Latmosphère
terrestre est une composante fondamentale de la vie sur terre : dune
part sa teneur en oxygène permet la respiration des organismes
vivants et dautre part, de par sa composition, elle est perméable
aux rayonnements solaires bénéfiques à la vie
terrestre mais ne permet pas le transfert dautres rayonnements
néfastes (notamment une grande part des rayons ultraviolets
solaires). En outre, elle piège une grande partie du rayonnement
thermique infrarouge émis par la terre elle-même. Cet
effet de serre naturel permet
de maintenir sur terre, une température moyenne compatible
avec la vie.
Latmosphère
se décompose en différentes couches caractérisées
notamment par des profils de températures qui leur sont propres
:
- la troposphère,
où se déroulent les phénomènes météorologiques
et où, la plupart des polluants sont émis et se dispersent.
Elle sétend du sol jusquà 10 à 15
km selon la latitude. La température moyenne y décroît
progressivement de 15°C au niveau du sol à 55°C
à son sommet. On y distingue également la couche de
mélange allant du niveau du sol à quelques centaines
de mètres, caractérisée par une turbulence de
lair due à la rugosité du sol ;
- la stratosphère
sétend depuis le sommet de la troposphère jusquà
une altitude de lordre de 50 km. La température sy
accroît jusquà atteindre 0°C à 50 km
- daltitude.
La stratosphère renferme la couche dozone ;
- au-delà
de ces deux couches on distingue également, la mésosphère,
la thermosphère et lionosphère.
A elles-seules,
la troposphère et la stratosphère renferment 99 % de
la masse gazeuse et, ce sont ces deux compartiments qui sont principalement
et le plus directement le siège des perturbations liées
à lactivité humaine. Ces perturbations se caractérisent
par des échelles de temps et despace différentes.
Selon un niveau déchelle (géographique et temporel)
de plus en plus petit, on peut distinguer successivement :
- les
perturbations climatiques liées aux émissions de gaz
à effet de serre,
- la destruction
de la couche dozone liée aux émissions de substances
halogénées,
- la pollution
par des substances acidifiantes,
- la production
dozone dans la troposphère suite à certaines émissions
et à laction des rayonnements ultraviolets,
- laccumulation
de substances toxiques dans certains écosystèmes suite
à leur émission et à leur transport à
grande échelle pour certaines dentre elles,
- les
retombées locales de substances telles que poussières
ainsi que la présence de particules fines en suspension ayant
un impact sur la santé humaine.
La description
quantitative de ces perturbations, mais aussi des pressions à
lorigine de celles-ci et des réponses mises en uvre
pour réduire ces pressions est faite dans ce chapitre, au travers
dune série dindicateurs représentatifs des
différentes problématiques citées ci-dessus.
Les pressions
exercées sur léquilibre climatique de la
terre sont liées aux émissions de différents
gaz dont la propriété est dabsorber le rayonnement
infrarouge résultant de léchauffement de la surface
terrestre par lénergie solaire. Ces gaz dits à
effet de serre (dioxyde de carbone, méthane, protoxyde dazote
et autres gaz industriels) sont émis par différentes
activités humaines. Lévolution des émissions,
à la hausse dans la plupart des pays industrialisés,
devrait pourtant être ramenée à la baisse à
court et à plus long terme pour éviter que se manifestent
des changements climatiques rendant la vie sur terre de plus en plus
difficile.
Ces émissions,
leur évolution et leur répartition entre les différents
secteurs dactivité qui les génèrent sont
décrites dans lindicateur AirP1 «Emissions
de gaz à effet de serre».
Linfluence
des activités humaines sur la couche dozone stratosphérique
continue à se marquer, principalement au-dessus de lAntarctique
où un trou a commencé à apparaître au début
des années 80. De légères diminutions de son
épaisseur ont également été observées
aux latitudes moyennes. Les substances à lorigine de
cette destruction sont des substances chlorées (CFC, HCFC par
exemple) ou bromées (bromure de méthyle). Leurs émissions
au niveau mondial ont fortement diminué depuis 1988 suite au
Protocole de Montréal. Mais leur temps de résidence
dans latmosphère explique leur action destructrice longtemps
après leur émission dans latmosphère.
La description
de ce phénomène et les émissions wallonnes des
substances incriminées est réalisée au niveau
de lindicateur AirP2 «Emissions de gaz appauvrissant
la couche dozone».
