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Description du phénomène

L’intensification de la production agricole, apparue surtout après la 2e guerre mondiale a permis d’enregistrer une hausse extraordinaire des rendements permettant dans un premier temps d’augmenter la production sans recourir à l’exploitation de terres supplémentaires et ensuite induisant une diminution des superficies cultivées.

Ce phénomène a été accentué par le fait que des espaces de plus en plus importants ont été soustraits à l’agriculture par le développement d’activités industrielles, la construction d’habitations, l’aménagement de routes, le tourisme, etc.

Malgré la hausse de la demande et la diminution des superficies utilisées, l’amélioration des techniques et du potentiel de production des plantes et animaux sélectionnés (ainsi que l’importation d’aliments pour bétail) a entraîné l’apparition de surplus. Il a donc fallu prendre des mesures pour réduire ou éliminer ces surplus coûteux à stocker et/ou exporter. La mise en jachère de terres agricoles, prévue dans la réforme de la PAC, entre dans ce cadre.

Ces mesures conditionnent les aides compensatoires aux producteurs, à l’application d’un taux de jachère. Ce taux de jachère est fixé annuellement par le Conseil des Ministres de l’Agriculture, du moins pour les grandes exploitations 4 (agriculteurs qui possèdent une superficie permettant la production de plus de 92 t de céréales). Les règles de fixation de ce taux sont liées au marché mondial en céréales et oléagineux.

Les terres mises en jachère dans ce cadre ne sont pas des surfaces abandonnées : elles doivent faire l’objet d’un entretien minimal. Les espèces que l’on peut semer, afin de couvrir le sol, et les produits que l’on peut employer sont strictement réglementés. Ces terres continuent à faire partie du parcellaire de l’exploitation. Ce sont des terres dont la capacité productive est momentanément mise en réserve, mais qui peuvent retourner rapidement à un mode d’exploitation classique.

Afin de soutenir la production des matières premières à des fins non alimentaires, la culture de certaines plantes, comme le colza dont l’huile est utilisée comme carburant, est autorisée sur les terres «mises en jachère », tout en conservant le droit aux aides compensatoires.

A côté de ce mécanisme de régulation de la production, il existe par ailleurs d’autres catégories de mesures favorisant la mise en jachère des terres agricoles : par exemple, les mesures agri-environnementales proposées dans le Règlement (CEE) no 2078/92, permettent notamment de mettre en œuvre des dispositions visant à un gel des terres agricoles à long terme, pour protéger les ressources en eau et constituer des réserves de biotopes (voir fiche AgrR1).

Signification

Cet indicateur montre l’évolution des superficies en terres arables retirées de la production. Il permet notamment de mettre en évidence la proportion de terres consacrée à la jachère et à la culture du colza énergétique suite à la mise en œuvre de la PAC 5.

Situation en Région wallonne

On constate un essor de la jachère depuis 1990, avec 15.800 ha mis en jachère en 1998 contre 228 ha en 1990 (avant la mise en œuvre de la réforme de la PAC, entrée en vigueur en 1993). Après 1995, on remarque une diminution de la superficie des terres mises en jachère, qui se poursuit jusqu’en 1997, pour ensuite réaugmenter en 1999 (Figure 4-23).

Figure 4-23 : Evolution des superficies des terres arables retirées de la production, 1990-1999, Région wallonne.
Source : INS.

Tableau 4-7 : Superficies de terres arables retirées de la production dans les régions agricoles (ha), 1999.
Source : INS.

En 1999, les terres retirées de la production représentent 1,6 % de la SAU en Région wallonne. 80 % des terres mises en jachère sont des «jachères effectives », c’est-à-dire des terres qui ne sont pas exploitées économiquement.

La diminution de la superficie mise en jachère est à mettre en relation avec la baisse du taux de jachère imposé dans le cadre des aides aux cultures arables (passant de 15 % de la superficie pour laquelle une prime aux cultures arables est demandée en 1993 et 1994, à 12, puis 10 et enfin 5 % pour les trois années suivantes, ce dernier taux étant maintenu par la suite).

La part consacrée au colza (ou du moins aux cultures non destinées à l’alimentation humaine ou animale) dans la superficie totale mise en jachère est passée de 16,4 % en 1995 à 20 % en 1996, puis a diminué autour de 11 % en 1997 et 1998 pour réaugmenter à 19 % en 1999.

Les exploitations devant geler les terres se retrouvent principalement dans les régions qui pratiquent des grandes cultures et où la taille des exploitations est élevée (voir fiches AgrE1 et AgrE2) : plus de 7.800 ha en région limoneuse (2,9 % de la SAU), plus de 5.000 ha dans le Condroz (3,8 % de la SAU) et près de 1.500 ha en région sablo-limoneuse (3 % de la SAU).

Conclusion

Les terres mises en jachère représentent en 1999, 1,6 % de la SAU en Région wallonne. Dans certaines régions agricoles qui pratiquent les grandes cultures, ce taux atteint les 3 % de la SAU.

 

Lien direct avec d’autres indicateurs

AgrE2 : Evolution de la couverture des sols en Région wallonne

Caractérisation des données

Les données ont été obtenues auprès de l’INS (recensements agricoles au 15 mai de chaque année).
(voir remarques fiches AgrE1)

Relation avec le PEDD

Action 88 : Renforcer les politiques mises en œuvre en matière de production d’énergie intégrée et en assurer une évaluation permanente.

(Renforcer le soutien aux initiatives et technologies nouvelles, tout en en permettant l’évaluation et la diffusion plus large (production et utilisation du taillis à courte rotation à des fins énergétiques, mise en œuvre de la charte environnement pour la culture du colza énergétique sur jachères).

Rédacteur(s)

DEFRISE Dominique