2.3. Particules en suspension

2.3.1. Introduction

Les composés soufrés contenus dans les particules en suspension sont analysés par spectroscopie de fluorescence X. Cette méthode d'analyse mesure l'atome de soufre et donne accès à la quantité totale des dérivés du soufre présents dans les poussières, sans faire de distinction entre son état d'oxydation ou la nature de ces composés soufrés.

En réalité, la majorité du soufre présent dans les poussières atmosphériques se trouve à l'état de sulfates qui sont parmi les composants majeurs des aérosols; les résultats sont exprimés en équivalent sulfates.

Les sulfates peuvent avoir deux origines : d'une part, ils peuvent provenir des composés présents naturellement dans la croûte terrestre, d'autre part, ils peuvent être formés par condensation et oxydation de dioxyde de soufre, de la même manière que les oxydes d'azote pourront former des nitrates. Ils sont le plus souvent associés aux cations ammonium (résultant des émissions d'ammoniac). Ils possèdent un caractère acide.

La plupart des sulfates sont solubles et pourront être facilement assimilés par les végétaux et les animaux.

Dans les particules " grossières ", on retrouve des substances d'origine naturelle (aérosol marin, érosion des sols, ...) et humaine. Les ions sulfates que l'on détecte résultent de réactions de surface entre les particules et le dioxyde de soufre.

Les aérosols, plus fins, sont plus particulièrement liés aux activités humaines. Des analyses sur la fraction soluble de ces aérosols ont montré qu'ils étaient constitués à 80 % de sulfate et de nitrate d'ammonium.

La transformation du dioxyde de soufre en sulfates est relativement lente par rapport au transport des polluants et les concentrations en sulfates dans un lieu donné peuvent provenir de la pollution en SO2 d'une autre région. De plus, les poussières fines peuvent être transportées sur de longues distances; la pollution par les sulfates doit donc être considérée sur une grande échelle.

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2.3.2. Résultats de l'année 1997

L'analyse des sulfates est effectuée pour douze stations du réseau Métaux Lourds. Ces stations peuvent être des stations de surveillance de la pollution urbaine et industrielle ou des stations de surveillance de la pollution de fond, vu le caractère parfois national de ce type de pollution. Les résultats sont synthétisés au Tableau 12.

Par rapport à 1996, les résultats sont stationnaires et il n'y guère d'évolution. Il faut cependant noter l'augmentation à la station de Marche-les-Dames (MLNA01).


1996 LD = 0.09 µg/m³
Station
Localité
Nombre de jours
Moyenne

(µg/m³)
Médiane

(µg/m³)
P90

(µg/m³)
P95

(µg/m³)
P98

(µg/m³)
MLCH01
Charleroi
356
6.488
5.112
12.127
15.742
18.357
MLCH02
Lodelinsart
359
5.562
4.541
10.182
12.458
15.396
MLEG01
Engis
351
7.792
6.460
12.905
16.567
21.343
MLEG02
St-Georges
(212)
(10.071)
(7.726)
(19.516)
(21.784)
(27.811)
MLLG01
Liège (Destenay)
344
5.788
4.224
11.200
13.839
17.247
MLLG02
Liège (Monsin)
(266)
(6.599)
(4.909)
(13.047)
(15.766)
(18.728)
MLMO01
Obourg
(257)
(5.427)
(4.559)
(9.404)
(12.078)
(14.167)
MLNA01
Marche-les-Dames
(259)
(6.461)
(5.425)
(11.622)
(13.097)
(16.522)
MLNT01
Offagne
323
4.688
3.714
8.740
10.642
14.556
MLNT02
Bovigny
165
*
*
*
*
*
MLNT03
Jalhay
320
3.348
2.506
7.321
9.909
12.516
MLPT01
Arlon
(232)
(3.136)
(2.768)
(5.450)
(6.783)
(8.035)

1997 LD = 0.087 µg/m³
Station
Localité
Nombre de jours
Moyenne

(µg/m³)
Médiane

(µg/m³)
P90

(µg/m³)
P95

(µg/m³)
P98

(µg/m³)
MLCH01
Charleroi
363
6.127
5.220
10.354
12.769
16.769
MLCH02
Lodelinsart
346
5.597
4.842
9.235
11.359
14.469
MLEG01
Engis
363
7.987
6.674
13.548
17.564
20.219
MLEG02
St-Georges
97
*
*
*
*
*
MLLG01
Liège (Destenay)
362
5.111
4.327
9.054
12.792
16.088
MLLG02
Liège (Monsin)
346
5.507
4.705
9.369
13.481
17.688
MLMO01
Obourg
337
5.831
5.161
10.125
12.819
16.653
MLNA01
Marche-les-Dames
353
9.619
7.250
20.775
24.286
30.514
MLNT01
Offagne
365
3.985
3.590
6.664
8.440
9.632
MLNT02
Bovigny
362
3.969
3.311
6.760
9.268
14.640
MLNT03
Jalhay
359
2.507
2.048
4.751
5.949
7.830
MLPT01
Arlon
353
3.164
2.792
5.719
6.547
8.421

Tableau 12 : Sulfates - Particules en suspension - Statistiques 1996 et 1997

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2.3.3. Variations saisonnières

Comme beaucoup d'autres polluants, les concentrations en sulfates varient au cours de l'année et les concentrations sont plus élevées en hiver qu'en été (Figure 26).

