1.4. Echelles spatiales et temporelles des phénomènes de pollution

Schématiquement, la pollution en un point donné est la résultante de phénomènes relatifs à trois échelles :

L'échelle locale, constituée des sources situées dans l'environnement immédiat (périmètre de quelques kilomètres) qui, en fonction des circonstances météorologiques locales, influencent plus ou moins directement la qualité de l'air en ce point. Ce sont les phénomènes relatifs à cette échelle qui sont le plus souvent responsables des variations rapides et de forte amplitude des concentrations en polluants.

L'échelle régionale, couvrant un périmètre de quelques dizaines de kilomètres autour du point. Les sources situées dans ce périmètre ont une influence relativement diffuse, qui se matérialise par des variations de concentrations en polluants généralement lentes et amorties.

L'échelle continentale, s'étendant de plusieurs centaines à plusieurs milliers de kilomètres. Ce que l'on appelle le transport à longue distance des polluants peut contribuer de manière sensible aux teneurs mesurées. Ceci explique que l'on puisse trouver une pollution en des points éloignés de toutes sources même modestes. Cet apport contribue largement à ce que l'on appelle la pollution de fond (background).

De manière générale, la proximité des sources entraîne le caractère instantané de la perception au point considéré. Il faut cependant remarquer que la part relative aux trois niveaux décrits ci-dessus n'est pas constante et peut varier dans le temps, notamment en fonction du polluant considéré et des circonstances micro- et macro-météorologiques.

L'exemple d'un point situé en zone urbaine permet d'illustrer ces considérations.

Les teneurs en CO et NO y sont, en fonction de la nature des sources (trafic), quasi exclusivement dépendantes de circonstances locale, : intensité de la circulation, météo, etc.

La situation est différente pour le SO2 pour lequel on peut trouver des influences situées aux trois échelles. L'échelle locale avec, par exemple, le chauffage domestique, l'échelle régionale et l'échelle continentale avec d'importantes sources industrielles situées à des distances plus ou moins grandes.

Les parts relatives de ces trois échelles seront déterminées par l'importance des émissions des différentes sources et par les circonstances météorologiques (température, inversions de température, direction et vitesse du vent). L'occurrence d'une augmentation importante de la pollution au point considéré peut être le résultat de phénomènes jouant sur une ou plusieurs échelles. Lors d'un des derniers épisodes de pollution élevée en SO2 que nous ayons connu (janvier 1985), la température était faible, il y avait une inversion de température sur toute l'Europe de l'Ouest et un vent faible d'Est. Des modèles ont pu montrer que certains jours, la teneur en SO2 à Liège pendant cette période était due pour 90 % au transport à longue distance de masses d'air pollué, originaires de ce que l'on appelait à l'époque le triangle noir (frontières Allemagne, Pologne, Tchécoslovaquie), et ce alors que les faibles températures entraînaient l'usage intensif du chauffage et que l'inversion de température était défavorable à la dispersion des polluants émis au niveau régional.

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