7.1. Introduction


7.1.1. Généralités

Les particules sont des entités solides ou liquides en suspension dans l'air (gaz), elles forment avec celui-ci un aérosol (gaz + particules en suspension).

Elles peuvent avoir des compositions, densités, formes et dimensions très diverses selon leur mode de formation. Elles sont principalement caractérisées par leur diamètre, variant de 0.02 µm à 100 µm pour les particules dites atmosphériques (restant dans l'air). Ce diamètre est défini comme étant celui d'une hypothétique particule sphérique, de densité unitaire qui aurait les mêmes caractéristiques aérodynamiques que la particule concernée.

Il est très complexe de réaliser leur prélèvement et leur dosage. En effet, chacune des méthodes permet d'estimer la concentration en particules d'un type déterminé. En Région wallonne, nous disposons de 4 méthodes de prélèvement, dont trois sont pour les particules en suspension : la méthode des fumées noires (méthode optique), la néphélométrie (méthode optique), la gravimétrie associée à un prélèvement avec une fraction de coupure à 50 % de 10 µm, et une méthode pour les poussières sédimentables (gravimétrique sans information sur la fraction de coupure). Les différentes méthodes sont détaillées au § 7.2.

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7.1.2. Emissions

Les émissions naturelles de poussières proviennent de l'abrasion des sols (phénomènes d'érosion), des embruns marins, des éruptions volcaniques, des feux de forêt et de phénomènes biologiques. La proportion entre les émissions naturelles et anthropiques est notamment fonction de l'occurrence d'éruptions volcaniques; elles seraient du même ordre de grandeur au niveau mondial.

Une première estimation des émissions anthropiques de poussières a été effectuée, pour la Région wallonne, pour l'exercice 1994. Elle est de 23.000 tonnes.

D'après des informations recueillies dans la littérature, pour la France, les émissions sont d'environ 200.000 tonnes par an.

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7.1.3. Formations, transformation, interactions et transport

7.1.3.1.Formation des particules

On distingue deux types de particules ayant des modes de formation différents :

La formation des fines particules s'opère en deux étapes. D'abord, par la formation de petits agrégats, soit par réaction chimique, soit par condensation de gaz. Ces agrégats, composés de quelques molécules, ont des dimensions très faibles. Ils peuvent servir de noyau pour la condensation d'autres molécules de gaz ou coaguler avec d'autres agrégats pour former des particules de taille plus importante, ce qui constitue la seconde étape.

Figure 22 : Formations naturelles des particules

La composition de ces particules est très variable. En effet, les grosses particules contiennent des éléments abondants dans la couche terrestre et les sels marins tels que Al, Ca, Fe, K, Ti, Mn, Sr, Si, alors que les particules fines contiennent des sulfates, nitrates, ammonium résultant de la transformation dans l'air des oxydes de soufre et d'azote, de l'ammoniac ainsi que du carbone, des composés organiques et des métaux provenant entre autres des combustibles fossiles.

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7.1.3.2. Transformations des particules

Les principales transformations que peuvent subir les particules sont, d'une part, la coagulation (par agglomération de particules ou par condensation de gaz à leur surface) et, d'autre part, l'enrichissement en composés organiques ou métalliques, suite à leur adsorption en surface. Comme les particules fines présentent une surface spécifique plus importante que les grosses particules, elles ont tendance à subir un enrichissement plus important. Ce qui les rend potentiellement plus toxiques.

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7.1.3.3. Interactions des particules

Les particules peuvent interagir entre elles et avec d'autres substances dans le phénomène de coagulation. Elles peuvent servir de catalyseur dans certaines réactions se déroulant dans l'air. Mais surtout, elles peuvent interagir avec la lumière et en diminuer l'intensité. En effet, certaines particules (surtout celles riches en carbone et oxydes de fer) peuvent absorber la lumière, tandis que d'autres, très fines, peuvent la disperser. Ce dernier phénomène est généralement le plus important. Il s'agit en fait d'une diffraction des rayons lumineux par interaction avec des particules dont les dimensions sont du même ordre de grandeur que la longueur d'onde de la lumière incidente.

