RAPPORT SUR L'ETAT SANITAIRE DES FORETS EN REGION WALLONNE EN 1996

 

INTRODUCTION

L'inventaire phytosanitaire réalisé en 1996 en Région wallonne s'appuie sur l'observation par les Ingénieurs forestiers de 66 placettes, comportant en tout 1.532 arbres dominants ou codominants, identifiés et numérotés individuellement, soit 670 résineux et 862 feuillus; le taux de défoliation de ces arbres a été coté de 5 en 5%, et ils ont été classés dans des échelles de décoloration et de dommages combinés. Les causes identifiables de dommages ont en outre été consignées.

Les caractéristiques générales de l'inventaire sont actualisées ci-dessous:

Région concernée : Wallonie
Année : 1996
Surface forestière productive : 474.000 hectares
Surface forestière totale : 529.000 hectares
Réseau d'observation : 8 km x 8 km
Nombre de placettes observées : 66 placettes
En % du nombre théorique : 89 %
Nombre d'arbres observés : 1.532
Nombre d'arbres/placette complète : 24

Des pourcentages moyens de défoliation ont également été calculés par placette, afin de déterminer d’éventuelles relations avec des facteurs stationnels.

Les compositions des placettes se distribuent comme suit (une placette est mixte):

Composition RESINEUX FEUILLUS TOTAL
1 essence 23 4 27
2 essences 3 14 17
3 essences 3 7 10
Plus 0 11 11
TOTAL 29 36 65

Tableau 1: composition spécifique des placettes observées.

 

ANALYSE DE LA DÉFOLIATION

Les tableaux A1 et B1, en annexe, présentent les pourcentages d'arbres, dans chaque classe de défoliation, pour les principales essences (épicéa, pin sylvestre et autres résineux; hêtre, chênes sessile et pédonculé, autres feuillus).

Il est plus intéressant d'examiner l'évolution de ces répartitions depuis 1989, telle qu’elle apparaît dans les tableaux 2 et 3, respectivement pour les feuillus et les résineux.

FEUILLUS 1989 1990 1991 1992 1993 1994 1995 1996
INF 10% 66,3 62,9 62,3 54,8 75,9 70,9 66,7 68,3
10 A 25% 24,6 25,8 24,6 36,5 16,9 21,7 21,1 21,8
26 A 60% 7,5 9 10,7 8 6,2 6,7 11,4 8,9
60% ET PLUS 1,4 2,1 2,2 0,7 0,8 0,7 0,6 0,6
MORTS 0,2 0,2 0,2 0 0,2 0 0,2 0,4

Tableau 2: évolution de la défoliation des feuillus de 1989 à 1996.

 

RESINEUX 1989 1990 1991 1992 1993 1994 1995 1996
INF 10% 47,5 43 34,8 36,1 60,6 57,1 60,1 57
10 A 25% 28,5 27 28,8 38,2 17,9 22,5 21,5 20
26 A 60% 20,1 21,3 31,9 22,3 17,7 16,8 16,3 20,9
60% ET PLUS 3,9 8,4 4,5 3,2 3,6 2,9 2,1 2,1
MORTS 0 0,3 0 0,2 0,2 0,8 0 0

Tableau 3: évolution de la défoliation des résineux de 1989 à 1996

Les ventilations par classes de défoliation de 10 en 10%, de 1992 à 1995 (tableau C en annexe et figures 1 et 2), permettent de préciser ces observations.

Globalement, on peut conclure qu’en ce qui concerne la défoliation, depuis l’amélioration importante constatée en 1993, la situation fluctue annuellement dans de faibles proportions, en sens divers selon les essences. Si elle est moins favorable qu’en 1993, elle reste meilleure qu’au cours des années 1989 à 1992.

Pour les principales essences, l’évolution en trois ans apparaît au tableau suivant, qui exprime, sur base des observations de défoliation par classes de 5%, le pourcentage moyen de défoliation et le nombre d’arbres concernés. 

