La région d'Engis est une zone tristement célèbre
car en 1930, il y eut un épisode important de pollution
se soldant par un accroissement de la mortalité :
" Durant la première semaine du mois de décembre
1930, la Belgique fut recouverte d'un épais brouillard.
La vallée de la Meuse fut, en outre, touchée par
une inversion de température entre Huy et Seraing. Dans
cette vallée aux versant assez abrupts, où la hauteur
des collines en bordure atteint 75 à 100 mètres,
des industries diverses sont implantées sur une distance
de 24 km...
Au troisième jour d'existence de ces conditions météorologiques,
les habitants de cette partie de la vallée de la Meuse
présentèrent des troubles respiratoires. Une soixantaine
d'entre eux moururent, ce qui représenta une augmentation
de 10.5 % par rapport à la mortalité saisonnière
normale. La mort frappa surtout les personnes âgées
ou celles déjà atteintes d'affections chroniques
du cur ou des poumons.
Quelques milliers de personnes présentèrent des
troubles respiratoires (toux, essoufflement).
D'après les recherches faites ultérieurement
sur les causes de la catastrophe, on put conclure qu'un mélange
d'oxydes de soufre (taux de SO2 oscillant entre 30 et
100 mg/m³) et d'autres gaz irritants, dont l'action était
aggravée par la présence d'aérosols, était
responsable, aucune anomalie n'ayant été décelée
dans l'émission de polluants par les usines de la vallée.
Les conditions météorologiques défavorables
paraissent avoir joué un rôle prédominant
dans cet épisode dramatique. "
Source : La pollution atmosphérique
- J.P. Détrie - 1969.
L'épisode de 1930 ne fut pas unique et le 5 septembre 1972,
un incident survenu à une des industries de la région
eut pour conséquence l'émission d'importantes quantités
de SO2 dans l'atmosphère. En quelques heures,
les plantes subirent des dégâts considérables.
L'accident survint heureusement la nuit, la plupart des habitants
étaient dans leur maison. En 1978, une nappe malodorante
se répandit sur plusieurs kilomètres (en cause la
décomposition de matières organiques lors de l'attaque
de phosphates à l'usine d'engrais).
La configuration de la vallée et la présence relativement
fréquente de brouillard sont la cause de la mauvaise dispersion
des effluents industriels, amplifiant les effets du moindre incident
jusqu'à le rendre très spectaculaire.
Si, à l'heure actuelle, la situation a nettement évolué
car les industries sont moins polluantes, la région fait
toujours l'objet d'une attention toute particulière d'une
part, à cause de sa topographie, et d'autre part, à
cause de la présence d'industries :
Cette région est certainement une des mieux surveillées
de Wallonie et tous les types de réseaux de mesure de la
qualité de l'air y sont représentés. Ainsi,
dès 1968, les quantités de dioxyde de soufre furent
enregistrées grâce à l'installation de stations
" Soufre-Fumées ".
La région d'Engis est certainement la zone la plus polluée
par les fluorures en Région wallonne. Aussi, suite à
des plaintes formulées au sujet des dégâts
à la végétation, un réseau de surveillance
des fluorures fut mis en place dès 1978.
La surveillance de cette zone à risque est loin de se relâcher;
ainsi, une campagne de mesure en deux phases se déroule
actuellement (dont les résultats devront être publiés
dans le rapport 1998). Le but de cette campagne est double :
d'une part, la mesure de nouveaux polluants (CO, BTEXs, composés
organiques), et d'autre part, la comparaison des mesures enregistrées
dans le centre d'Engis avec les mesures de la cabine du Réseau
Télémétrique située à flan
de vallée. De plus, deux mats météo sont
installés pour combler le manque actuel de connaissances
des conditions météorologiques (un dans la vallée
et un à flanc de colline).