A l’eau considérée comme une ressource illimitée, aux cours d’eau considérés comme des exutoires évidents pour l’évacuation des eaux usées vers la mer, s’est récemment imposée la notion du développement durable. Une gestion durable implique que les prélèvements ne compromettent pas les ressources et que la qualité permette l’approvisionnement en eau potable et le développement d’écosystèmes riches et équilibrés.

A une période de gaspillage et de pollution doit donc succéder une période de restauration et de préservation.

Où en est-on ?

Aspects quantitatifs

En Région wallonne, les prélèvements d’eau sont estimés à 40 % de la ressource disponible. Cette utilisation intense s’explique par la densité de la population, l’activité industrielle, l’exportation d’eau vers les régions voisines (Bruxelles-Capitale et la Flandre) mais aussi par la présence de centrales électriques qui utilisent de grandes quantités d’eau pour le refroidissement. En fait 2/3 de l’eau prélevée sont utilisés par les centrales électriques et cette eau est en majeure partie directement rejetée dans le cours d’eau d’où elle provient. La consommation d’eau de distribution est estimée à 131 l/habitant/jour, ce qui, comparé aux autres pays européens, est une valeur intermédiaire. L’irrigation, problématique dans de nombreuses régions, est jusqu’à présent, très peu pratiquée en Région wallonne.

Si la consommation d’eau en Région wallonne apparaît importante, elle ne compromet toutefois pas globalement la ressource. Des problèmes se posent cependant localement : la surexploitation de la nappe des Calcaires du Tournaisis est notamment reconnue. Les phénomènes d’assèchement de zones humides ou de diminution inquiétante du débit de certains petits cours d’eau, souvent signalés par les naturalistes, ne peuvent être étayés faute de données.

Aspect qualitatif

La qualité des eaux souterraines n’a pas encore été suivie de manière systématique. Les données disponibles proviennent essentiellement des analyses réalisées par les Sociétés de production et de distribution des eaux. Bien que la grande majorité des nappes conserve une qualité compatible avec les normes relatives aux eaux potables, les analyses indiquent des teneurs localement importantes en nitrates et en pesticides.

Cette situation conduit à la fermeture de quelques captages et au recours au mélange ou au traitement des eaux. De telles mesures risquent d’être plus fréquemment appliquées si la pollution n’est pas rapidement maîtrisée.

La protection des eaux souterraines repose essentiellement sur la prévention par la mise en place de zones de protection autour des captages. Des redevances sont perçues pour alimenter un fonds de protection des eaux. Les études pour délimiter les périmètres à protéger sont en cours et des procédures d’approbation de zones de prévention ont démarré.

Hormis quelques problèmes locaux, la qualité des eaux de distribution respecte les normes de potabilité.

La qualité des eaux de surface est très logiquement le reflet de l’intensité des activités humaines. Les rivières de bonne qualité sont les rivières du sud du Sillon Sambre-et-Meuse dont le bassin versant est majoritairement boisé. Plus on va vers l’aval, plus les cours d’eau traversent des contrées habitées, industrialisées et d’agriculture intensive, plus la qualité se dégrade.

Les cours d’eau les plus dégradés sont situés au nord du Sillon Sambre-et-Meuse (la Senne, la Sambre, la Haine, l’Espierre et l’Escaut).

Les causes les plus fréquentes de non-conformité aux normes de qualité de base sont les hydrocarbures aromatiques polycycliques, les pesticides organochlorés (lindane), la DBO5, l’azote ammoniacal. Le non-respect des normes piscicoles est le plus souvent lié à la DBO5, au phosphore total, à l’azote ammoniacal et aux nitrites.

La pollution organique apparaît forte à très forte dans 13 des 39 stations présentées. Ailleurs, elle est modérée (7 stations), faible (15 stations), ou très faible (3 stations).

Des épisodes de toxicité sont relevés sur 11 stations, principalement dans le bassin de l’Escaut (7).

Enfin la qualité des eaux de baignade est conforme dans les 11 zones officiellement reconnues par la Région wallonne mais les rivières touristiques de moyenne importance (secteurs aval de la Semois, de la Lesse et de l’Ourthe) ne présentent pas une qualité conforme à la pratique de la baignade au sens de la Directive européenne c’est-à-dire qu’il y a plus de deux analyses par an qui dépassent les normes impératives.

Rejets et épuration

L’amélioration de la qualité des eaux passe nécessairement par la diminution des rejets.

La prévention, bien que mise en avant dans les principes, est pour l’instant essentiellement encouragée par des campagnes de sensibilisation à l’éco-consommation et au développement des technologies propres ainsi que par l’effet incitatif de la taxe sur les rejets industriels d’eaux usées.

La Région wallonne accuse un retard important dans l’épuration des rejets domestiques. Depuis une dizaine d’années, une politique plus rigoureuse se met en place : instauration d’une taxe sur les eaux usées pour augmenter le financement de l’épuration (1990), établissement des plans communaux généraux d’égouttage (1992-2000), programme pluriannuel de réduction de la pollution des eaux de surface (1994), augmentation du financement et accélération des programmes de construction des stations d’épuration…

Selon les estimations, en 1999, 54 % des rejets domestiques étaient traités soit dans une station d’épuration publique (32 %) soit par un système d’épuration non public ou autonome (22 %).

Les rejets industriels ont également diminué, d’une part, par la fermeture de nombreuses usines polluantes, d’autre part, par les efforts d’épuration consentis par les industriels. Ces efforts se reflètent dans la perception de la taxe sur les eaux usées industrielles (diminution de la charge polluante taxée) et dans les montants investis par les industries pour la prévention ou le traitement des rejets polluants.

La pollution agricole est plus difficile à cerner du fait de son caractère diffus et du rôle déterminant des pratiques : une même quantité de lisier ou de produits phytosanitaires peut être ou ne pas être polluante selon la manière dont elle est épandue dans l’environnement. La concentration des cheptels et l’intensification des pratiques culturales inquiètent; la sensibilisation, l’élaboration de codes de bonnes pratiques agricoles, les mesures agri-environnementales et le développement de l’agriculture biologique rassurent. Quel sera le bilan environnemental ?

Gestion globale

Enfin, la manière d’envisager la problématique de l’eau a aussi évolué. Après une prise en compte des problèmes au coup par coup, est apparue la nécessité d’envisager les problèmes de manière plus globale. Le cycle de l’eau est devenu le cadre de référence. La Société Publique de Gestion de l’Eau a été créée dans cet esprit pour coordonner la gestion de l’ensemble du cycle de l’eau (production, distribution, épuration). La notion de coût-vérité de l’eau y répond également puisque, outre les frais de production et de distribution, elle inclut le principe de pollueur-payeur pour assurer

l’épuration des eaux usées et une redevance pour la protection des captages.

La gestion des eaux de surface et des eaux souterraines est désormais envisagée par bassin hydrographique et nappe aquifère. Ces approches, développées aux niveaux politique et administratif, trouvent un relais associatif dans l’élaboration des contrats de rivière et de nappe.

Rédacteur :
HALLET Catherine