RAPPORT D'ACTIVITE DE LA DPE : 1996


DIRECTIONS EXTERIEURES


 QUELQUES ACTIONS SIGNIFICATIVES DE LA DIRECTION DE NAMUR-LUXEMBOURG



Qualité des eaux de surface du bassin de la Lesse.

Une enquête de contrôle des déversements d'eaux usées domestiques des collectivités et des activités du secteur touristique a été effectuée durant l'été 1996 dans le bassin de la Lesse.

Plusieurs raisons ont motivé ce choix:

Du point de vue de la Direction de Namur, cette enquête permet de tester en grandeur nature la conception d'une "unité globale d'intervention". Il s'agit d'une nouvelle démarche entreprise en vue de préciser les enjeux environnementaux locaux en globalisant les problèmes lorsque le caractère surfacique de ceux-ci prédomine. Cet outil en cours de développement tente de répondre à diverses situations caractérisées par une multitude de problèmes environnementaux ponctuels dont les effets sont souvent cumulatifs. Il devrait constituer un outil de compréhension et d'aide à la décision en donnant une vision d'ensemble du bassin et de la qualité des eaux de surface. Cette enquête permet de tester sur le terrain les appareils de mesure et les kits d'analyse, de définir une méthodologie de contrôle des collectivités et d'améliorer la collaboration avec les services ou associations concernés, tels que la DNF, la DE, la fondation Close, le Commissariat au tourisme, ....

Un problème fréquemment soulevé est celui de la qualité des eaux de baignade. Une eau de baignade est soit une eau où la baignade est expressément autorisée, soit une eau où elle n'est pas interdite et où elle est pratiquée par un nombre important de baigneurs. Le réseau de mesure "eau de baignade" de la Lesse comprend 4 points: le camping Villatoille à Anseremme, le pont de la gare de Gendron, l'embarcadère à Houyet et le camping de Belvaux. La pollution bactériologique y bat son plein. De 1991 à 1995, 21 analyses sur 196 seulement étaient conformes.

La recherche des sources de pollution rend souvent nécessaire le recours aux analyses. Il est intéressant de disposer d'un outil analytique de prix avantageux permettant de déterminer certains paramètres et ainsi de sélectionner les échantillons devant être confiés aux laboratoires. De plus, la rapidité d'obtention des résultats et leur disponibilité sur le terrain permet une meilleure recherche des causes de pollution.

140 tests d'analyses rapides ont permis de déterminer les teneurs en ammonium, nitrites, nitrates et phosphates. Le pH, l'oxygène et la conductivité ont été mesurés au moyen d'appareils portables et la DBO5 réalisée en laboratoire. Des tests de comparaison entre kits et appareils ont été effectués pour le pH et l'oxygène, ce dernier paramètre étant très important dans le cas de mortalité piscicole.

Les résultats sont suffisamment précis dans le cas de l'oxygène, de l'ammonium et des nitrates, les phosphates et les nitrites sont approximatifs, par contre les bandelettes pH donnent une valeur inférieure au pH mesuré. La durée d'une telle analyse est de 15 minutes sauf si l'on utilise le kit oxygène où elle est de 30 minutes.

Sur 130 échantillons analysés en zone d'eaux piscicoles salmonicoles, 53 ont plus de 4 mgO2/l en DBO5, 17 plus d'1 mgNH4/l et 43 moins de 6 mg/l d'oxygène.

Les nombreux résultats obtenus font l'objet d'une synthèse qui sera disponible en 1997. Il faut remarquer que ces données ne sont valables qu'à l'étiage, en période d'afflux touristique et lorsque le bétail se trouve aux champs. A l'automne, ces deux derniers paramètres s'inversent.

Un paramètre remarquable est la conductivité électrique de la Lesse, celle-ci décroît progressivement de la source (132 uS/cm) jusqu'à Chanly (118 uS/cm) puis augmente de façon continue jusqu'au confluent avec la Meuse (367 uS/cm).

L'indice de pollution organique ou IPO, calculé d'après la table Leclercq et Maquet indique une pollution organique faible à modérée partout, sauf de Resteigne à Belvaux où elle est forte. Lors du parcours souterrain de la Lesse, la pollution organique passe de forte au camping de Belvaux à nulle à la résurgence au pavillon des grottes de Han.

