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Description du phénomène

(voir Introduction sur les Eaux de surface)

Signification

Cet indicateur permet de juger de la qualité des eaux de surface en Région wallonne selon les normes de qualité de base. Ces normes doivent assurer le rétablissement d’un développement équilibré de la vie biologique dans les eaux concernées, ou son maintien, là où il est resté conservé.

Situation en Région wallonne

L’ensemble des résultats obtenus entre 1994 et 1998 pour les stations sélectionnées est présenté dans le Tableau 2-12, pour 23 paramètres issus des normes de qualité de base. Une cote globale de conformité par rapport à l’ensemble des paramètres peut également être attribuée. Le classement des différentes stations selon cette cote est présenté dans le Tableau 2-13. Rappelons que le non respect de l’un de ces 23 paramètres suffit à classer la station comme non conforme.

D’après ces deux tableaux, on peut tirer les conclusions suivantes :

  • 18 stations sur 38 sont déclarées conformes sur l’ensemble de la période considérée ; elles se trouvent généralement en zones peu habitées : l’Amblève (Bellevaux-Ligneuville, Comblain-au-Pont), la Lesse (Resteigne, Dinant), la Lhomme (Grupont), la Masblette (Masbourg), la Meuse (Hastière), l’Oise (Macquenoise), l’Ourthe (Durbuy, Chênée, Cherain), la Rulles (Habay-la-Neuve), la Semois (Tintigny, Dohan, Bohan), la Sûre (Tintange), la Vesdre (Ensival) et la Vierre (Straimont) ;
  • quelques stations présentent des épisodes ponctuels de non-conformité : Andenne sur la Meuse (en 1995, HAP non conforme), Ortho et Mabompré sur l’Ourthe occidentale (en 1995, pour les mêmes raisons) ;
  • la Mehaigne à Moha, conforme de 1994 à 1996, est classée non conforme en 1997 et 1998, à cause de la non conformité pour le paramètre hexachlorocyclohexane ;
  • la Vesdre, conforme à Ensival, présente pour le cadmium et le pH des épisodes de non-conformité sur les stations de Vaux-sous-Chèvremont et de Raeren. La pollution par le cadmium est liée au secteur industriel, avec l’industrie sidérurgique à chaud, l’industrie de l’ennoblissement du textile et l’industrie de transformation à froid et de traitement de surface des métaux. Les eaux de ruissellement au niveau de l’ancien site métallurgique de Prayon à Trooz (industrie du zinc), fortement chargées en cadmium, représentent la principale source de pollution ;
  • les stations classées non conformes pour de nombreux paramètres situent les points qui subissent des pressions importantes : Pottes et Bléharies sur l’Escaut, Saint Vaast et Hensies sur la Haine, Eben Emael sur le Geer, Pont de Loup et Namur sur la Sambre, Soignies sur la Senne.

Les principales causes de non conformité sont (Tableau 2-12) :

