Description du phénomène

L’augmentation des exigences de rendements, de qualité ou de régularité des récoltes, à la fois de la part des producteurs et des consommateurs, entraîne des demandes accrues en eau du secteur agricole. On constate de manière générale en Europe une augmentation de la superficie des terres irriguées. Les prélèvements en eau touchent les eaux superficielles ou les nappes phréatiques.

Des prélèvements en eau trop élevés peuvent affaiblir les réserves des nappes (voir EauP1) ou encore compromettre l’équilibre des milieux aquatiques en rivières. En effet, l’intensité de prélèvement étant plus élevée en période estivale (croissance végétale importante), cela peut entraîner une baisse du niveau des eaux, pouvant affecter l’équilibre des milieux (assèchement des zones humides, diminution du débit d’étiage des rivières). L’impact sera bien sûr très variable selon le débit des cours d’eau ou encore les conditions pédologiques et le type de nappes phréatiques exploitées.

D’autre part, l’irrigation est le plus souvent associée à des systèmes de culture à haute valeur ajoutée (maraîchage, horticulture), utilisant de nombreux intrants (voir AgrP1a et AgrP1b).

Enfin, les modifications climatiques résultant de l’augmentation de l’effet de serre (sécheresses) (voir fiche AirP1) pourraient entraîner un accroissement de la demande d’irrigation des cultures.

Signification

Cet indicateur permet de montrer l’évolution de la superficie de terres irriguées en Région wallonne et par conséquent, permet d’évaluer si cette technique prend de l’importance et présente une menace sur les ressources hydriques.

Situation en Région wallonne

L’intensité de l’irrigation en Région wallonne est très faible : les terres irrigables, en 1997, représentaient 0,7 % de la surface agricole utile. Remarquons cependant une forte augmentation des surfaces irrigables depuis 1985, puisque leur surface a plus que décuplé en 12 ans (voir Figure 4-13).

Figure 4-13 : Evolution des superficies irrigables en Région wallonne, 1985-1997.
Source : INS.

En ce qui concerne la répartition des terres irrigables dans les régions agricoles, on constate que l’augmentation de celles-ci concerne surtout 2 régions : la région sablo-limoneuse et la région limoneuse où les cultures maraîchères sont importantes (Figure 4-14).

Figure 4-14 : Evolution des superficies irrigables avec les moyens disponibles sur l’exploitation selon les régions agricoles wallonnes, 1989-1997.
Source : INS.

Situation wallonne dans le contexte européen

En 1995, la moyenne des terres irriguées pour l’EU15 était de 9 % de la surface agricole utilisée. Le Tableau 4-3 compare l’évolution de l’intensité de l’irrigation pour quelques pays européens. On remarque que la moyenne cache des disparités importantes, certains pays comme l’Espagne ou les Pays-Bas irriguant une très large portion de la SAU. On remarque également une tendance générale à l’augmentation des terres irriguées, même dans les pays du Nord de l’Europe. (voir aussi EauP2)

Tableau 4-3 : Proportion des terres irriguées en Europe, en pourcentage de la SAU.
Source : AEE (1999).

Conclusion

L’intensité de l’irrigation en Région wallonne est faible mais ce phénomène doit être surveillé puisque la tendance générale en Europe est à l’augmentation de la superficie des terres irriguées.

 

Lien direct avec d’autres indicateurs

EauP1 : Prélèvements en eau par source et par secteur en Région wallonne

Caractérisation des données

Les données ont été obtenues auprès de l’INS (recensements agricoles au 15 mai de chaque année).

Les données collectées par l’INS se réfèrent aux installations mises en place plutôt qu’aux superficies réellement irriguées.

La donnée « superficie irrigable avec les moyens techniques disponibles sur l’exploitation » pour l’ensemble de la Région wallonne en 1997 résulte d’une estimation de l’IGEAT sur base de la proportion du territoire des régions limoneuse et sablo-limoneuse situé en Région wallonne.

Aspects réglementaires

Niveau européen

Il n’y a pas de texte légal dédié uniquement à l’irrigation mais l’utilisation de ce procédé de production a de nombreuses conséquences sur d’autres politiques (eau, nature, aménagement du territoire, ...).

Pour mémoire, citons :

  • Projet de Directive-cadre pour une politique communautaire de l’eau et autres directives concernant la qualité des eaux de surface et des eaux souterraines (voir fiches «Eau»)
  • Directive Habitat (92/43/EEC) et Convention de Berne (voir fiches «Nature»)
  • Directive Pesticides (91/414/EEC) (voir AgrP1b)
  • Directive 97/11/CE modifiant la directive 85/337/CEE concernant l’évaluation des incidences de certains projets publics et privés sur l’environnement (y compris les projets d’hydraulique agricole, comme les projets d’irrigation et de drainage de terres)

Niveau wallon

On se référera aux fiches mentionnées précédemment pour le descriptif des textes wallons en vigueur dans le domaine de l’eau, la nature et des pesticides.

Relation avec le PEDD

Cahier 6, Chap. 1 (pas d’action spécifique)

Rédacteur(s)

DEFRISE Dominique