants dans les forêts privées que dans les forêts soumises. Suite aux conversions en cours depuis 1984, le matériel sur pied est moindre dans les taillis sous futaie alors qu’en futaies, il s’est accru de pratiquement 50 %. Dans le même ordre d’idées, le volume en taillis est en augmentation en raison de leur vieillissement (taillis qui ne sont plus exploités). Parmi les peuplements feuillus, les chênaies comptent le capital ligneux le plus élevé.

En termes de densité à l’hectare, les valeurs calculées sur les peuplements mesurés (arbres de + de 20 cm de circonférence) montrent un clivage marqué entre les feuillus et les résineux. Si pour ces derniers, le volume moyen à l’ha se situe à 377 m3 (410 pour les pessières, 250 pour les peuplements moins denses comme les mélézières et les pineraies), par contre, en feuillus, le cube à l’ha se limite à un peu plus de 200 m3 en moyenne avec un maximum de 226 m3 en futaie et un minimum de 172 m3 en taillis sous futaie. Comme chez les résineux, les écarts entre peuplements sont marqués : matériel sur pied élevé en hêtraies (255 m3/ha), nettement plus réduit en feuillus divers et mélangés (178 m3/ha), qui, il est vrai, sont souvent des futaies relativement jeunes issues de la conversion de taillis sous futaies clairs et de taillis pauvres.

Exprimés par rapport à l’étendue totale couverte par chaque type de peuplement (incluant peuplements mesurés, non-mesurés, vides, mises à blanc) (Figure 3-13), ces volumes se situent au niveau de 255 m3/ha en résineux et de 194 m3/ha en feuillus, des écarts semblables se maintenant entre les structures et les types de peuplements.

Figure 3-13 Evolution des matériels ligneux à l’ha entre 1984 et 1999 dans les principaux types de peuplements.
Source : IFW, 1999.

Situation wallonne dans le contexte européen

En termes de volume à l’hectare, la Région wallonne avec une moyenne de 277 m3/ha, se situe dans le groupe des pays où la densité des peuplements est la plus élevée, derrière des pays à tradition forestière (Suisse : 333 m3/ha, Autriche : 300 m3/ha) ; elle précède les pays nordiques (Suède, Finlande), atlantiques (Irlande, Grande-Bretagne) ou méditerranéens où le capital ligneux à l’ha se situe sous les 150 m3 voire sous les 100 m3 (Portugal, Grèce et Espagne en particulier). Les comparaisons doivent cependant être nuancées en fonction des types de peuplements et des zones biogéographiques.

Globalement, comme dans le cas des surfaces forestières, le matériel ligneux sur pied en forêt wallonne, avec ses 110 millions de m3, est peu important par rapport au patrimoine forestier d’autres pays européens et de l’Europe.

Conclusion

Dans l’ensemble, l’évolution de la densité des peuplements au cours des quinze dernières années se caractérise par une capitalisation en termes de matériel ligneux : + 36 m3/ha en moyenne pour les massifs feuillus (soit + 23 %), + 73 m3/ha pour les résineux (soit + 40 %). Cette capitalisation s’explique notamment par la réalisation de coupes réduites en feuillus (mévente de certains produits, petits chênes par exemple), par la conversion des taillis sous futaie et taillis en futaies et par le vieillissement de plantations résineuses non mesurées en 1984, et situées dans des classes d’âge où les éclaircies prélèvent moins que l’accroissement.

Lien direct avec d’autres indicateurs

NatForP1 : Fonction économique de la forêt
NatForP2 : Prélèvements de bois

Caractérisation des données

Les données sont récoltées par un inventaire statistique réalisé par échantillonnage systématique basé sur une grille de points (1000 m ¥ 500 m) comportant environ 10.800 points répartis dans la forêt wallonne. Les volumes des unités d’échantillonnage sont calculés à partir des mesures des arbres (circonférences à 1 m 50 et hauteur totale) par l’utilisation de tables de cubage qui calculent le volume bois fort de la tige sur écorce à partir duquel sont déterminés les autres types de volume par l’application de coefficients ou d’équations dérivées.

Les valeurs individuelles sont extrapolées à l’ha, globalisées par essence et/ou par unité d’échantillonnage et proposées selon diverses répartitions (catégories d’essences, classes de grosseur, d’âge, …). Pour toutes ces valeurs, les programmes de traitement prévoient la possibilité de déterminer les erreurs d’échantillonnage selon des méthodes statistiques. Ces erreurs sont d’autant plus faibles que la base de l’échantillon est large (essence ou peuplement très représenté, entité territoriale étendue, …).

Aspects réglementaires

L’évolution de cet indicateur au cours du temps est suivie par l’inventaire permanent des ressources forestières de Région wallonne. Celui-ci a été instauré par le décret du Gouvernement wallon du 16 février 1995 (Moniteur belge du 7 avril 1995). L’arrêté d’application du décret date du 20 novembre 1997 (Moniteur belge du 20 janvier 1998). Les objectifs poursuivis par l’inventaire sont de nature à évaluer la densité des peuplements, à suivre leur évolution dans le temps en termes de matériel ligneux sur pied, à contrôler l’application des principes de la gestion durable (critères relatifs aux forêts en général et à leur fonction de production).

Au niveau des forêts soumises, la circulaire no 2619 du 22/9/1997 relative aux aménagements dans les bois soumis au régime forestier fixe les principes de l’aménagement et du traitement des forêts en intégrant tous les aspects pris en compte par le développement durable.

Au niveau international, les pays signataires des résolutions d’Helsinki sur la protection des forêts en Europe se sont engagés à appliquer ces principes de gestion durable à leur forêt. Ces indicateurs sont relatifs au critère 1 (conservation et amélioration appropriée des ressources forestières et leur contribution aux cycles mondiaux du carbone, domaine de concept volume sur pied) et au critère 3 (maintien et encouragement des fonctions de production des forêts -bois et hors bois-, domaine de concept production de bois).

Les objectifs poursuivis consistent à maintenir voire à améliorer le capital ligneux sur pied, dans les limites compatibles avec la gestion durable et les fonctions multiples de la forêt.

Relation avec le PEDD

Action 98 : Améliorer la connaissance du patrimoine forestier

Gestionnaire(s) des données

LECOMTE Hugues

Rédacteur(s)

LECOMTE Hugues