8. Analyse élémentaire



8.1. Introduction

Ce chapitre se rapporte à l'analyse de certains éléments présents dans les poussières, qu'ils soient d'origine naturelle ou anthropique. Ces éléments se répartissent en deux grandes familles :

La frontière entre ces deux catégories peut parfois être floue et un élément peut à la fois être traceur et se révéler toxique. D'autres éléments font l'objet de mesure alors que leur toxicité n'est pas clairement établie, le but étant la connaissance maximale des poussières atmosphérique.

Le Tableau 38 reprend, dans l'ordre alphabétique, les différents éléments analysés, la catégorie à laquelle ils appartiennent (sont considérés comme toxiques les éléments dont la TLV est inférieure à 1.000 µg/m³), le réseau pour lesquels ils sont mesurés ainsi que le paragraphe s'y rapportant. Si un élément est analysé au sein de plusieurs réseaux, les résultats sont présentés pour les particules en suspension (réseau métaux lourds), les particules en suspension PM10 (coupure granulométrique à 10 µm) et enfin les poussières sédimentables.

La TLV est une valeur dérivée des études ayant trait à l'hygiène industrielle; elle est fixée de façon à ce qu'un travailleur, exposé 8 heures par jour, 5 jours semaine et ce, pendant 30 ans, ne présente pas de pathologie à la suite de l'exposition. Il n'y a pas de règle établie pour extrapoler ces valeurs de référence aux mesures dans l'environnement. On considère néanmoins, et ce de manière empirique, que le centième de la TLV peut servir de référence en l'absence de données plus pertinentes.

  Toxiques Traceurs Réseaux Paragraphe
      Métaux lourds PM10 Poussières sédimentables  
Al     X     8.4.1.
As X   X     8.4.2.
Sb X   X     8.4.3.
Ba X   X     8.4.4.
Cd X   X X X 8.4.5.
Ca   X X   X 8.4.6.
Cr X   X   X 8.4.7.
Cu X   X X X 8.4.8.
Fe   X X   X 8.4.9.
Mg   X     X 8.4.10.
Mn     X   X 8.4.11.
Mo     X     8.4.12.
Ni X   X   X 8.4.13.
Pb X   X X X 8.4.14.
Se X   X     8.4.15.
Si     X     8.4.16.
Ti     X     8.4.17.
V X   X     8.4.18.
Zn     X X X 8.4.19.

Tableau 38 : Eléments analysés en Région wallonne

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8.2. Généralités

Les composés métalliques sont émis dans l'atmosphère par des sources naturelles dont les plus importantes sont les volcans et les embruns marins. Ils résultent également d'activités humaines telles que la combustion de combustibles fossiles (industrie, chauffage, transport), la métallurgie, l'incinération de déchets, etc.

Au niveau mondial, on estime que la part des émissions naturelles est au moins égale à celle des émissions anthropiques (égale dans certains cas, nettement supérieure dans d'autres). Bien que l'on ne dispose pas de chiffres à ce propos, pour un pays industrialisé comme la Belgique, il est vraisemblable que les émissions anthropiques soient majoritaires.

Le mercure est émis majoritairement sous forme gazeuse et reste dans l'atmosphère sous forme élémentaire, mais il constitue une exception.

Les autres composés métalliques sont volatilisés à haute température et se recondensent sur les particules de poussière dès que la température diminue sous leur point d'ébullition, en général avant même que les fumées ne soient émises. Ce phénomène se déroulant à la surface des particules, on note des concentrations beaucoup plus importantes dans les particules de faible diamètre car elles présentent un rapport surface/volume (ou surface/poids) plus important. En effet, la surface est fonction du carré du diamètre de la particule et le volume est fonction du cube du diamètre. Ainsi, si on compare deux particules A et B, B ayant un diamètre 10 fois plus important que A, la surface de B sera 100 fois plus grande et son poids sera 1000 fois plus important.

Malheureusement, ces particules fines, d'une part, échappent le plus facilement aux systèmes de dépoussiérage et sont transportées le plus loin de la source d'émission et d'autre part, pénètrent le plus loin dans le système respiratoire et peuvent atteindre les alvéoles pulmonaires où les échanges avec les tissus et le sang est facile. Elles présentent donc un danger important pour la santé.

En Wallonie, les métaux sont dosés dans les particules fines (réseau métaux lourds) et dans les particules sédimentées (réseau poussières sédimentables). De plus, ils sont maintenant dosés dans les échantillons recueillis par des appareils de mesure de poussières implantés dans le réseau télémétrique. Les informations relatives aux modes de prélèvement sont reprises au chapitre 7.

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8.2.1. Transformations, interactions et transport

Les composés métalliques sont généralement stables et on ne trouve pas dans la littérature de description de leur transformation. Leur transport est surtout fonction du type de particules sur lesquelles ils sont adsorbés.

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8.2.2. Emissions

Le calcul des émissions de composés métalliques a fait l'objet d'un premier exercice en 1990 et d'un second en 1994. Nous ne publierons donc, cette année, que l'ordre de grandeur des émissions anthropiques globales wallonnes. Pour chacun des métaux visés, les secteurs d'activité ayant des émissions significatives sont cités pour information.

