2.2. Dioxyde de soufre
2.2. Réseau Télémétrique
2.2.1.1. Résultats de l'année
1997
Le dioxyde de soufre est certainement le polluant le mieux surveillé
en Région wallonne; toutes les stations du Réseau
Télémétrique sont équipées
de moniteurs permettant la mesure du SO2. Les résultats
de ces mesures sont repris au Tableau 4 pour les valeurs semi-horaires,
et au Tableau 5 pour les moyennes journalières. Les résultats
de l'année 1996 sont repris pour comparaison.
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Les teneurs en dioxyde de soufre apparaissent comme relativement
faibles. Une station, celle d'Engis, mesure des concentrations
plus élevées. La topographie particulière
des lieux et l'influence des industries voisines expliquent son
comportement totalement différent des autres stations.
Les paramètres statistiques pour 1997 sont inférieurs
à ceux de 1996. Cette information doit être relativisée.
En effet, les changements apportés lors de la modernisation
du RDRC ont permis de diminuer le minimum mesurable pour le dioxyde
de soufre. A l'heure actuelle, les concentrations moyennes étant
très faibles, cet abaissement de limite de détection
a une influence non négligeable sur les paramètres
statistiques, particulièrement sur les percentiles faibles
et la moyenne, et peut contribuer à une apparente diminution
enregistrée par rapport à l'année précédente.
Par contre, les percentiles 98 de certaines stations, principalement
des stations rurales, sont légèrement plus élevés,
probablement à cause de l'épisode de pollution du
début du mois de janvier. Cet épisode se traduit
par une augmentation des différents paramètres statistiques
mensuels pour le mois de janvier (Tableau 6).
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2.2.1.2. Variations saisonnières
Les teneurs en dioxyde de soufre varient avec les saisons, et
les épisodes de fortes concentrations se rencontrent durant
la saison froide (Figure 9). D'une part, les conditions climatiques
en hiver sont plus défavorables à la dispersion
des polluants et, d'autre part, les émissions dues aux
rejets du chauffage domestique sont plus importantes.
En période d'inversion de température, les polluants
sont confinés à basse altitude et cet effet peut
être encore renforcé par l'effet de cloche (voir
introduction). En milieu urbain, la part du chauffage domestique
peut alors devenir importante car les émissions s'effectuent
à basse altitude, alors que la plupart des installations
industrielles sont équipées de grandes cheminées.
En 1997, les concentrations furent particulièrement élevées
durant la première moitié du mois de janvier et
la moyenne mensuelle de janvier fut de deux à trois fois
plus élevée que celle de février. La raison
de cet épisode peut se trouver dans les conditions météorologiques
régnant durant cette période :
Le mois de janvier à Uccle fut caractérisé
par un déficit très exceptionnel(1) des
précipitations, un déficit très anormal(2)
de la vitesse moyenne du vent, un déficit des températures
et un excès très anormal de l'insolation.
Du 1er au 13 janvier, notre temps fut déterminé
par des courants continentaux très froids associés
à l'anticyclone de Sibérie. Par la suite, suite
au déplacement de la zone de haute pression, ces courants
devinrent plus doux.
(1) très exceptionnel = phénomène égalé ou dépassé en moyenne une fois tous les 100 ans.
(2) très anormal = phénomène égalé
ou dépassé en moyenne une fois tous les 10 ans.
Source : " Bulletin mensuel, Observations
climatologiques ", Institut Royal de Météorologie.
Durant la première quinzaine de janvier, tous les facteurs
défavorables étaient réunis pour une pollution
par le dioxyde de soufre : températures faibles (mauvaise
dispersion et forte émission due au chauffage), vitesses
de vent faibles (mauvaise dilution), peu de précipitations
(pas de lavage) et courants continentaux (masse d'air pollué).
A la Figure 10, nous avons repris les différents paramètres
météorologiques mesurés à la station
de Charleroi. Durant la première moitié du mois,
les températures sont négatives. On note également
la direction du vent très constante, signe d'une grande
stabilité des conditions atmosphériques.
La Figure 11 reprend l'évolution pour le mois de janvier
de la différence de température entre les niveaux
114 m et 8 m du mât situé sur la colline de Cointe
(Liège). On remarque nettement les inversions de température
(valeurs positives sur le graphique).