De nombreux affluents subissent une pollution organique très forte. Au hit-parade, notons le ruisseau d'Ausse, le Serpont, l'Hilan, les Birans, la Molignia, le Bonne Fosse, le Bonnier, le Ry d'Ave. Certains de ces affluents devront faire l'objet d'un contrôle plus approfondi, le ruisseau d'Ausse est un véritable conduit de lisier (1976 uS/cm, 57 mgNH4/l et 95 mgO2 en DBO5), le Hilan se dégrade à partir du domaine militaire, le Bonne Fosse reçoit des eaux usées domestiques, des rejets de ferme et les rejets d'une station d'épuration...

Parmi les 9350 dossiers de la Direction de Namur, le secteur collectivités représente 490 établissements. La campagne de contrôle, visant plus spécifiquement le bassin de la Lesse, a porté sur 88 établissements dont 28 campings.

Ces 88 établissements représentent 12380 équivalents habitants (EH)H dont les eaux usées domestiques se déversent en égout pour 3780 EH, en eau de surface pour 5950 EH et en puits perdus pour 2650 EH.

30 établissements sont en ordre au point de vue législation environnementale. 49 courriers d'avertissement ont été envoyés aux exploitants les invitant à régulariser leur situation. 2 procès-verbaux ont été transmis à Monsieur le Procureur du Roi.

10 puits perdus, 29 dépôts de mazout, 12 dépôts de gaz, 6 piscines, 4 ménageries et 7 autres établissements classés ne sont pas couverts par une autorisation d'exploitation. 13 manquements dont 5 pour des piscines ont été constatés par rapport aux conditions d'exploitation.

2 déversements directs d'eaux usées domestiques non traitées ont été constatés pour des établissements de plus de 200 EH. Les exploitants ont été priés d'étudier les mesures adéquates afin de rendre conformes ces rejets. Des prélèvements contradictoires seront effectués dès l'ouverture de la prochaine saison touristique.

Parmi les 28 campings du bassin de la Lesse, 4 sont équipés d'une station d'épuration privée, 20 campings épurent leurs eaux usées au moyen de fosses septiques et 4 campings déversent en égouts raccordés à des stations d'épuration publiques.

La charge polluante de ces 28 campings estimée à 6720 EH se répartit en 2420 EH pour les 4 stations d'épuration privée, 3680 EH pour les 20 fosses septiques et 620 EH en égouts publics pour 4 campings.

7 campings déversent en égouts (930 EH), 14 en eau de surface (4060 EH) et 13 en puits perdus (1730 EH).

Deux campings disposant d'une autorisation de déversement en eau de surface déversent leurs eaux usées en puits perdus, 2 autres raccordés aux égouts, déversent en partie en puits perdus.

Dans certains cas critiques, il s'avère intéressant de développer une méthodologie pour évaluer l'impact des rejets sur la qualité de l'eau de la rivière et donc accessoirement le pouvoir auto-épurateur de la rivière en période d'étiage.

Cette détermination a été effectuée sur le rejet d'un hôtel de 230 EH.

En sus de l'analyse du rejet, une première phase d'analyses est effectuée. On constate que la DBO5 d'exceptionnelle en amont devient médiocre puis normale. La variation du nombre de bactéries suit la même évolution. On a donc une auto épuration et surtout une dilution de la pollution.

Distance au rejet (m)
- 30
+ 15
+ 700
Oxygène dissous (mgO2/l)
8,5
7,5
7,9
Conductivité (uS/cm)
342,0
370,0
353,0
DBO5 (mgO2/l)
1,0
13,0
4,0
Coliformes totaux (par 100 ml)
3.500,0
660.000,0
12.000,0
Coliformes fécaux (par 100 ml)
2.000,0
280.000,0
3.100,0
Streptocoques fécaux
280,0
1.500,0
80,0


Une seconde phase d'analyses permet de déterminer l'impact local du rejet en mesurant le pH, la température, l'oxygène et la conductivité. Un colorant est utilisé pour visualiser la dispersion du rejet. Les mesures sont effectuées tous les mètres de l'amont à l'aval. Cet essai permet de constater que l'impact local n'est pas aussi important que ne le laissait penser son aspect spectaculaire. Après 8 mètres, les paramètres mesurés ont retrouvé leurs valeurs d'origine à l'exception de la concentration en oxygène dissous.

En conclusion, ce contrôle des collectivités dans le bassin de la Lesse ne constitue qu'une étape destinée à évaluer les méthodes à adopter. L'impact des rejets des collectivités est à relativiser par rapport aux rejets d'égouts et d'effluents agricoles.