ESSENCES SITUATION
% DEFOL.
EN 1993
NOMBRE
SITUATION
% DEFOL.
EN 1996
NOMBRE
HÊTRE 10,8 284 11,7 290
CHÊNE SESSILE 7,3 171 8,7 171
CHÊNE PÉDONCULE 8,7 191 9,4 218
BOULEAUX 3,2 59 12,1 58
CHARME 8,1 18 13,1 27
ÉRABLE SYCOMORE 0,9 16 4,6 16
FRÊNE 0,3 18 6,3 30
MERISIER 0,5 24 10,0 26
ÉPICÉA COMMUN 14,1 522 15,5 558
PIN SYLVESTRE 24,2 76 14,9 74
DOUGLAS 5,0 46 1,6 34

Tableau 4: évolution du taux de défoliation des principales essences de 1993 à 1996.

On constate des variations limitées et généralement non significatives: légères augmentations pour les principales essences (hêtre, chênes, épicéa), diminution marquée pour le pin sylvestre. Les feuillus nobles- frêne, érable et merisier- montrent pour la première année une augmentation des taux de défoliation; ce qui peut s’expliquer par le caractère relativement exigeant de ces essences et la sécheresse de cette année.

L’examen des défoliations en relation avec des causes de dommages identifiées permet de constater que seules les causes suivantes ont été identifiées :

Causes Nombre d'arbres Défoliation moyenne en %
Gibier : 26 13
Insectes : 117 19
Agents abiotiques : 47 14

Parmi ces causes, seuls les insectes (essentiellement diverses chenilles sur chênes en 1996) semblent avoir induit des défoliations anormales; les arbres concernés représentent cependant un tiers des arbres présentant des symptômes de défoliation, soit une proportion nettement supérieure à ce qui était observé les années précédentes.

 

ANALYSE DES DÉCOLORATIONS

La comparaison des décolorations de 1989 à 1996 donne les résultats suivants:

FEUILLUS 1989 1990 1991 1992 1993 1994 1995 1996
NON DÉCOLORE 68,9 80 78,7 70,7 74 78,8 76,4 75,4
11 A 25% 25,9 16,1 17,3 23,2 19,2 17,4 18,6 17,3
26 A 60% 4,2 3,3 3,5 5,3 5,8 2,9 4,3 6,7
60% ET PLUS 1 0,6 0,5 0,8 1 0,9 0,7 0,6
RÉSINEUX 1989 1990 1991 1992 1993 1994 1995 1996
NON DÉCOLORE 70,3 61,6 58 56,1 59,7 63,3 64,5 64,2
11 A 25% 20,2 27 30 32,9 26,4 25,5 25,6 27,9
26 A 60% 6,2 8 7,2 7,7 9,1 7 7,2 5,2
60% ET PLUS 3,3 3,4 4,8 3,3 4,8 4,2 2,7 2,7

Tableau 5 : évolution de la décoloration de 1989 à 1996

L'amélioration, observée depuis 1994, se confirme en résineux, tandis qu’en feuillus la tendance s’inverse, sans être marquée.

L’examen des annexes A2 et B2 révèle le poids important des arbres de plus de 60 ans dans ces résultats. En feuillus, seuls les hêtres de plus de 60 ans présentent des décolorations supérieures à la moyenne; les autres feuillus présentent peu de symptômes.

Ainsi, comme pour la défoliation, on observe une relative stabilité, malgré les fluctuations annuelles. La sécheresse du printemps et de l’été a eu moins d’effet sur les symptômes observés que ce qu’on aurait pu attendre.

 

ANALYSE DES DOMMAGES COMBINES

Un examen plus détaillé pour les principales essences va être réalisé sur base des dommages combinés sur les arbres échantillons communs à plusieurs années, afin d’affiner les observations. Les années comparées sont 1990 (arbres présents après les tempêtes), 1992 (année pour laquelle les résultats globaux ont été les plus défavorables) et 1996.