Le caractère saisonnier de la pollution par le dioxyde
de soufre peut également être mis en évidence
en étudiant le rapport entre les concentrations mesurées
durant la saison froide et les concentrations durant la saison
chaude (Tableau 7). Ce rapport peut également permettre
de caractériser le milieu avoisinant la station. En effet,
en été, les principales sources de dioxyde de soufre
sont industrielles. Par contre, en hiver, à cette part
industrielle, vient s'ajouter une pollution attribuable au chauffage.
Le rapport entre les concentrations moyennes en hiver et les concentrations
moyennes en été sera donc d'autant plus grand que
l'influence du chauffage se fait sentir sur la station et ce rapport
sera logiquement plus élevé pour une station urbaine
que pour une autre station.
Bien que l'environnement des différentes stations varie
très fort, les rapports hiver/été ne changent
guère de manière significative. Il semble donc que
la part des émissions dues au chauffage n'est guère
importante par rapport aux émissions d'origine industrielle
et à la pollution transfrontalière et qu'aucune
des stations ne soit sous l'influence d'un milieu uniquement urbain.
Le comportement de la station d'Engis est totalement différent
et le rapport plus proche de 1 nous confirme que cette station
est sous la forte influence d'une source industrielle plus ou
moins constante.
En Belgique, l'influence de la pollution transfrontalière
n'est pas à négliger. Ainsi, à Eupen, on
observe régulièrement des pics, absents pour les
autres stations, alors que cette station est éloignée
de toute source belge. En réalité, il semble bien
que le dioxyde de soufre mesuré à cette station
provienne de l'Allemagne (sud-ouest) comme le montre la rose de
pollution de la Figure 12.
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2.2.1.3. Evolution à long terme
Les évolutions à long terme des moyennes mensuelles
sont tracées sur la Figure 13, tandis que les évolutions
des paramètres statistiques (valeurs journalières)
sont reprises à la Figure 14.
Même si les concentrations en 1997 furent inférieures
à 1996, on a rencontré une légère
augmentation des teneurs en dioxyde de soufre en 1995 et 1996.
Or, les émissions sont, pour la Région wallonne,
en constante diminution (Tableau 8). La situation des régions
limitrophes étant identiques, on peut légitimement
se demander si un apport venant de pays plus éloignés
(notamment des pays de l'Est) ne pourrait pas expliquer cette
augmentation.
On note également, à la Figure 14, la diminution
des minima mesurés, causée par le changement des
limites de détection.
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2.2.1.4. Norme et catégories ISSeP
La norme pour le SO2 est étroitement liée
aux poussières en suspension (méthode des Fumées
Noires) et il existe différentes valeurs limites suivant
la concentration des particules en suspension. Cette norme est
respectée en 1997 pour toutes les stations.
La Figure 15 reprend l'évolution depuis 1980 des paramètres
statistiques sur lesquels porte la norme. Si la tendance pour
ces 15 dernières années est à la baisse,
on remarque toutefois une légère augmentation des
P98 à partir de 1994, signe d'une pollution occasionnelle
qui serait en augmentation.
Parallèlement à la norme en vigueur, l'ISSeP a défini
différentes catégories (Tableau 9). Suivant cette
classification, toutes les stations appartiennent à la
catégorie des valeurs faibles.
> 40 µg/m³ | < 40 µg/m³ | ||
<= 40 µg/m³ | < 60 µg/m³ | >= 120 µg/m³ |
La norme actuelle étant largement respectée, il
est intéressant de se pencher sur les propositions de Directive
Européenne (98/C 9/05). Les futures normes ne sont plus
basées en terme de percentiles, mais plutôt en terme
de dépassements, et ce, d'une manière analogue à
la Directive pour l'ozone (Tableau 10).
Valeur limite horaire pour la protection de la santé humaine | 350 µg/m³ à ne pas dépasser plus de 24 fois par année civile | ||
Valeur limite journalière pour la protection de la santé humaine | 125 µg/m³ à ne pas dépasser plus de 3 fois par année civile | ||
Valeur limite pour la protection des écosystèmes applicable à distance des sources | 20 µg/m³ | Deux ans après l'entrée en vigueur de la Directive |
Ces futures valeurs limites sont dès à présent
respectées. La seule station présentant des dépassements
pour la protection de la santé est la station d'Engis (respectivement
5 et 1). La valeur pour la protection des écosystèmes
n'est applicable qu'aux zones éloignées de toute
source (industrie, zone urbaine ou routes), c'est-à-dire
aux stations de background; elle est donc respectée pour
toutes les stations en Région wallonne.