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7.1.3.4. Transport des particules

La distance de transport des particules dépend de leur taille et de leur densité. Les particules grosses et lourdes ont tendance à sédimenter rapidement, d'où leur nom de particules sédimentables. Les particules fines ont un comportement qui s'apparente à celui des gaz et ne sédimentent pratiquement pas. Elles sont appelées particules en suspension.

Par conséquent, les particules sédimentant rapidement subissent un transport de l'ordre de quelques centaines de mètres à quelques kilomètres depuis leur source d'émission, tandis que les particules très fines peuvent faire plusieurs fois le tour de la terre! A titre d'exemple, l'éruption du Pinatubo a donné lieu à l'émission de particules dont on estime qu'elles sont restées pendant des années en suspension.

Les vitesses de chute peuvent être estimées en fonction du diamètre aérodynamique des particules, les quelques exemples suivants sont destinés à fournir une idée des ordres de grandeur de ces vitesses.

Diamètre aérodynamique (µm) vitesse de chute (m/ jour)
0.1 0.01
0.25 0.04
0.5 0.1
2.5 1
5 10
10 30
20 100

Tableau 29 : Vitesse de chute des particules

Lorsqu'elles ont atteint le sol, les particules peuvent être remises en suspension par le vent avant de tomber à nouveau.

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7.1.4. Immissions et effets

Les valeurs, obtenues sur base d'un prélèvement à l'aide d'une tête PM10 (coupure à 10 µm, 50 % des particules ayant un diamètre aérodynamique de 10 µm sont captées), varient, pour l'Europe, entre 25 µg/m³ (pour les zones rurales à caractère non aride) à près de 400 µg/m³ (140 à Paris et 85 à Londres) pour le centile 98 des valeurs journalières. Pour cette mesure, on a relevé, dans la littérature, des valeurs guides de l'OMS (70 µg/m³) et du Royaume-Uni (50 µg/m³).

En ce qui concerne les particules fines mesurées par la méthode des poussières noires (méthode mise au point depuis de très nombreuses années basée sur le pouvoir réflecteur des poussières noires, recueillies sur un filtre blanc pendant une durée de prélèvement donnée), les informations fournies par l'OMS sont :

Les effets des poussières se portent surtout sur le système respiratoire. Ces effets sont plus marqués pour les poussières les plus fines susceptibles d'atteindre les alvéoles pulmonaires qui ne sont pas protégées par un mucus et où les échanges entre les particules et le corps humain sont plus aisés.

En plus des effets dus à la présence physique de particules suite à leur déposition à l'un ou l'autre niveau du tractus respiratoire, il peut y avoir certains effets toxiques dus aux composés (métaux, organiques) qu'elles contiennent. Ces composés présentent une concentration plus importante dans les fines particules du fait de leur mode de formation et de leur surface spécifique (les métaux et composés organiques ayant tendance à s'adsorber sur les poussières).

On subdivise les poussières en diverses classes, en fonction de la zone du système respiratoire qu'elles peuvent atteindre :

Tractus naso-pharyngé  (nez et pharynx) : les particules de dimensions supérieures à 100 µm s'y déposent dans leur quasi totalité. Les particules de dimension inférieure à cette valeur sont dites inhalables, elles le traversent d'autant plus facilement que leurs dimensions seront faibles. Ainsi, 50% des particules de 2.5 µm s'y déposent encore alors que 100 % des particules de 1 µm le traversent. La majorité des particules qui se déposent à ce niveau sont évacuées vers l'estomac.

Thorax et arbre bronchique : les particules d'un diamètre supérieur à 10 µm s'y déposent, celles qui sont inférieures pourront atteindre la structure pulmonaire, en pourcentage plus ou moins important selon leurs dimensions.

Structure pulmonaire : bronchides et alvéoles où se déposent les particules très fines, de diamètre inférieur à 2.5 µm. Ces particules sont dites respirables. Les plus fines atteignent les alvéoles pulmonaires.


Il est possible de mettre en parallèle certains systèmes d'échantillonnage avec ce qui vient d'être évoqué. La tête de prélèvement PM10 permet un échantillonnage représentatif des fractions de poussières pouvant pénétrer dans le système respiratoire des bronches supérieures. L'échantillonnage " fumées noires " concerne les particules inférieures à 2 µm et est donc représentatif de ce qui est défini comme respirable et atteint les structures fines du poumon.

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