Pour les 194 hêtres, l’évolution des classements est la suivante:

HETRE 1990 1992 1996
0 105 91 116
1 50 77 39
2 23 14 23
3 16 12 16
Total 194 194 194

Globalement, pour ces arbres, le nombre d’individus est resté le même pour les classes de dommages 2 et 3; par contre, la proportion d’arbres sains est supérieure en 96 à ce qu’elle était en 90 et surtout en 1992.

Pour les deux espèces de chênes, on obtient respectivement:

CHENE SESSILE 1990 1992 1996
0 100 101 101
1 33 32 27
2 2 0 7
3 2 4 1
MORTS 0 0 1
Total 137 137 137
CHENE PEDONCULE 1990 1992 1996
0 78 78 88
1 29 48 34
2 21 2 239
3 7 7 163
MORTS 0 0 1
Total 135 135 135

On observe une évolution très différente pour les deux espèces: le chêne pédonculé présentait des symptômes alarmants en 1990 ( 25% des individus en classes 2 ou 3), alors que le sessile était peu touché; le premier a vu sa situation s’améliorer progressivement, selon un schéma similaire à celui du hêtre, alors que le sessile a vu glisser quelques individus en classes 2 à 4. Un individu est mort en 1996, pour chacune des espèces.

Enfin, pour les autres feuillus, l’évolution est la suivante:

AUTRES FEUILLUS 1990 1992 1996
0 73 84 82
1 23 17 15
2 9 4 6
3 1 1 2
  0 0 1
Total 106 106 106

Ces essences, qui forment un groupe écologiquement peu homogène, n’ont pas suivi l’évolution générale: leur situation reste stable, avec un taux d’arbres sains plus élevé que pour les grandes essences sociales. L’examen essence par essence est malheureusement impossible, en raison du nombre réduit d’individus pour chacune d’elles.

En ce qui concerne les résineux, l’épicéa commun représente la majorité des arbres-échantillons communs, et leur évolution se présente comme suit : 

EPICEA 1990 1992 1996
0 146 115 164
1 106 151 95
2 77 68 81
3 41 36 30
Total 370 370 370

Pour cette essence également, la situation est plus favorable en 1996 qu’en 90 ou surtout qu’en 1992; même des arbres fortement endommagés ont vu leur classement s’améliorer, et le nombre d’arbres parfaitement sains est actuellement le plus élevé.

La relation avec de simples facteurs climatiques est cependant mise en doute, car la sécheresse prolongée qui a couru de juillet 95 à juillet 1996 aurait dans cette hypothèse entraîné une recrudescence de symptômes alarmants, surtout pour les essences exigeantes en eau.

 

DIVERS

Les chênes indigènes ont fait l'objet depuis 1995 d'observations approfondies, qui feront prochainement l'objet d'une synthèse; on constate de toute manière que le dépérissement du chêne relève de processus complexes, faisant intervenir des causes climatiques, biotiques, et également une méconnaissance de l'écologie des deux espèces indigènes, qui a pu entraîner un mauvais choix de l’espèce, à l'époque où les peuplements ont été installés. En 1995, certaines régions avaient connu sur les deux espèces de chênes indigènes une pullulation de chenilles d’espèces nombreuses, mais surtout de l’hibernie (Erannis defoliaria Cl.) et de la chématobie (Operophtera brumata L.). Cette invasion s’est accentuée en 1996, touchant des zones plus étendues. Dans les cas extrêmes, elle s’est même portée sur des espèces compagnes des chênes.

Dans le domaine de la santé des forêts, la Région wallonne finance actuellement diverses recherches relatives aux thèmes suivants:

Enfin, la Région a confié à l’Unité des Eaux et Forêts de l’Université Catholique de Louvain l’installation et le suivi de huit placettes de surveillance intensive des écosystèmes forestiers (règlement CEE 1091/94), installées dans des peuplements représentatifs des principales essences forestières.