  • les hydrocarbures aromatiques polycycliques (HAP) : pour ce paramètre, les résultats non conformes sont élevés et globalement en augmentation depuis 1994. En 1998, 8 stations montrent des résultats non conformes. Il s’agit de l’Escaut (Bléharies, Pottes), la Dendre (Lessines), la Haine (Hensies), la Meuse (Liège et Visé), et la Sambre (Pont de Loup, Namur). Cette pollution trouve son origine dans les activités industrielles ainsi que dans les dépôts atmosphériques de combustion ;
  • l’hexachlorocyclohexane (lindane) : ce paramètre présente globalement la même évolution négative, avec 9 stations non conformes sur 11 en 1998. On retrouve des stations sur l’Escaut (Bléharies, Pottes), la Dendre (Deux-Acren), la Senne (Quenast), la Dyle (Sint-Agatha-Rode), la Haine (Hensies), la Sambre (Erquelinnes, Namur), la Mehaigne (Moha). Ce paramètre traduit des pratiques agricoles intensives (voir AgrP1b) ;
  • la demande biochimique en oxygène (DBO5) : pour ce paramètre, on constate que la non-conformité a d’abord augmenté en 1996, avec 9 stations non conformes sur 36, pour ensuite se stabiliser à 4 stations non conformes en 1997 et 1998. Ces stations sont : Pottes sur l’Escaut, Soignies sur la Senne, Saint Vaast et Hensies sur la Haine. La DBO5 est une mesure de la présence de matières organiques dans les cours d’eau, dont la source principale est constituée par les eaux usées domestiques et industrielles (voir EauP3 et EauR2). Le développement du traitement des eaux usées domestiques en Région wallonne devrait remédier à ce problème dans un proche avenir ;
  • La même évolution est constatée pour l’azote ammoniacal, avec un peu plus de stations non conformes et une légère amélioration en 1998 où 7 stations sont touchées. Outre les 4 stations déjà non conformes pour la DBO5, on retrouve : Bléharies sur l’Escaut, Pont de Loup sur la Sambre, et Eben Emael sur le Geer. L’origine de cette pollution est double : d’une part, les activités agricoles et d’autre part, les eaux usées domestiques et industrielles (la décomposition des matières organiques provoque la production d’ammoniaque) ;
  • les non-conformités dues à une présence excessive de phosphore sont fluctuantes. Les stations non conformes en 1998 sont Saint Vaast sur la Haine et Eben Emael sur le Geer. Ce phénomène peut être mis en relation avec l’effort des industries pour réduire les charges en phosphore des eaux usées (voir EauP3) et la diminution du contenu en phosphore des produits lessiviels.

Tableau 2-12 : Qualité des eaux de surface selon les normes de qualité de base, 1995-1998
Source : Ministère de la Région wallonne, DGRNE
N : nombre de stations pour lesquelles le paramètre a été contrôlé
n : nombre de stations pour lesquelles la norme est dépassée au moins une fois sur l’année
% NC : pourcentage de stations pour lesquelles la norme a été dépassée au cours de l’année

Tableau 2-13 : Qualité des eaux de surface selon les normes de qualité de base, 1995-1998
Source : Ministère de la Région wallonne, DGRNE

Situation wallonne dans le contexte européen

Contrairement à ce qui est mesuré en Région wallonne, on observe depuis une dizaine d’années une diminution de la concentration des matières organiques dans les cours d’eau européens suite au développement des installations de traitements des eaux usées. Au milieu des années 90, sur 1000 cours d’eau européens, 35 % des stations avaient une DBO5 inférieure à 2 mg O2/l, tandis que 11 % étaient considérés comme très pollués, avec une DBO5 supérieure à 5mg/l (la norme de qualité de base en Région wallonne est de 6 mg O2/l).

Conclusion

En Région wallonne, la qualité des eaux de surface est généralement bonne dans les zones peu densément peuplées mais elle est mauvaise dans les parties les plus habitées du territoire. Pour la Senne, la Sambre, la Haine et l’Escaut, ainsi que leurs affluents, la qualité organique et physico-chimique des eaux est peu élevée, tandis que la qualité des eaux du tronçon principal de la Meuse et de ses affluents orientaux est souvent meilleure. Les causes de non conformité les plus fréquentes sont dues à la présence excessive de HAP et de pesticides organochlorés.

 

Lien direct avec d’autres indicateurs

EauE8 : Qualité des eaux de surface par rapport aux normes du réseau piscicole
EauE9 : Répartition des analyses des eaux de surface selon l’indice IPO
EauE11 : Ecoxicité des eaux de surface en Région wallonne
EauE12 : Qualité biologique des cours d’eau en Région wallonne
EauP3 : Rejets industriels d’eaux usées en Région wallonne
EauR5 : Contrats de rivière
EauR6a, b : Epuration et égouttage des eaux en Région wallonne

Caractérisation des données

Les normes de qualité de base sont définies pour 27 paramètres différents, pour lesquels les unités varient (voir «Aspects réglementaires »). Une cote globale de conformité est attribuée à chaque station pour l’année considérée :

  • si les résultats des analyses sont conformes pour l’ensemble des paramètres, la station est notée «conforme»,
  • si les résultats des analyses ne sont pas conformes pour un ou plusieurs paramètres, la station est notée «non conforme».