L'utilisation des kits de terrain s'est révélé appropriée, permettant de relever les points critiques et donnant des résultats immédiats pour un faible coût.

La grande superficie du bassin versant a été la source de nombreuses difficultés et ne permet pas de rencontrer les problèmes spécifiques des communes.

Le prolongement de cette étude pourra s'étendre à d'autres bassins versants, notamment dans le cadre du Contrat de Rivière de la Haute-Meuse. Dans ce cas, la méthodologie, les enseignements et les synergies mises en place seront pleinement utilisés.

Prolifération intempestive de mouches dans un poulailler industriel.

Fin mai, un poulailler industriel de 40000 poules pondeuses provoque un afflux de plaintes pour une prolifération massive de mouches dans un quartier de la banlieue namuroise. Le poulailler est situé en zone industrielle à la limite avec une zone d'habitat. Cette banlieue comporte aussi quelques fermes et pâturages.

La DPE se rend sur les lieux les 20 et 29 mai ainsi que le 3 juin. Les nuisances générées croissent à rythme rapide: les mouches envahissent les cuisines, les salles de bain, les vérandas, les voitures et contraignent les riverains de fermer portes et fenêtres à cette période printanière, particulièrement chaude cette année. L'invasion est véritablement spectaculaire.

Les conditions d'exploitation du permis d'exploiter le poulailler stipulent qu'en tout temps les insectes doivent être combattus au moyen de produits efficaces.

Le cycle de ponte est arrivé à son terme et les poules sont en passe d'être évacuées pour l'abattoir. Des instructions fermes sont dès lors données à l'exploitant de maîtriser immédiatement ce foyer de pullulation en recourant à une intervention d'une entreprise spécialisée. Le 6 juin, une telle intervention est réalisée: traitement nématicide des collecteurs de fientes contre les larves; traitement des murs, plafonds, cages, tapis transporteurs à l'herbicide de contact; allées enduites d'un insecticide d'ingestion. Le foyer de prolifération est éteint avec succès au niveau du poulailler.

Le téléphone continuera cependant de sonner de temps à autre durant l'été pour signaler des mouches dans des quartiers plus éloignés, victimes sans doute de petits foyers secondaires de prolifération...

Noue de Mornimont.

La Noue de Mornimont, commune de Jemeppe sur Sambre, est un ancien bras de la Sambre. Propriété de la Région Wallonne, elle est gérée par le Service de la pêche et constitue un témoignage de ce qu'était jadis la Sambre avant sa canalisation.

A Mornimont, 200 pêcheurs regroupés dans la société de pêche " La Tanche d'Or " luttent depuis plusieurs dizaines d'années afin de conserver intact ce biotope. Après de nombreux avatars, le dernière pollution de janvier 1996 a réduit à néant tous ces efforts, causant une mortalité totale de la faune piscicole.

La Noue n'étant plus en communication avec la Sambre, son alimentation s'effectue à partir d'égouts, de petits affluents et des rejets de la station d'épuration de Moustier. De nombreux prélèvements d'échantillons ont été effectués par la DPE en collaboration avec les agents de la Division Nature et Forêts et du Service de la Pêche. Ces analyses concluent en une pollution chronique de presque toutes les arrivées d'eaux, associée à un envasement, une turbidité importante et des conditions météorologiques défavorables ayant provoqué une chute de la teneur en oxygène.

La remise en état de la Noue présente de nombreux intérêts tant écologique qu'halieutique. Une remarquable mobilisation de toutes les parties concernées s'est effectuée. La commune de Jemeppe, l'Inasep, le service Epuration de la Division de l'Eau, etc.. ont prévu les divers aménagements nécessaires afin de réduire au maximum les apports d'eaux usées dans la Noue en les dérivant vers le collecteur existant de la future station d'épuration de Jemeppe.

La DPE effectue les analyses de suivi de la qualité des affluents et des rejets. La Petite Sambre est fortement polluée par les égouts de Spy. Le Fossé Bechet, dont la teinte rougeâtre est due à du fer, est pollué par les égouts de la rue de la Glacerie. Les rejets de la station d'épuration de Moustier, bien que conformes aux normes sectorielles, ont une teneur élevée en ammonium. De plus, cette station est dépourvue de bassin d'orage.

Les origines multiples de cette mortalité piscicole ont été recherchées. Le rôle de la DPE a été principalement d'informer. Les mesures techniques à prendre dépendent dorénavant des services compétents pour l'épuration et l'égouttage.