Lacidification
de lenvironnement est principalement due aux retombées
liées aux émissions de trois polluants : le dioxyde
de soufre, les oxydes dazote et lammoniac. Une partie
de ces émissions retombe au sol sans modification chimique,
une autre sous forme acide. Limpact de ces retombées
se marque sur les eaux de surface et sur la végétation
et dépend à la fois des quantités déposées
mais également de la nature des sols.
Dans lensemble,
les émissions acides en Région wallonne et à
létranger ont diminué ces dernières années.
Cette évolution se marque de manière plus ou moins importante
selon le polluant et se traduit par une amélioration plus ou
moins importante de la qualité de lair. Limpact
des émissions acides sur les écosystèmes se mesure
au travers du
dépassement de seuils critiques au-delà desquels des
effets seront constatés. Ceux-ci dépendent des émissions
en Région wallonne mais également des émissions
dautres pays voisins qui traversent les frontières.
Les indicateurs
présentés dans ce chapitre et se rapportant à
lacidification caractérisent successivement :
- les pressions,
cest-à-dire les «Emissions des substances
acidifiantes» (indicateur AirP3),
- létat
ou le niveau des concentrations de ces polluants dans lair :
il sagit de lindicateur AirE1 «Qualité
de lair ambiant acidité»,
- limpact
sur les écosystèmes. Celui-ci est représenté
par lindicateur AirI2 «Dépassement
des charges critiques»,
- lune
des réponses apportées afin de réduire les pressions
(AirR1 «Accords de branche»).
Si lozone
est détruit au niveau de la stratosphère, sa concentration
au niveau de la troposphère a tendance à augmenter ces
dernières années. Cette différence sexplique
par le peu déchange chimique qui existe entre les deux
couches. Lévolution de la concentration moyenne dozone
dans couche la plus basse de latmosphère
contribuant à un renforcement de leffet de serre ,
ainsi que les épisodes de pics dozones observés
en été avec leurs effets potentiels sur la santé
, résultent dune chimie complexe faisant intervenir
des oxydes dazote, des composés organiques volatiles
mais également laction du rayonnement ultraviolet. Les
émissions de ces substances sont en diminution ces dernières
années (voir indicateur AirP4 «Emissions des
précurseurs dozone»). Toutefois, les niveaux
de ces émissions (lors des périodes estivales en particulier)
restent préoccupants et induisent des concentrations dozone
de plus en plus souvent néfastes pour la santé et pour
les écosystèmes (voir indicateur AirI1 «Dépassement
des seuils de concentration dozone troposphérique»).
Certaines substances
de nature très différente présentent la caractéristique
commune de saccumuler dans la chaîne des écosystèmes
et de présenter une toxicité importante. Cest
le cas de substances organiques persistantes regroupant un large éventail
de molécules (dont lune des familles sont les dioxines
et les furanes). Ces molécules sont émises par différentes
activités humaines. Le danger que représentent ces substances
est accentué par le fait quelles peuvent être transportées
à très grandes distances. Ce danger justifie que des
efforts soient menés pour réduire les émissions
de ces substances (voir indicateur AirP6 «Emissions
annuelles de polluants organiques persistants»).
Cest également
le cas des métaux lourds. Leurs émissions sont
décrites dans lindicateur AirP5 «Emissions
de métaux lourds» et AirE2 «Qualité
de lair métaux lourds (plomb)».
Les matières
ou particules en suspension, décrites dans les indicateurs
AirP7 «Emissions de particules fines (PM10)»
et AirE4 «Qualité de lair ambiant
particules en suspension
»,
sont des particules fines et légères qui peuvent rester
longtemps dans lair et être transportées sur de
longues distances. Du fait de leur taille et parfois de leur association
avec des éléments toxiques, elles peuvent être
nocives pour la santé humaine, en particulier pour le système
respiratoire. Une augmentation progressive des concentrations de ces
poussières est malheureusement constatée depuis le début
du siècle à léchelle de la planète.
Comment mesurer la qualité de lair ?
Plusieurs indicateurs
présentés dans ce chapitre visent à représenter
le niveau de qualité de lair que nous respirons. Selon
le type de polluant (substances acidifiantes, ozone, métaux
lourds, PM10), cette mesure de qualité suppose la mesure en
continu des concentrations. De telles mesures sont réalisées
par différents réseaux. Les caractéristiques
de chaque réseau, leur évolution en taille et en techniques
utilisées peuvent influencer lévolution des mesures.
