Description du phénomène

La présence de micropolluants dans les eaux de surface pose des problèmes de contamination des ressources destinées à la production d’eau potable et d’altération des écosystèmes aquatiques. Le risque écotoxicologique dépend à la fois des modalités d’exposition (concentration, durée) et du niveau de danger représenté par le produit considéré pour les organismes.

Le réseau de mesure de la qualité des eaux de surface en Région wallonne comporte un programme d’étude de l’écotoxicité aquatique. L’intégration de la surveillance de paramètres de toxicité dans un programme d’évaluation de la qualité des eaux (plutôt que la recherche et l’analyse systématique de composés toxiques) se justifie par la difficulté et le coût d’identification de nombreux polluants, par l’absence de données relatives au potentiel toxique de nombreuses substances, ainsi que par le fait que les tests de toxicité prennent en compte la biodisponibilité et les effets combinés de plusieurs substances.

En Région wallonne, la surveillance des rivières et bassins versants se réalise, depuis 1996 en estimant la toxicité des eaux de surface vis-à-vis de la bactérie luminescente Vibrio fischeri (système MICROTOX ®). Cette surveillance porte sur une cinquantaine de points du réseau de mesure de la qualité des eaux de surface en Région wallonne, soit 19 stations du bassin de l’Escaut, 33 stations du bassin de la Meuse et 2 stations du bassin du Rhin (contrôle 1998). Parmi ces stations, 19 correspondent à des stations sélectionnées pour les indicateurs de la qualité physico-chimique des eaux 18 (EauE7, EauE8 et EauE9). Pour chaque station les mesures de toxicité sont réalisées à la fréquence de prélèvement du réseau physico-chimique (soit 6 ou 13 fois par an suivant les points, pour un total d’environ 562 analyses en 1998).

Signification

Les résultats des analyses de toxicité peuvent s’exprimer en terme d’intensité ou en terme de fréquence :

  • l’intensité de la toxicité s’exprime au moyen de la valeur Tu20. Le critère de toxicité utilisé est la diminution de la luminescence de la bactérie Vibrio utilisée après 5, 15 et 30 minutes d’exposition de l’échantillon. Des 3 temps d’exposition, celui correspondant à la toxicité la plus élevée (Tu20) est retenu pour exprimer la toxicité finale de l’échantillon 19 ;
  • la fréquence de la toxicité prend en compte le nombre de fois où les analyses se sont révélées toxiques au cours de l’année considérée.

Il a été démontré par l’ISSeP que la corrélation entre la toxicité et certains paramètres physico-chimiques est bonne. Une analyse statistique de l’ensemble des résultats a montré une corrélation marquée de la toxicité avec la DBO5 et les détergents anioniques. Localement (analyse par station), la toxicité peut être mise en relation directe avec des polluants spécifiques (par exemple le zinc dans la Dendre à Ath).

Situation en Région wallonne

La Carte 2-7 présente pour 1998 :

  • la répartition spatiale de la toxicité aiguë par Vibrio fischeri des eaux de surface en Région wallonne en utilisant la valeur de toxicité la plus élevée (Tu20 max) pour caractériser le niveau de toxicité de chaque station,
  • la fréquence de la réponse toxique.

Carte 2-7

Les Tableaux 2-21, 2-22 et 2-23 présentent de manière synthétique les résultats de toxicité depuis 1996, pour les bassins de la Meuse, de l’Escaut et du Rhin. Ceux-ci peuvent être résumés comme suit (Tableau 2-20) :

Tableau 2-20 : Synthèse des résultats d’écotoxicité des eaux en Région wallonne, 1996-1998
Source : Ministère de la Région wallonne, DGRNE et ISSeP

Tableau 2-23 : Classification des stations du bassin du Rhin sur base de l’intensité de toxicité (TU20 maximum) et sur base de la fréquence toxique
(les stations en gras correspondent aux stations physico-chimiques de référence sélectionnées pour les indicateurs EauE7 à EauE9)
Source : Ministère de la Région wallonne, DGRNE et ISSeP

Le nombre d’épisodes toxiques relevés en 1998 (32 sur 562 analyses effectuées, soit 5,7 % répartis sur 11 stations de mesures) correspond à ce qui a été observé les années précédentes.

Bassin de la Meuse (Tableau 2-21)

Dans le bassin de la Meuse, deux épisodes faiblement toxiques ont été enregistrés en 1998 sur la Sambre à Mornimont et la Hoëgne à Pépinster. Ces deux points n’avaient jamais montré de toxicité auparavant.

Les analyses physico-chimiques montrent que la toxicité de l’échantillon de la Sambre peut être liée à la concentration en MBAS. Les indices de qualité indiquent une rivière mésoeutrophe à forte pollution organique et de mauvaise qualité physico-chimique.

Par contre, pour la Hoëgne, aucune des caractéristiques physico-chimiques de l’échantillon positif ne permet de le distinguer des autres n’ayant montré aucune toxicité. La rivière, oligotrophe, présente un indice de pollution organique faible à nul et une très bonne qualité physico-chimique.

Le Piéton à Gouy-lez-Piéton présente des épisodes toxiques depuis 1996. Les échantillons montrent une demande biochimique en oxygène et une quantité de détergents anioniques élevées.