Les données sont présentées pour une quarantaine de stations sélectionnées pour donner une image la plus représentative de l’ensemble des situations en Région wallonne (grands cours d’eau, bassins subissant des pressions importantes, cours d’eau situés dans des zones protégées, …). Les stations sélectionnées sont réparties en zones piscicoles salmonicoles (SALM) ou cyprinicoles (CYPR) en fonction de la vocation ichtyologique du cours d’eau. Certaines ont fait l’objet d’un classement officiel (Arrêté du Gouvernement wallon du 15 décembre 1994) et sont identifiées par les symboles SALM et CYPR (voir Tableau 2-14 et Carte 2-5).

Tableau 2-14 : Liste des stations de mesures sélectionnées, vocation ichtyologique et classement officiel éventuel
(QB : qualité de base, SALM : zone piscicole salmonicole, CYPR : zone piscicole cyprinicole)
Source : Ministère de la Région wallonne, DGRNE

Carte 2-5

La sélection n’a cependant pas tenu compte de la disponibilité des données pour ces stations. De ce fait, les données présentées peuvent être incomplètes pour certains paramètres et/ou années mais les stations reprises dans la liste seront suivies systématiquement pour les éditions suivantes du Tableau de bord. Remarquons par ailleurs que les indicateurs EauE7et EauE8 présentent les résultats pour l’ensemble des stations, indépendamment de leur classement officiel éventuel (i.e. la conformité aux normes de qualité de base est également présentée pour les stations classées en zone piscicole, et inversement, la conformité selon les normes piscicoles est présentée pour des stations non officiellement classées).

D’autre part, le nombre limité de stations (40) présenté ici ne permet pas d’extrapoler les résultats à l’ensemble des cours d’eau wallons (± 12.000). Par exemple, pour certains paramètres comme les HAP ou les pesticides, l’interprétation est faite sur un nombre très limité de stations (en général seulement une dizaine), celles-ci étant généralement situées sur des bassins subissant les pressions les plus importantes (urbanisation, industries et agriculture – ex : les points situés dans le bassin de l’Escaut).

Aspects réglementaires

Niveau européen

Directive 76/464/CEE sur le rejet de substances dangereuses dans les milieux aquatiques, qui prévoit l’élimination ou la réduction de la pollution des eaux intérieures de surface, par des substances particulièrement dangereuses au moyen de directives «filles» fixant des valeurs limites d’émission pour certaines substances :

  • 82/176/CEE : rejets de mercure
  • 83/513/CEE : rejets de cadmium
  • 84/156/CEE : rejets de mercure
  • 84/491/CEE : rejets d’hexachlorocyclohexane
  • 86/280/CEE : rejets de tétrachlorure de carbone, de DDT, de pentachlorophénol, d’aldrines, dieldrine, endrine et isodrine
  • 88/347/CEE : rejets d’hexachlorobenzène, d’hexachlorobutadiène et de chloroforme
  • 90/415/CEE : rejets de 1,2-dichloroéthane, de trichloroéthylène de tétrachloroéthylène et de trichlorobenzène

Directive 91/271/CEE sur le traitement des eaux urbaines résiduaires

Directive 91/676/CEE sur les nitrates d’origine agricole

Niveau wallon

Arrêté royal du 4/11/87 fixant des normes de qualité de base pour les eaux du réseau hydrographique public16. Cet arrêté fixe des normes de qualité de base, établies en valeurs médianes. Ces valeurs médianes doivent être calculées sur une base annuelle, avec au moins 5 échantillonnages en un même endroit et répartis dans le temps de façon à tenir compte de différentes conditions météorologiques et climatiques.

Relation avec le PEDD

Action 20 : Développer une approche globale des cours d’eau en ce compris le problème de la qualité des eaux de surface
Action 49 : Renforcer la protection de l’écosystème « rivière»

Gestionnaire(s) des données

WYLOCK Dominique

Rédacteur(s)

DEFRISE Dominique