Justification d'un projet en Lesse et Lomme

Pourquoi conserver les pelouses calcaires ?

Issues des pratiques agro-pastorales passées, les pelouses sèches sur calcaire, qui représentent l’habitat principalement visé par le projet, comptent en Europe parmi les biotopes semi-naturels les plus diversifiés, tant pour la flore que pour la faune. Toutefois, en l'absence de gestions humaine et/ou animale, ces pelouses retournent naturellement vers la forêt. En Belgique, la surface occupée par ces milieux s'est considérablement restreinte au cours des dernières décennies et n'est plus, actuellement, que de quelques dizaines d'hectares. Les deux techniques de gestion les plus couramment utilisées dans nos contrées restent le fauchage et, depuis peu, le pâturage par des ovins, le brûlis étant de plus en plus abandonné. Plusieurs travaux ont montré l’intérêt bénéfique du fauchage avec exportation, sur la biodiversité de la flore et de la faune. Cette technique, en rétablissant un ensoleillement maximal au niveau du sol, restaure les conditions micro-climatiques favorisant la reconstitution de la couverture végétale caractéristique de la pelouse et aussi de l’entomofaune floricole ou phytophage.

Quelles sont les principales menaces sur les sites concernés par ce projet ?

La diversité biologique des trois sites concernés par ce projet est actuellement menacée par :

Menace 1 :  la fermeture du milieu  par la colonisation naturelle
Les pelouses sèches sur calcaire sont les témoins de pratiques agro-pastorales aujourd’hui disparues (fauche et pâturage). En l’absence de gestion humaine, les sites se reboisent et les espèces héliophiles caractéristiques des milieux ouverts régressent en conséquence. Or, ce sont généralement ces espèces que l’on souhaite conserver. Il est donc indispensable d’intervenir pour stabiliser l’évolution de la végétation et conserver le milieu ouvert. Toutes les pelouses calcaires sont concernées par la fermeture naturelle du milieu.
La colonisation naturelle modifie peu à peu l’habitat qui passe d’un milieu ouvert à un milieu fermé, nettement moins intéressant du point de vue de la diversité biologique.

Menace 2 :  la fermeture du milieu par plantations sur pelouses calcicoles.
Des surfaces non négligeables de pelouses calcaires ont été boisées artificiellement au début du siècle, principalement à l’aide de résineux (pin sylvestre et pin noir d’Autriche). Ces milieux ne font plus actuellement l’objet de plantations. Cependant, les peuplement résiduels représentent une menace et ce à deux niveaux :

* en tant que tel ils réduisent les surfaces potentiellement occupées par les pelouses calcaires ;
* de par le potentiel élevé de dissémination des essences qui les constituent, ils représentent une menace pour les pelouses calcaires relictuelles .

La plantation modifie peu à peu l’habitat qui passe d’un milieu ouvert à un milieu fermé, nettement moins intéressant du point de vue de la diversité biologique.

Menace 3 :  l'eutrophisation
L’eutrophisation par percolation d’engrais représente un risque pour les pelouses calcaires directement en contact avec des zones de production agricole.
Certains sites en contact avec des zones agricoles, tels que les Pairées, Prelleu et Pesire, sont concernés par cette problématique d’eutrophisation.
Le risque de modification de la composition floristique est important.

Menace 4 :  la surfréquentation
La surfréquentation d’un site et le piétinement important qu’elle peut entraîner peut se révéler, à certaines périodes de l’année, néfaste pour la flore.

Menace 5 :  les dépôts sauvages d'immondices
Des dépôts d’ordures ménagères, de terres de creusement ou de remblais sont constatés à de nombreux endroits, notamment à proximité des centres urbains de Han-sur-Lesse et d’Ave-et-Auffe.
Dans le cas des remblais de terre et de briquaillons, la réhabilitation des sites touchés peut s’avérer très lente.