Le Tintia à Viesville a également montré un épisode toxique en 1998.

Par rapport aux années antérieures, notons en 1998, la disparition de la toxicité :

  • aux stations de Feluy et de Courcelles sur le Canal de Charleroi,
  • aux stations de Liège et Agimont sur la Meuse,
  • à la station de Moustier sur l’Orneau,
  • à la station de Libramont, sur le Serpont,
  • à la station de Malmédy sur la Warche,
  • à la station de Thuin sur la Biesmelle,
  • à la station de Stavelot sur l’Amblève.

Tableau 2-21 : Classification des stations du bassin de la Meuse sur base de l’intensité de la toxicité (TU20 maximum) et sur base de la fréquence toxique
(les stations en gras correspondent aux stations physico-chimiques de référence sélectionnées pour les indicateurs EauE7 à EauE9)
Source : Ministère de la Région wallonne, DGRNE et ISSeP

Bassin de l’Escaut (Tableau 2-22)

Sept des onze points ayant répondu positivement aux tests d’écotoxicité effectués appartiennent au bassin de l’Escaut ; ils totalisent 78 % des épisodes toxiques.

On observe deux épisodes toxiques de classe 2 (faiblement toxique) sur l’Escaut à Bléharies et à Pottes, qu’aucune caractéristique physico-chimique ne permet d’expliquer.

Le Canal de l’Espierres, à Saint-Léger s’est montré occasionnellement toxique à très toxique.

La station d’Estaimpuis reste par contre un point toxique à extrêmement toxique en permanence. On y enregistre également des valeurs de DBO5 et des quantités en détergents anioniques très élevées.

Les autres points qui présentent des épisodes occasionnels de toxicité dans ce bassin sont la Rhosnes à Orroir (légèrement moins toxique qu’en 1997), la Haine à Hensies et la Dendre à Ath.

Notons la disparition de la toxicité à Saint Vaast sur la Haine et à Deux-Acren sur la Dendre.

Tableau 2-22 : Classification des stations du bassin de l’Escaut sur base de l’intensité de toxicité (TU20 maximum)
et sur base de la fréquence toxique (les stations en gras correspondent aux stations physico-chimiques de référence sélectionnées pour les indicateurs EauE7 à EauE9)
Source : Ministère de la Région wallonne, DGRNE et ISSeP

Bassin du Rhin (Tableau 2-23)

Tableau 2-23 : Classification des stations du bassin du Rhin sur base de l’intensité de toxicité (TU20 maximum) et sur base de la fréquence toxique
(les stations en gras correspondent aux stations physico-chimiques de référence sélectionnées pour les indicateurs EauE7 à EauE9)
Source : Ministère de la Région wallonne, DGRNE et ISSeP

Dans le bassin du Rhin, la Sûre ne montre jamais de toxicité.

Conclusion

Peu d’épisodes toxiques ont été mis en évidence en 1998 sur le réseau de mesure de la qualité des eaux de surface de la Région wallonne ; le bassin de l’Escaut présente cependant, depuis 1996, un nombre élevé d’épisodes de toxicité.

 

Lien direct avec d’autres indicateurs

EauE7 à EauE9 : Qualité physico-chimique des eaux de surface
EauP3 : Rejets industriels d’eaux usées
EauR5 : Contrats de rivière
EauR6 a,b : Collecte et épuration des eaux

Caractérisation des données

MICROTOX ® est un bon test de toxicité des eaux de surface. C’est une mesure complémentaire aux analyses physico-chimiques, il constitue un paramètre à part entière de description de la qualité des eaux de surface. L’utilisation de tests complémentaires sur les points où des incidents toxiques ont été relevés a permis à l’ISSeP de confirmer les problèmes relevés par le MICROTOX ®.

La toxicité mesurée est de type aiguë.

La qualité des résultats est appuyée par la vérification des critères de qualité de la méthode ( NVN 6516 , Microbics).

Pour exprimer l’intensité, une échelle de toxicité exprimée en 4 classes est utilisée :

Pour exprimer la fréquence, les résultats sont classés suivant une grille en 4 classes :

Aspects réglementaires

Notons également (voir tableau) :

 

Niveau européen

  • Directive 91/271/CEE sur le traitement des eaux urbaines résiduaires
  • Directive 91/414/CEE sur le marché des produits phytopharmaceutiques qui vise à conditionner l’entrée de substances dans le circuit économique à la preuve que l’utilisation de ces substances n’aura pas d’effets négatifs visibles sur le milieu naturel (en particulier le milieu aquatique)

Niveau wallon

Arrêté royal du 12 septembre 1985 déterminant les conditions sectorielles de déversement des eaux usées provenant de l’industrie du chlore dans les eaux de surface ordinaires et dans les égouts publics, modifié par l’AR du 03/02/88 (MB du 06/12/85 et du 22/03/88)

Relation avec le PEDD

Action 20 : Développer une approche globale des cours d’eau en ce compris le problème de la qualité des eaux de surface
Action 49 : Renforcer la protection de l’écosystème « rivière»

Gestionnaire(s) des données

VAN DER WIELEN Claire
WYLOCK Dominique

Rédacteur(s)

DEFRISE Dominique