Il faut tenir compte de cet élément dans leur analyse.
carte
1-1 Les réseaux de mesures air en région wallonne
Les concentrations
sont mesurées dans des stations appartenant à différents
réseaux de mesures. Les Réseaux Air se présentent
en 1998 de la façon suivante pour les indicateurs retenus :
- réseau
télémétrique
qui mesure en continu les concentrations en SO2, NO2, MES,
- réseau
Soufre-Fumées qui mesure les concentrations en SO2, MES,
- réseau
Métaux lourds
pour les concentrations en plomb.
Les stations
sont classées selon les critères suivants :
- type
de station (trafic, industriel ou de fond),
- type
de zone (urbain, sub-urbain, rural),
- caractérisation
de la zone (résidentielle, commerciale, industrielle, agricole,
naturelle ou combinaison de plusieurs types).
En ce qui concerne
la qualité de lair ambiant, les niveaux atteints pour
chacun des polluants (cest-à-dire les concentrations)
sont mesurés et comparés aux références
disponibles. Ces références découlent de la connaissance
scientifique des effets sur la santé (toujours en développement
pour certains polluants) et prises en compte sous forme de recommandations
de lOMS (Organisation Mondiale de la Santé) et dans la
législation européenne et wallonne sous différentes
formes telles que :
- valeurs
limites qui doivent être obligatoirement respectées
et dont le dépassement implique lélaboration de
plans de réduction visant à diminuer la pollution,
- valeurs guides
(ou cibles) qui sont indicatives,
- seuils
dinformation, seuils de protection de la santé et seuils
de protection de la végétation.
Le nombre de
stations varie dannée en année, en général
le réseau se développe. Le tableau ci-dessous présente
la situation pour 1998.
Différents
paramètres statistiques sont utilisés pour les mesures
tels que :
- la moyenne
arithmétique : somme des valeurs mesurées divisée
par le nombre de valeurs,
- la médiane
(ou P50) : valeur telle que la moitié des mesures lui soit
inférieure,
- le centile
ou percentile 98 (P98) : valeur telle que 98 % des mesures lui
soient inférieures (et par conséquent 2 % les dépassent).
Ainsi, dans le cas de valeurs journalières, le percentile 98
est la valeur qui nest dépassée que durant 7 jours
par an.
Ces paramètres
statistiques ne sont calculés que si le nombre de données
est suffisant, par rapport à la période considérée.
(Voir liste des stations de mesures des concentrations en SO2, NO2,
PM10 et Pb ci-dessous).
Comment estimer les pressions exercées sur latmosphère
?
La connaissance
des pressions et de leur évolution implique, pour lensemble
des polluants, destimer leurs émissions. Les émissions
rapportées dans ce chapitre reposent pour la plupart sur lapplication
de la méthode CORINAIR1
développée par lAgence Européenne de lEnvironnement
depuis une dizaine dannées. Cette méthode permet
détablir des inventaires des émissions dun
grand nombre de polluants atmosphériques (gaz à effet
de serre, substances acidifiantes, précurseurs de lozone,
métaux lourds,
polluants organiques persistants,
) résultant des différentes
activités réparties en 11 groupes couvrant le secteur
énergétique, lindustrie, le chauffage des logements
et des bâtiments tertiaires, les transports, le traitement des
déchets, lagriculture et lutilisation des sols
forestiers.
Ces inventaires
sont construits à partir de données relatives dune
part à des activités individualisées (Large Point
Source) et dautre part à des activités diffuses
(transports, chauffage, agriculture et certains secteurs industriels
notamment).
Dans le premier
cas, les émissions sont estimées soit sur base de mesures
de débits en cheminée qui sont éventuellement
extrapolées sur lannée, soit sur base de données
de consommations énergétiques et/ou de volumes de productions
industrielles affectées dun coefficient ou facteur démissions
issu de la méthode CORINAIR ou détudes plus spécifiques
à la situation étudiée.
Dans le second
cas, les émissions sont calculées également à
partir de facteurs démissions appliqués à
des données relatives aux consommations énergétiques
ou à une variable dactivité spécifique
du secteur étudié.
Pour le transport
en particulier, les émissions wallonnes sont calculées
à laide du modèle Myrtille2
basé sur
les formules établies dans un modèle européen
COPERT. Une version ultérieure de ce dernier est également
en cours dutilisation.
La méthode
CORINAIR et son application au fil des années a bien sûr
conduit à certaines révisions liées à
une meilleure connaissance des phénomènes et à
une plus grande maîtrise de loutil. Dautre part,
certains polluants sont encore inventoriés de manière
incertaine (les métaux lourds et les POP).
Il résulte
de ce qui précède que les données démissions
doivent être analysées avec suffisamment de précaution.
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