Les modes de
production et de consommation qui se sont développés
dans laprès-guerre, ont entraîné une augmentation
spectaculaire des quantités de déchets produites. Longtemps,
ces déchets ont été simplement collectés
et mis en décharge dans des carrières ou vallons, sans
précautions particulières. Les problèmes de voisinage,
de pollutions et de saturation des décharges qui se sont progressivement
posés ont entraîné une prise de conscience et
lélaboration progressive dune politique de gestion
des déchets. Les grandes options de cette politique sont la
prévention, la réutilisation, le recyclage et la valorisation.
A terme, la mise en décharge ne doit plus être envisagée
que pour les déchets ultimes, cest-à-dire ceux
arrivant en bout de filière de traitements et dont il nest
plus possible de faire quoi que ce soit.
Neuf ans après
ladoption du premier plan wallon des déchets, quelle
est la situation ? Un état peut être établi à
partir des données disponibles même si celles-ci sont
parfois approximatives du fait de la diversité des filières
de production, de collecte, de tri et de traitement.
Les quantités
Selon les données
disponibles, les quantités de déchets ménagers
et industriels annuellement produites semblent sêtre plus
ou moins stabilisées au cours des deux/trois dernières
années. Les gisements oscilleraient actuellement autour de
1.600 ktonnes/an pour les déchets ménagers et 10.000
ktonnes/an pour les déchets industriels.
La quantité
de déchets dangereux augmente encore, probablement au moins
en partie parce quils sont mieux collectés et enregistrés
quauparavant. En 1998, 475 ktonnes de déchets dangereux
ont été répertoriés.
Les boues résultant
du traitement des eaux (18 ktonnes en 1999) augmentent inexorablement
avec le développement de lépuration des eaux usées.
Ces chiffres
montrent que la production de déchets reste un problème
majeur. Les mesures mises en place jusquà présent,
nont pu faire diminuer les quantités de déchets
produites et elles ne suffiraient probablement pas pour stabiliser
le gisement de déchets sil y avait une reprise économique
significative. Pour réduire les quantités de déchets,
la prévention, considérée comme un axe prioritaire
de la politique des déchets, doit nécessairement être
renforcée.
Les données
et le recul manquent encore pour juger de lefficacité
de mesures telles que les sacs payants ou les poubelles à puces,
notamment sur la composition des poubelles ou sur lapparition
deffets pervers tels que laugmentation des dépôts
sauvages ou lincinération des déchets à
domicile.
La collecte
Les collectes
sélectives sont un préalable à la mise en uvre
des filières de recyclage et de valorisation organique des
déchets. Ces opérations ne sont en effet possibles quà
partir de déchets relativement homogènes.
La collecte
des déchets ménagers a été marquée
par lavènement, à grande échelle, des collectes
sélectives soit en porte-à-porte, soit par un réseau
de parcs à containers. Les résultats sont encourageants
puisque la part de déchets collectés sélectivement
ne cesse daugmenter et a atteint 43 % en 1998 et 55 % en 1999,
ce qui est supérieur à la moyenne européenne.
En ce qui concerne ce point, lobjectif du Plan Wallon des Déchets
Horizon 2010 a été atteint plus rapidement que
prévu à lexception des collectes sélectives
de matières organiques en porte-à-porte.
Les autres déchets
(industriels, dangereux, boues de traitement des eaux) ne posent guère
de problèmes de collecte sélective car la plupart du
temps, ils sont produits dans des processus bien maîtrisés
et ils sont de mieux en mieux répertoriés.
Les traitements
Par le passé,
le recours à la mise en décharge et à lincinération
était systématique pour les déchets ménagers.
Actuellement, dautres filières de traitement sont développées
avec comme objectif, de ne plus autoriser la mise en CET directe des
déchets ménagers dici 2005 et de privilégier
le recyclage et la valorisation. Cet objectif est encore loin dêtre
atteint puisquen 1998, 37 % des déchets ménagers
(482 ktonnes) étaient encore mis directement en décharge
et 26 % (415 ktonnes) étaient incinérés tandis
quenviron 47 % entraient dans les filières de tri, recyclage
et compostage.
Le taux de valorisation
des déchets industriels provenant de lindustrie manufacturière
est, par contre, élevé puisquil atteint 86 %.
Les déchets
dangereux traités en Région wallonne sont essentiellement
valorisés (64 %) notamment comme combustible dans les fours
de cimenteries. Le reste est éliminé par traitement
physico-chimique (16 %), incinération (3 %) ou mise en CET
(16 %).
La Région
wallonne exporte pour traitement à létranger,
une partie des déchets dangereux produits sur son territoire
(94 ktonnes soit 20 %). A linverse, elle importe des déchets
des régions et pays limitrophes pour alimenter ses filières
de traitement.
Les boues dépuration
ont été jusquen 1998, essentiellement valorisées
comme amendement agricole (82 % en 1998). Plusieurs facteurs compromettent
cependant lavenir de cette filière : laugmentation
des quantités de boues produites, le renforcement des exigences
de qualité, la limitation des quantités dazotes
épandables sur les terres. Cette réduction de la valorisation
agricole se marque déjà nettement en 1999 (plus que
53 %). Les filières alternatives à lépandage
agricole et à la mise en CET nexistent cependant pas
encore en Région wallonne.
Les centres
denfouissement technique et lassainissement des dépotoirs
Les conditions
pour établir un site de déversement de déchets
ont été renforcées et une programmation à
long terme a été élaborée (plan des CET).
La réhabilitation de 822 anciens dépotoirs est en cours
(36 % réalisés). Cinq sites ont été considérés
comme prioritaires et font lobjet de traitements particuliers.
En conclusion
La gestion des
déchets a connu une amélioration notoire au cours des
dix dernières années. Les flux sont gérés
par grandes catégories et des filières de collecte et
de traitement ont été mises en place. Par rapport à
labsence de gestion environnementale qui prévalait jusque
dans les années 70, ce redressement de la situation mérite
dêtre souligné. Les efforts doivent cependant être
poursuivis pour résoudre des problèmes urgents, en particulier
:
la
mise en place dune politique de prévention efficace de
manière à réduire significativement les quantités
de déchets produites ;
le
développement des filières de recyclage et de valorisation
de manière à réduire le recours à la mise
en CET et à lincinération ;
le
traitement des boues résultant de lépuration des
eaux dont les quantités augmentent et lactuelle filière
de valorisation régresse.
Rédacteur :
HALLET Catherine