  émissions wallonnes totales estimations 1994 en kg/an secteurs principaux
Arsenic 2 600 métallurgie; combustions dans la production d'électricité, le domestique, l'industrie, le transport routier
Cadmium 3 200 idem As
Chrome 23 600 idem As + incinération et production de verre
Cuivre 23 500 idem As + production de cuivre
Mercure 4 600 production de ciment + idem As
Nickel 34 500 idem Cr
Plomb 194 200 transport routier, métallurgie, production de verre, incinération
Sélénium 21 500 production de verre
Zinc 220 000 métallurgie production de verre de cuivre incinération

Tableau 39 : Emissions de métaux lourds en 1994

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8.2.3. Immissions et effets

La plupart des éléments métalliques sont nécessaires à la vie en faible dose (oligo-éléments), mais ils peuvent se révéler très nocifs s'ils sont présents en quantités trop importantes. C'est le cas du fer (Fe), du cuivre (Cu), du zinc (Zn), du nickel (Ni), du cobalt (Co), du vanadium (V), du sélénium (Se), du molybdène (Mo), du manganèse (Mn), du chrome (Cr), de l'arsenic (As) et du titane (Ti). D'autres ne sont pas nécessaires à la vie et sont préjudiciables dans tous les cas comme le plomb (Pb), le cadmium (Cd) et l'antimoine (Sb).

Les composés métalliques ont une toxicité variable selon leur nature et leur voie de pénétration (ingestion, respiration, contact avec la peau). La seule voie de pénétration prise en considération dans ce rapport est l'inhalation, les informations suivantes sont donc uniquement valables pour les métaux contenus dans les fines poussières. De façon générale, on peut citer des effets sur le système respiratoire, sur le système digestif et sur la peau. Trois de ces métaux sont à ce jour considérés comme étant cancérogènes : As, Cr et Ni.

Des informations plus précises, relatives à l'Europe de l'Ouest, ont été trouvées pour les métaux suivants :

Pour le cadmium, les effets pour les expositions à court terme se portent sur le système respiratoire et celles à long terme, sur la peau et sur les reins.

Pour le chrome, les effets se portent sur le système respiratoire et sur la peau.

Le chrome hexavalent étant beaucoup plus toxique et cancérigène que le trivalent, il devrait être considéré séparément, ce qui pose d'importants problèmes analytiques.

Pour le plomb, les effets se portent surtout sur le système nerveux (saturnisme) et provoquent l'augmentation de la pression du sang avec pour conséquence des risques accrus d'affections cardiovasculaires et cérébrovasculaires.

Les données reprises ci-dessus sont antérieures à l'introduction massive de carburants sans plomb pour les véhicules à moteur essence.

Pour le manganèse, les effets se portent surtout sur le système nerveux, mais aussi sur le système respiratoire.

Pour le nickel, les effets se portent sur des allergies de la peau et les muqueuses ainsi que sur l'asthme.



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8.2.4. Normes et valeurs guides

Métal Valeur guide OMS (µg/m3 ) TLV (µg/m3 ) Norme belge
As non détectable 10  
Cd 0.001 à 0.005 (rural) moyenne 1 an

0.01 à 0.02 (urbain) moyenne 1 an

2  
Cr non détectable 50  
Cu   200  
Mn 1 moyenne 1 an 1000  
Ni non détectable 100  
Pb 0.5 à 1 moyenne 1 an 150 2 µg/m3 moyenne annuelle
Fe   1000  
Sb   500  
Ti   1250  
V 1 (moyenne sur 24h) 50  
Zn   1000  

Tableau 40 : Normes et valeurs guides

Les valeurs de concentration relevées dans les poussières sédimentées donnent une indication sur la pollution du sol et des eaux de surface par la voie des retombées.

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8.3. Méthode de mesure

Un nouveau spectromètre de fluorescence X Philips PW 2400 est entré en fonction au mois de mai 1996. Cette transition explique pourquoi certains résultats de 1996 sont manquants.

Comme l'appareil précédent, il s'agit toujours d'un modèle à dispersion de longueur d'onde et à analyse séquentielle. La différence essentielle porte sur la géométrie du tube générateur de rayons X. L'intensité du flux de RX est maintenant beaucoup plus élevée. On y gagne fortement en sensibilité (facteur 2 à 3 et même 10 pour les éléments légers), mais pas forcément en limite de détection puisque le bruit de fond est également amplifié.

Le gain en intensité s'accompagne d'une détérioration plus rapide des échantillons qui deviennent fragiles rendant impossible toute mesure ultérieure.

Dans un premier temps, afin de ne pas accroître exagérément les délais d'analyse, les paramètres de mesure ont été simplement adaptées sans recherche des conditions optimales. Les limites de détection sont du même ordre de grandeur (Cd, Cu, S, Sb, Se, Zn) ou moitié moindre (As, Cr, Mn, Mo, Ni, Pb, Ti, V) qu'avec l'appareil utilisé précédemment.

L'amélioration générale des limites de détection, des précisions et la constitution d'une nouvelle base de données ont permis l'enregistrement des résultats de mesure avec 3 décimales. Paradoxalement, l'arrondi à la deuxième décimale des anciennes limites de détection peut donc amener à constater une nouvelle limite de détection légèrement supérieure à l'ancienne.

A noter que l'optimisation des paramètres des mesures permettra d'abaisser certaines limites de détection citées dans ce rapport.

La corrélation entre les deux instruments de mesure a été vérifiée sur des échantillons provenant du réseau. Cette corrélation est bonne, voire excellente, sauf pour les éléments dont les concentrations sont trop proches des limites de détection, en raison de la faible précision associée à ces mesures.

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8.4. Analyse par élément

Cliquer sur l'élément que vous désirez dans le tableau ci-dessous.


Aluminium Calcium Manganèse Silicium
Arsenic Chrome Molybdène Titane
Antimoine Cuivre Nickel Vanadium
Baryum Fer Plomb Zinc
Cadmium Magnésium Sélénium  


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