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2.2.1.5. Répartition géographique
Dans le but de distinguer les stations entre elles, nous avons
repris sur la Carte 2 la répartition des valeurs journalières
selon les trois catégories définies précédemment.
On constate que les stations devant faire l'objet d'une attention
particulière sont les stations de Charleroi (et plus particulièrement
TMCH03 et TMCH05) et surtout la station d'Engis (TMEG01).
On peut également remarquer que, même pour les stations
à caractère rural, il y a eu au moins un jour où
les valeurs mesurées pouvaient être considérées
comme élevées suivant notre classification, à
cause de l'épisode du mois de janvier. Durant la même
période, la station d'Eupen a enregistré 4 valeurs
élevées, contre aucune en 1996. Il faut également
noter la diminution (de 10 valeurs élevées en 1996
à 5 en 1997) pour la station de Marchienne-au-Pont.
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2.2.1.6. Journée et semaine moyennes
Les graphiques de la Figure 16 reprennent l'évolution d'une
journée moyenne, pour l'hiver 96/97 et pour l'été
97, de deux stations typiques d'un environnement urbain (Liège,
parc de la Boverie et Charleroi, av. G. Michel), ainsi qu'une
station rurale (Offagne).
Les concentrations en dioxyde de soufre augmentent progressivement
vers 5 - 6 heures (GMT), le matin, pour atteindre un maximum entre
8 et 10 heures et, ensuite, rejoindre le niveau initial. Cette
évolution journalière résulte probablement
de la reprise des activités diurnes. Ce profil ne se retrouve
pas pour la station d'Offagne, où les concentrations sont
plus ou moins constantes. Le décalage du profil entre les
deux saisons s'explique facilement par le décalage entre
l'heure d'été et l'heure d'hiver (les graphiques
sont exprimés en temps universel). En général,
le profil est moins marqué en hiver qu'en été.
Deux stations montrent des profils totalement différents
des autres stations (Figure 17) : celle d'Engis et celle
d'Eupen. Le matin, vers 7 - 8 h, les concentrations en dioxyde
de soufre diminuent pour augmenter dans la soirée. Cet
effet se marque plus durant l'été qu'en hiver.
Ces profils sont plus difficiles à expliciter, mais il
est possible d'émettre certaines hypothèses. Ainsi,
à Engis, à condition que les émissions soient
plus ou moins constantes, la différence entre les concentrations
diurne et nocturne peut s'expliquer par un effet de vallée.
Le jour, le fond de la vallée se réchauffe moins
vite que le plateau créant ainsi un courant de la vallée
vers l'extérieur. La nuit, le phénomène s'inverse
avec comme conséquence un rabattement des fumées
vers la vallée.
Pour la station d'Eupen, la situation est moins claire car il
faut tenir compte des sources situés de l'autre côté
de la frontière. A titre indicatif, les roses de pollution
pour la nuit et pour la journée sont reprises à
la Figure 18.
Les concentrations en dioxyde de soufre varient peu en fonction
du jour de la semaine (Figure 19). On note cependant une
très légère diminution le week-end (plus
visible en été).
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2.2.1.7. Interaction
avec d'autres polluants
Les particules en suspension
La norme applicable au dioxyde de soufre associe la pollution
par le dioxyde de soufre aux particules en suspension mesurées
par la méthode des Fumées Noires. Cette approche,
assez ancienne, trouve sa justification dans des considérations
toxicologiques, l'association des deux polluants se révélant
néfaste. Une autre raison est que ces deux polluants provenaient
majoritairement d'une même source, la combustion du charbon.
La situation a évolué, mais il semble actuellement
toujours intéressant d'étudier les interactions
car les particules en suspension contiennent une grande proportion
de sulfates provenant directement de la condensation du dioxyde
de soufre.
Le graphique de la Figure 20 reprend les évolutions parallèles
de ces deux polluants, alors que le graphique de la Figure 21
tente d'établir la corrélation entre les deux. Les
évolutions des deux polluants montrent des similitudes
mais également des différences et les rapports SO2/fumées
ne sont pas constants, ce qui se traduit par une corrélation
peu satisfaisante.
L'association entre les deux polluants est donc bien discutable
car :
Cette approche ne semble plus guère d'actualité
et n'est plus reprise dans les réglementations en discussion.