Les évolutions des trois stations sont semblables, montrant le caractère généralisé de la pollution par les sulfates. On y distingue plusieurs périodes remarquables. Au début du mois de janvier, les concentrations en sulfates furent particulièrement élevées. Cette première période correspond à l'épisode de fortes concentrations en dioxyde de soufre évoqué précédemment. Une deuxième période couvre la première quinzaine du mois de mars. Cette augmentation n'est pas associée à des taux de SO2 élevés et nous ne possédons pas d'explication. Enfin, on remarque des pics fin septembre et fin octobre.



Figure 26 : Sulfates - Particules en suspension - Evolution annuelle - Stations de Liège (MLLG01), de Charleroi (MLCH01) et d'Offagne (MLNT01)

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2.3.4. Evolution à long terme

Les Figures 27 et 28 retracent les évolutions à long terme des concentrations en sulfates, ainsi que les évolutions des paramètres statistiques pour une station de Liège (MLLG01), une station de Charleroi (MLCH01) et une station de fond (MLNT01).

Après quelques années d'augmentation (particulièrement visible pour la station de fond d'Offagne), les concentrations en sulfates sont légèrement plus faibles en 1997 que l'année précédente sans pour autant revenir aux bas niveaux atteints vers 1992-1993. Les niveaux mesurés actuellement sont, cependant, toujours inférieurs aux niveaux rencontrés il y a une dizaine d'année.



Figure 27 : Sulfates - Particules en suspension - Evolution à long terme - Stations de Liège (MLLG01), de Charleroi (MLCH01) et d'Offagne (MLNT01)



Figure 28 : Sulfates - Particules en suspension - Evolution des paramètres statistiques - Stations de Liège (MLLG01), de Charleroi (MLCH01) et d'Offagne (MLNT01)

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2.3.5. Semaine moyenne

Les graphiques de la Figure 29 reprennent l'évolution moyenne selon le jour de la semaine. On constate que les concentrations en sulfates sont légèrement plus élevées en milieu de semaine.



Figure 29 : Sulfates - Particules en suspension - Semaine moyenne - Stations de Liège (MLLG01), de Charleroi (MLCH01) et d'Offagne (MLNT01)

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2.3.6. Interactions avec d'autres polluants

2.3.6.1. Les particules en suspension

Il ne s'agit pas à proprement parler d'interactions avec un autre polluant car les sulfates sont parmi les principaux constituants des particules en suspension. Le graphique de la Figure 30 retrace l'évolution de la concentration en sulfates parallèlement à l'évolution des particules en suspension tandis que le graphique de la Figure 31 reprend l'évolution de la concentration en sulfates par rapport à la pollution par les particules en suspension PM10.

Figure 30 : Evolution de la concentration en sulfates et de la concentration en particules en suspension (PM10)

Figure 31 : Evolution de la concentration en sulfates en fonction de la concentration en particules en suspension (PM10)


Si les évolutions sont parallèles et les fortes concentrations en poussières sont souvent associés aux fortes concentrations en sulfates, la corrélation entre les deux paramètres n'est pas très élevée. Il est fort probable que ces écarts soient causés par un changement de composition dans les particules.

Idéalement, il faudrait pouvoir comparer les concentrations obtenues avec deux méthodes d'échantillonnage équivalentes (utilisation d'une tête PM10 pour l'échantillonnage des sulfates).

2.3.6.2. Les oxydants photochimiques

Durant le mois d'août 1997, les concentrations en sulfates ont légèrement augmenté, sans être associées à un épisode de pollution par le dioxyde de soufre. Ce mois a été particulièrement riche en ozone et les deux profils montrent des similitudes évidentes (Figure 32).

Figure 32 : Evolution des concentrations en sulfates et en ozone - Station d'Offagne

En période de forte production d'ozone, d'autres oxydants sont produits et notamment des radicaux hydroxyles (OH) capables d'oxyder le dioxyde de soufre en acide sulfurique qui sera neutralisé par l'ammoniac présent dans l'air ou par d'autres composés à caractère basique pour former des sulfates. Ce mécanisme pourrait expliquer les pics de sulfates en été. Une meilleure connaissance des processus photochimiques est nécessaire pour mieux apprécier les effets sur la dégradation des autres polluants en période de smog estival.

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